En 2016, Albane Carrère était à l’affiche à l’Opéra du Grand-Avignon où elle chantait Mercedes dans « Carmen » de Bizet, elle évoque sa première expérience en Italie où elle a chanté à Trieste dans les Puritains de Bellini au Théâtre Verdi.

Albane Carrère répète le rôle de Chérubin dans « Les Noces de Figaro » de Mozart affiché à l’Opéra-Confluence d’Avignon les 21 et 23 octobre. Elle donne rendez-vous dans un café à quelques pas de son logement où elle prend ses habitudes, même si elle ne séjournera que quelques semaines dans la cité des papes. Née en Autriche, chez Mozart, formé à Bruxelles pays de César Franck, sa vie de saltimbanque a aussi besoin de repères.
Elle a en d’autres, comme son amie Géraldine qu’elle n’a pas quittée depuis qu’elles se sont tenues la main dans la cour d’école : « Nous nous sommes connues à Bruxelles, nous avions trois ans. Quand on se retrouve, on ne parle pas de musique mais de la vie. Je sais tout d’elle et elle sait tout de moi. Au début elle était graphiste, maintenant elle a un travail dans la publicité pour une banque.»
Si comme certains artistes lyriques en perpétuel mouvement souffrent de la solitude, Albane Carrère s’en nourrit, elle ajoute que ça lui donne envie de s’enrichir : « Il ne faut pas confondre solitude et isolement, et je suis solitaire. Dans une production on n’est pas seule, on est au sein d’un groupe. Et je ne suis pas seule, j’ai une famille et des gens qui me sont chers.»

Albane Carrère, mezzo chantera dans Les Noces de Figaro à Avignon

Albane Carrère, mezzo chantera le rôle travesti de Cherubin dans Les Noces de Figaro à Avignon.

Au quotidien, à regarder autour de nous, on peut imaginer les jeunes artistes hyper-connectés, changez d’avis avec Albane Carrère : « Non, ce n’est pas mon truc. J’ai une page Facebook, mais je ne m’en sers que si j’ai quelque chose à dire d’important, que le positif. Etre sur les réseaux sociaux, ça prend trop de temps. La promotion, la communication, ce n’est pas selon moi du rôle de l’artiste, mais celui des agents et des maisons qui nous reçoivent. Un artiste n’est pas un commercial.»
Jeune chanteuse lyrique, elle pose un regard sur l’évolution de son univers opératique : « On peut penser que l’opéra doit être modernisé, pour cela il faut laisser la place à de nouvelles créations. Plus que la mise en scène, je pense qu’il est nécessaire qu’il y ait une vraie direction d’acteurs avec des situations qui respectent la voix. Le chanteur doit avoir une capacité de déplacement, pour que ça fasse naturel et non sur-joué. Tout doit être en harmonie. En cela, les metteurs en scène de théâtre peuvent apporter un nouveau souffle à l’opéra. Car même en bougeant, il ne faut pas oublier que la voix porte aussi les sentiments. Par sa seule présence et par sa voix, Pavarotti donnait l’impression de bouger sur scène. Tout le corps parle et donne sens. Le public peut comprendre des gestes simples, sans les exagérer ou les rendre suffisants.»

Albane Carrère, mezzo chantera dans Les Noces de Figaro à Avignon

Albane Carrère chantera le Sabat mater de Pergolese sous la direction de Debora Waldman

On pourrait penser qu’Albane Carrère défende le jeunisme qui s’étend dans tous les arts, sans épargner l’opéra : « Je lutte contre ce phénomène actuel. Ce n’est pas important d’avoir des jeunes sur scène. Un jeune est synonyme de fraîcheur et la fraîcheur est éphémère. Il n’y a pas d’âge en réalité. La voix est comme le bon vin, elle se façonne avec le temps et elle devient plus intéressante avec les années. Comme j’essaie de grandir, je n’aime pas me laisser influencer par ce courant-là.»
Albane Carrère assure qu’elle se plaît bien dans sa tessiture : « J’aime ces rôles-là. Je ne sais pas comment va évoluer ma voix, peut-être vers les sopranos puisque je suis un mezzo aigu. J’aime bien les rôles que nous a écrit Massenet par exemple. Et mon souhait est d’incarner Charlotte dans Werther de Jules Massenet. »
Avec Kaufmann ou Alagna comme partenaire ? « Ça, ce serait le rêve », sourit-elle.

