Samuel Jean est Premier chef invité de l’Orchestre régional Avignon-Provence. Il est venu à la direction sur le tard après avoir été pianiste de concert, ou accompagnateur de chanteur lyrique. Il défend une idée de la musique en cherchant sa propre voie. Le maestro donne rendez-vous au public samedi 27 octobre pour la Semaine italienne en Avignon.

Dans la famille de Samuel Jean, ses parents ne jouaient pas de musique, comme dans sa famille proche d’ailleurs. Le Premier chef invité de l’Orchestre régional Avignon-Provence se présente comme un bénéficiaire de l’ère Landowski, le directeur de la musique d’André Malraux, ministre de la Culture. Il précise qu’enfant, il a découvert Chopin sur cassettes : « Ça m’a ouvert un monde incroyable.» Même si ça le titillait depuis l’enfance, Samuel Jean était resté sur l’idée populaire qu’un chef était capable de jouer cinq ou six instruments : « Quand vos parents vous disent ça, on les croit. »
Il raconte avoir commencé par le piano et ce n’est que vers trente ans qu’il s’est destiné à tenir la baguette : « Je n’ai pas délaissé le piano, je m’entretiens. »
A sa formation de pianiste, Samuel Jean a ajouté celle de chef de chœur, ce qui explique son intérêt particulier pour la direction d’opéras. Il ajoute que le physique du directeur a aussi une influence que l’ensemble : « C’est le chef qui fait le son et il sera différent devant un chef de 80 kg ou de 60 kg. La gestique aussi influence le son.» Comme chef invité, il dit apprécier ce travail avec l’Orchestre sur le long terme : « Il y a beaucoup de choses qui ont changé. On donne aux musiciens son idée et ses intentions d’une partition et ensuite il faut travailler au cours des répétitions. Quatre-vingt-dix pour cent du travail ce fait pendant les répétitions. Il faut dialoguer avec les musiciens, il est important d’avoir l’adhésion des contrebasses et des timbales car elle constituent le socle de l’ensemble et ensuite il faut continuer de travailler jusqu’à obtenir ce que l’on a envie d’entendre. C’est ainsi que ce crée une relation forte entre le chef et l’orchestre. »

Samuel Jean Premier chef invité de l'Orchestre régional Avignon-Provence

Samuel Jean Premier chef invité de l’Orchestre régional Avignon-Provence dirigera un concert Beethoven à l’Opéra-Confluence

Lui-même va d’ailleurs se produire à nouveau en public dans le cadre de « L’Orchestre s’éclate en ville », une manifestation qui s’étendra du 6 au 20 novembre dans la Cité papale : « Il est important aussi que l’ensemble se divise en trio, quatuor ou quintette et va à la rencontre de son public autrement qu’en orchestre constitué et de jouer dans d’autres lieux. C’est une façon pour les musiciens d’être les ambassadeurs de leur orchestre.»
Si beaucoup de maisons d’opéra et des phalanges musicales conduisent des actions auprès des jeunes publics, Samuel Jean pense, lui, que des efforts sont à faire : « Le plus souvent, les jeunes ne savent pas qu’ils aiment la musique classique. Je crois aussi que le lien est à nouer avec l’Education nationale. On le voit avec les musiques de film. La plupart des jeunes ne se doutent pas que c’est de la musique classique. Mais je crois surtout qu’il faut aller chercher les 30-50 ans. Ce public écoute volontiers cette musique, mais il faut lui donner le réflexe d’acheter un billet de concert. Et je suis favorable à la mixité des publics. Bien sûr, il y aura toujours une frange de population élitiste qui veut s’approprier la musique savante. »
Ce qu’il pourrait regretter, ce sont ce qu’il appelle les spécialistes présents dans les salles de concert : « C’est surtout le rapport entre l’enregistrement et le live et ceux qui viennent réentendre le disque qu’ils ont chez eux. C’est encore plus le cas à l’opéra où on veut retrouver des voix. Sur un enregistrement, les micros sont plus près des artistes, alors que dans une salle il y a l’orchestre entre les chanteurs et le public. Et même en cherchant en permanence l’équilibre, le public trouve que l’orchestre joue trop fort. »
Samuel Jean dit aimer diriger les compositeurs vivants, voire contemporains : « Je préfère un langage abordable, j’ai plus de mal avec la musique sérielle ou dodécaphonique. Elle a le mérite d’exister. Je la considère plus comme un laboratoire. Pour le coup, elle s’adresse à une forme d’élite. Ce n’est pas ce que je recherche à jouer. »
Quant à l’expression de la musique baroque, il estime qu’il existe trop d’ensembles baroqueux : « C’est totalement délirant, je suis étonné qu’il y en ait autant. »

Bruno ALBERRO

 

Les prochaines dates de L’Orchestre régional Avignon-Provence

  • Le samedi 27 octobre à 17 heures à la salle des fêtes de la mairie d’Avignon. Au programme « Ouverture » de L’Italienne à Alger et de Crisantemi de Gioachino Rossini ;  Ouverture dans un style italien D 591 de Franz Schubert ;  Symphonie n°4 « L’italienne »  de Felix Mendelssohn.  
  • Du 6 au 20 novembre, quinze concerts dans le cadre de l’Orchestre s’éclate en ville.
  • Le vendredi 16 novembre à 20h30 à l’Opéra-Confluence concert symphonique « Beethoven, génie universel » sous la direction de Samuel Jean. Au programme l’Ouverture de Coriolan ; le Concerto n°3 pour piano et orchestre avec le pianiste Bruno-Leonardo Gelber et la Symphonie n°8 en fa majeur op.93.
  • Le 22 novembre à 20 heures au Théâtre des Halles à Avignon Musique et poésie. Direction, Samuel Jean et Récitant, Rabah Mehdaoui. Au programme Ballet de cour – Pavane et Saltarelle deGabriel Pierné ; An old song de Peter Warlock ; L’Arlésienne (adagietto) de Georges Bizet ; la Symphonie n°3 (poco allegretto) de Johannes Brahms ; Danses concertantes (1 et 5) d’Igor Stravinski ; Symphonie n°4 (andante con moto) de Félix Mendelssohn; sur des textes de Jacques Prévert, Charles Baudelaire, Victor Hogo, Benjamin Fondane, Mahmoud Darwich.