On a beau vivre depuis cinq ans en France, on ne perd pas son âme, surtout quand elle est slave. La pianiste russe Olga Kirpicheva est de cette trempe. Dans le cadre du festival Lucien Durosoir, elle sera en récital à l’église Saint-Michel à Nyons le vendredi 24 août à 21 heures et le dimanche 26 août à 16 heures en concert avec sa complice la violoniste Vera Lopatina.

L’âme slave existe bien, du moins la pianiste Olga Kirpicheva la personnifie, elle qui sera en récital à Nyons le vendredi 24 août et en duo avec la violoniste Vera Lopatina  le dimanche 26 août. Elle est invitée au festival Lucien Durosoir. Un rendez-vous qui l’émeut et lui permet de jouer une littérature à découvrir ; puisque le violoniste virtuose qui régnait sur les scènes internationales avant la Première Guerre mondiale s’est mis à composer en toute discrétion au retour du conflit.

La pianiste Olga Kirpicheva est invitée au festival Durosoir à Nyons.

La pianiste Olga Kirpicheva est invitée au festival Durosoir à Nyons.

Cinquante ans après sa mort, en 1955, les enfants ont découvert une malle de partitions dans le grenier familial, aucune n’avait été jouée du vivant de leur père. Une richesse nouvelle pour une interprète comme Olga Kirpicheva: « C’est très inspirant de pouvoir discuter avec la famille du compositeur. Et aborder un nouveau compositeur ne peut être qu’enrichissant. Surtout, l’écriture de Lucien Durosoir est très développée et très technique. Comme c’est enrichissant de jouer dans différentes formes que ce soit avec le trio Medici (NDLR: fondé en 2013), en duo avec Vera Lopatina, en soliste ou pour accompagner des chanteurs.»
Quand on connaît le niveau pianistique des écoles russes, on pourrait s’étonner de savoir Olga Kirpicheva installée en France : « Ce n’est pas paradoxal puisque j’aime la musique française et que je suis attirée par cette culture. Quand je lisais Tolstoi  il y avait de longues pages en français au milieu des pages russes. Le lien entre la France et la Russie est resté très fort. Et maintenant je peux lire Anna Karenine en français, en entier. Pour moi, c’est très bien de pouvoir le faire. Comme toute la culture russe, le livre n’est pas très joyeux.»
Sur le plan musical, Olga Kirpicheva s’autorise quelques appréciations entre les deux écoles qui l’ont formée : « Je trouve que le piano français a plus de couleurs et plus de nuances avec des parties très légères. Les Russes écrivent des grands accords et des phrases longues. On ressent la différence en comparant Ravel et Rachmaninov. »
Alors, c’est quoi l’âme slave, serait-on tenté de lui demander ? Olga Kirpicheva en livre sa définition : « C’est une forme de mélancolie, on parle de nos souffrances. On entend cette tristesse chez tous les compositeurs. »
Elle-même le vit et dès qu’elle le peut, Olga Kirpicheva séjourne dans sa ville natale de Togliatti, une ville portuaire au bord de la Volga : « J’ai même donné un concert cet été. J’ai besoin d’y retourner. »

Bruno ALBERRO

 

Au programme: Au récital du vendredi 24 août à 21 heures à l’église Saint-Michel à Nyons Olga Kirpicheva a mis à son programme Le Carnaval de Vienne de Schumann, les Études transcendantales de Liszt et Islamey de Balakirev, d’une grande difficulté d’interprétation au point que Ravel a écrit Scarbo pour défier Balakirev en virtuosité.
Dimanche 24 août à 16 heures, Vera Lopatina et Olga Kirpicheva donneront trois sonates pour violon et piano signées e : Claude Debussy, Lucien Durosoir et Richard Strauss.

Renseignement à www.nyons.com Billetterie sur place 1/2 heure avant le concert

La vidéo d’Olga Kirpicheva