Une première expérience italienne

Albane Carrère en production à Trieste Photo crédit Enrichetta di Francia

Albane Carrère en production à Trieste. Photo crédit Enrichetta di Francia

En attendant Albane Carrère revient d’Italie de Trieste où elle a chanté dans les Puritains de Bellini. Une première expérience que le mezzo aimerait renouveler : « Je rêvais de chanter en Italie et en plus dans une ville aussi belle que Trieste où des loges on voit la mer. J’habitais dans la vieille ville à cinq minutes à pied du théâtre.»

Elle retient de ce séjour transalpin une autre approche de son métier : « On travaille beaucoup le côté vocal, comme je l’ai vécu avec le chef Fabrizio Maria Carminati. L’émotion doit passer par la voix. Le public aussi semble connaisseur et aime les voix. D’ailleurs pour la production on nous demandait d’être devant la scène, comme si la mise en scène était minorée. Nous avons eu un travail presque personnel avec le chef. Pourtant le temps de répétition et la densité n’était pas plus importante.»

Joie non dissimulée, Albane Carrère sera à nouveau à l’affiche en avril et mai prochain à Trieste. On pourrait s’étonner qu’elle ne connaisse sa date si tardivement : « Les théâtres ne fonctionnent pas quand en France où on connaît les productions deux saisons à l’avance.»

Si l’Italie des opéras connaît des difficultés, Albane Carrère s’était renseignée avant de s’engager : « Trieste fait partie des opéras sérieux. Mais cette maison paye les artistes, même avec du retard. On sera payé dans trois mois. En France, on est payé tout de suite.»

Malgré ce désagrément pécuniaire, Albane Carrère souhaite que cette expérience se poursuive ou pour reprendre son expression : «Que cette première production fasse aussi des petits.»

Bruno ALBERRO

 

Une vidéo d’Albane Carrère

Où entendre Albane Carrère ?

  • A compter du 11 décembre en tournée de concerts au Bahrein
  • ​Le 20 décembre en Concert Offenbach avec l’Ensemble Contraste au Théâtre de Coulommiers ;
  • Le 13 janvier 2019 dans « L’Heure Espagnole » de Ravel avec Musical Guest à l’Espace Miramar à Cannes ;​
  • Le 17 janvier dans Les Nuits d’Eté de Berlioz avec l’Orchestre Lamoureux sous la direction de Benjamin Levy au Théâtre des Champs-Elysées à Paris ;
  • ​Le 25 janvier dans La Damnation de Faust de Berlioz (rôle de Marguerite) avec Miroirs Etendus, dans la salle « Le Phénix » à Valenciennes ;
  • ​Le 31 janvier en Concert Schubert/Fafchamps avec le quatuor Alfama à la Philharmonie de Liège ;
  • Le 12 mars dans Le Cosmicomiche de Michèle Reverdy avec Présences Féminines sous la direction de Léo Warynski à l’Opéra de Toulon ;
  • Le 26 mars dans le Stabat Mater de Pergolèse et Salve Regina de  Scarlatti avec Magali Léger et l’Ensemble Idomeneo sous la direction de Debora Waldman à la Philharmonie de Paris ;
  • Le 28 mars dans La Damnation de Faust de Berlioz (rôle de Marguerite) avec Miroirs Etendus à l’Espace Malraux au Théâtre Charles Dullin de Chambéry ;​
  • Du 17 au 26 mai dans Andrea Chenier de Umberto Giordano au Théâtre Verdi de Trieste ; 
  • Le 5 juin en Concert « Les Salons de La Mélodie », accompagnée au piano par Jean-Pierre Moemars à  Bruxelles ;
  • ​Le 11 juin en concert pour la sortie du du Cd Scubert/Fafchamps avec le quatuor Alfama au studio Flagey à Bruxelles.

Renseignement à Albane Carrère