Le quatuor Constanze a ouvert le festival Durosoir de Nyons avec deux concerts : Malaucène et Séguret.

Pas besoin d’être musicologue pour comprendre que le quatuor Constanze a emprunté le prénom de l’épouse de Mozart. Normal, direz-vous quand on s’est installé à Salzbourg en Autriche, pays du génie classique. On pourrait s’attendre à ce que les quatre jeunes femmes parlent l’allemand autrichien, voire l’italien, langue commune des musiciens et bien non c’est en espagnol que les échanges se font bien que Emeline Pierre Larsen, le premier violon soit française de Vendée, comme Marion Platero, le violoncelle du pays basque et qu’Esther Guttierez, le second violon est espagnol de Valladolid comme Sandra Garcia l’alto de Madrid.

Si la formation date de quatre ans, la forme actuelle est récente tout juste dix-mois. Composition hétéroclite convenons-en. Tout à une explication. Esther joue dans Sandra dans le même ensemble viennois, Sandra et Marion se sont coudoyées au conservatoire à Madrid. Marion et Emeline ont joué la fibre française en l’expatriation volontaire.

Emeline confie que si le quatuor perdure il ne pourra qu’être composé d’instrumentistes féminins : « Ce serait normal avec notre nom. »

Quatre filles c’est plus simple que quatre garçons

A la question s’il n’y a pas de tiraillements, toutes répondent que c’est beaucoup plus simple qu’entre garçons : « On a des exemples de formations masculines et ça ne va pas si bien que ça. Nous, c’est simple. C’est vrai qu’un ensemble comme le nôtre,  c’est un mariage à quatre alors avant qu’il n’y ait des tensions, nous nous disons les choses et puis nous prenons des décisions collectives. Et puis nous avons une idée à peu près commune de ce que nous voulons faire.  »

Pas question alors que les compagnons s’immiscent dans la vie du quatuor et il y a acception tacite que membre puisse évoluer ailleurs. « C’est bien pour l’équilibre, même si le quatuor prend beaucoup de temps. Je sais que j’ai refusé des contrats pour ne pas me disperser », raconte Emeline.

Quand on leur dit la chance d’évoluer dans la capitale de la musique, les filles modèrent : « C’est vrai qu’on trouve des concerts partout, mais en fait les niveaux sont inégaux. Le très bon niveau c’est très cher, on ne peut même pas y assister. Les autres, c’est  pour les touristes. »

Pour l’occasion, et à chaque artiste participant, le quatuor était invité à jouer une pièce de Lucien Durosoir, violoniste virtuose  avant le Première Guerre mondiale devenu un compositeur discret jusqu’à sa mort, puisque ses partitions ont été découvertes 50 ans après son décès.

Constanze a choisi le quatuor n°1 écrit en 1920. Pour Marion, la violoncelliste, c’est une chance : « On a une forme de liberté car on n’a pas d’influence. On va le rentrer au répertoire. Sans doute dans les bis pour le faire découvrir. On essaie de faire découvrir d’autres musiques. » Tout en martelant les difficultés de jouer ce type de répertoire en Autriche : « Les Autrichiens sont chauvins voire suspicieux en égard les étrangers, même européens. Mais on va finir s’imposer.»

Il existe bien une face cachée à ce bel ensemble. Emeline sourit et répond : « On est un quatuor féminin, mais on n’est pas féministe. Il ne faut pas confondre. »

Ceci est dit.

Propos recueillis par Bruno ALBERRO

 

En bref : Le quatuor Constanze a enregistré son premier CD. Il sortira à la fin de l’année.

Le festival Durosoir se poursuit les vendredi 24 à 21 heures et dimanche 26 août à 16 heures avec la pianiste Olga Kirpicheva et la violoniste Vera Lopatina.

Réservation à durosoir.megep@wanadoo.fr