« Petit, Moyen, Grand », création de Jean-Michel Fournereau, sera donnée les 29 et 30 novembre 2018 au théâtre d’Auray avec Julie Mathavet  dans le rôle de Catharsis. le soprano a fondé la compagnie « Opéra Bastide » pour répondre à ses projets lyriques, pour cela elle a dû écarter l’ambition de chanter dans les lieux les plus prestigieux. Le soprano conçoit deux formes opératiques, la plus traditionnelle ou aller vers la création. Elle a choisi en préférant défendre des formes plus contemporaines et des concepts innovants.

La jeune carrière de Julie Mathavet avait bien commencé : l’Opéra Garnier à Paris ou le théâtre de la Monnaie à Bruxelles l’ont invitée souvent. Cette voie mène à faire le tour de la terre pour monter sur les planches les plus prestigieuses.

Il est vrai qu’elle a commencé tôt, née dans une famille où on aimait écouter les airs d’opéra, ce qui l’a conduite dès l’enfance à rejoindre la maîtrise de l’Opéra de Lyon. On pourrait penser que l’art lyrique n’est pas ce qu’on écoute le plus entre la petite enfance et la grande adolescence, sauf quand le terreau est fertile et que la graine a envie de pousser : « Nous habitions un quartier où nous étions plutôt baba cool, on s’habillait en fripes et en guenilles. Dire que j’aimais l’opéra n’était pas tabou.»

Depuis, Julie Mathavet a pris un autre chemin de traverse, celui de défendre la création et de fonder Opéra Bastide pour aller vers d’autres univers lyriques, totalement repensés : « Ce sont les deux aspects de l’opéra. Un versant plus folklorique ou plus traditionnel et un autre vers la nouveauté et y attirer un autre public. Je n’avais pas envie de chanter que quelques rôles dans les grandes salles. De ça j’en ai rêvé quand j’avais 18 ans. Et je l’ai vécu aussi en chantant à Sydney, New York, même si ce n’était pas au Metropolitan. Mais par contre j’aimerai bien être invitée au musée d’Orsay à Paris ou aux Bouffes du Nord à Lille. Ce qui m’intéresse maintenant c’est de défendre des projets. Comme à la Monnaie quand on a adapté un CD de Bjork, chanté par des enfants. »

Ce qu’elle aime c’est aller à la découverte et à la rencontre d’autres ouvrages : « C’est un peu comme entrer dans un musée d’art contemporain : on ne sait pas ce qui va se passer. A l’opéra, c’est pareil au bout d’un certain temps le public décroche et seule reste la voix. On n’écoute plus les mots et il n’y a que ce qu’on ressent. »

Il reste le problème de la diffusion, et que les créations vivent dans le temps sous d’autres cieux. Pour elle c’est une question d’équilibre de moyens financiers : « Je ne dirais pas qu’il n’y a pas assez de moyens pour la culture, mais il y a un gros déséquilibre entre les structures importantes et les petites compagnies. »

Le soprano Julie Mathevet

Julie Mathevet rêve de chanter au musée d’Orsay.

Même si elle marche en parallèle des circuits normaux des distributions, Julie Mathavet n’a pas la phobie du téléphone qui cesse de sonner des appels des agents ou des maisons d’opéra et faire une proposition : « Depuis que je suis maman (NDLR :deux enfants un de trois ans et un de sept mois) j’ai d’autres envies. Je reçois des propositions comme des concerts. Les récitals permettent d’interpréter des mélodies qui nous touchent. Et puis, ça dure moins longtemps, et si j’ai une production de plusieurs jours alors il faut prendre les enfants sous le bras. Il y a des artistes qui habitent près de leurs parents justement pour les aider en cas de départ de trois ou quatre semaines. La vie nécessite des arrangements. Et puis si je n’ai rien, eh bien ! je prends des initiatives. »

Comme tous les parents, Julie Mathavet s’accommode de ses deux vies. Elle présente une de ses habituelles journées qui filent à toute vitesse entre la partie administrative de la compagnie, le travail du texte des créations, des répétitions vocales qui dure une heure à une heure et demie, sans oublier les trajets aller-retour avec les enfants.

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Céline Nieszawer

La vidéo de Julie Mathevet

 

le soprano Julie Mathevet a fondé Opéra Bastide

le soprano Julie Mathevet a fondé Opéra Bastide

Où entendre Julie Mathavet ?

« Petit, Moyen, Grand », création de Jean-Michel Fournereau, elle chantera dans le rôle de Catharsis les 29 et 30 novembre 2018 au théâtre d’Auray ; les 9 et 10 décembre, théâtre d’Auxerre ; le 13 décembre au théâtre de Landerneau ;

« Ariadne auf Naxos », chantera le rôle de Naïade,  avec le Cleveland Orchestra à Cleveland, sous la de direction Franz Welser-Möst à la fin du mois de janvier 2019.

« Prisoner of the State », chantera dans une création de D.Lang, avec  le New York Philharmonic Orchestra, au Lincoln Center, Julie Mathevet  tiendra le rôle principal sous la direction de Jaap Van Zweden les 6 et 8 juin 2019.

 

L’opéra Bastide en bref :

Fondée en 2005 sous l’impulsion de jeunes chanteurs du Conservatoire de Bordeaux et de leur professeur Lionel Sarrazin, la compagnie Opéra Bastide se présente comme un espace de création où le métier s’apprend sur la scène en relation avec le public, hors cadre institutionnel. Ce la nécessite un engagement total de la conception du spectacle jusqu’à sa réalisation. Beaucoup de chanteurs passés par l’Opéra Bastide suivent maintenant une carrière personnelle : les soprani Aurélie Ligerot ou Julie Mathevet ; les mezzos Aude Extrémo et Romie Estèves ; les ténors Stanislas de Barbeyrac et Thomas Bettinger ou le baryton Philippe Estèphe.