L’Opéra de Toulon ouvre sa saison lyrique le vendredi 5 octobre avec Rigoletto, le premier des trois opéras populaires de Verdi. La mise en scène a été confiée à la Vénitienne Elena Barbalich. L’ouvrage sera dirigé par Daniel Montané devant l’Orchestre et les chœurs de l’opéra de Toulon. La réalisatrice s’est replongée dans la pièce « Le Roi s’amuse » de Victor-Hugo qui avait inspiré le compositeur italien en 1851.

« Je tiens compte du texte et je me dis que je le lis pour la première fois », explique Elena Barbalich. La Vénitienne réalise Rigoletto de Verdi pour l’Opéra de Toulon qui sera donné les 5, 7 et 9 octobre. Après avoir dirigé deux créations à Paris et plusieurs en Espagne, c’est la première fois qu’Elena Barbalich prend ses quartiers dans le port méditerranéen : « Je sais bien que c’est un des opéras les plus donnés dans le monde. Mais les personnages sont complexes aussi, ils laissent une part d’interprétation. »
En disséquant le livret mis en musique par Verdi, et en le comparant au texte de Victor Hugo, elle en extrait des éléments d’explication et de compréhension : « A un moment Rigoletto parle de Clément Marot. On a dû mal à comprendre pourquoi il cite ce poète, alors que c’est plus compréhensible chez Hugo. Pour moi, c’est fondamental d’aller à la source originale d’un ouvrage.»
Elle estime que l’opéra a besoin de se renouveler, que c’est le véritable défi : « C’est en train de se produire avec de nouveaux regards sur l’œuvre, mais je ne suis pas favorable aux mises en scène qui s’écartent de l’histoire. »
Si d’aucuns dans Rigoletto s’apitoient sur le sort de Gilda pour son amour envers le volage Duc de Mantoue, Elena Barbalich retient la méchanceté de Rigoletto son père : « C’est une méchante personne, il intrigue avec les puissants, fait condamner à son gré untel ou untel ; il prend les gens comme des objets. En fait, dans cet opéra, tout le monde est victime, Rigoletto suit une trame sadomasochiste.»
Pour la metteur en scène, Rigoletto est intemporel : « Depuis toujours, auprès des puissants il y a des intrigants, des éminences grises. Le bouffon ou les courtisans d’hier ou le conseiller d’aujourd’hui est là pour que les puissants puissent se libérer des règles. On le voit encore avec les dernières affaires autour du président français. »
Après Toulon, Elena Barbalich est attendue à la Fenice de Venise pour monter « Il sogno di Scipione », un opéra en un acte de Mozart. Une occasion de revenir dans sa ville, mais aussi d’évoquer la situation de la culture en Italie : « Aujourd’hui, c’est un gros problème, il n’y a plus d’argent. Les théâtres sont dans une situation pénible. Les grandes maisons comme la Scala de Milan ou la Fenice s’en sortent. A Naples, je devais avoir une production et elle a été annulée au dernier moment. En Italie, quand il y a des difficultés, c’est la culture qui est la première touchée. En France, c’est différent. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Alessia Santambrogio

En bref : L’Opéra de Toulon présente Rigoletto, opéra de Verdi les vendredi 5, dimanche 7 et mardi 9 octobre. La direction musicale revient à Daniel Montané, la mise en scène à Elena Barbalich, les décors & costumes sont imaginés par Tommaso Lagattolla et les lumières seront réalisés par Fiammetta Baldiserri. On pourra entendre la Gilda  de Mihaela Marcu, la Maddalena  de Sarah Laulan, le Rigoletto de Francesco Landolfi, Marco Ciaponi en Duc de Mantoue ou Dario Russo en Sparafucile. Nona Javakhidze, Alice Ferrière,Nika Guliashvili, Vincent Ordonneau, Mikhael Piccone et  Federico Benetti complètent l’affiche.

Renseignement au 04 94 92 70 78, du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 (sauf jours fériés) ou par téléphone du mardi au samedi de 14h à 18h. Par Internet à l’Opéra de Toulon