1869-2019, les Chorégies d’Orange préparent  ses 150 ans qui sonneront l’été prochain. Le soprano belge Jodie Devos sera de la fête dans « Guillaume Tell » de Rossini, donné au théâtre antique le 12 juillet.

Quand les Chorégies d’Orange ont appelé le soprano belge, Jodie Devos, l’émotion de la Traviata de Verdi de 2009 avec Patrizia Ciofi et Vittorio Grigolo, qu’elle avait vue à la télévision, est remontée : « J’étais sur mon canapé à regarder la retransmission depuis le théâtre antique. Je me suis sentie complètement happée par cet opéra. » L’an prochain, pour les 150 ans du festival lyrique, Jodie Devos foulera la scène romaine dans le rôle de Jemmy, personnage de Guillaume Tell de Rossini qui est à l’affiche le vendredi 12 juillet : « C’est un beau rôle pour un soprano léger. Je ne sais pas si j’aurais accepté n’importe quel rôle. Et puis à y réfléchir un peu plus, je me dis que si, car les occasions ne se renouvellent pas forcément. Et c’est un lieu particulier qui ne se refuse pas.»
Elle cite d’autres scènes où elle aimerait être invitée : « J’avoue que c’est un plaisir égoïste et ce n’est pas pour ajouter une ligne à un CV. Les Chorégies, la Scala, l’Opéra Garnier, Vienne… on entre dans une salle chargée d’histoire. Cette histoire est perceptible. On ressent quelque chose de particulier. A Monte-Carlo, je me dis que Ravel était là pour sa création de l’Enfant et les sortilèges. Ça me fait la même chose quand je vais dans des villes comme Paris ou Berlin. »
Jodie Devos n’oublie pas que sans talent le succès est difficile, mais que sans travail, le talent s’émousse : « Je suis une folle de la technique vocale et je sais que j’ai une belle marge de progression. Je n’aimerais pas faire une carrière avec quatre ou cinq rôles. C’est pour ça que je m’intéresse aux opéras oubliés. C’est peut-être une façon de moins souffrir des comparaisons. Quand on chante l’air de la Reine de la nuit, c’est évident que le public mais aussi les critiques ne manquent de comparer avec les chanteuses qui me précèdent. Maintenant, pour ne pas souffrir de la comparaison on peut toujours se dire que chaque chanteur peut apporter quelque chose de différent. Les rôles des opéras oubliés, au moins, il n’y a pas ou très peu de références.»
L’air de la Reine de la Nuit de la Flûte enchantée de Mozart est le seul opéra qu’elle a chanté dans deux productions différentes : « C’est vrai qu’on aimerait à chaque fois se retrouver devant une feuille blanche et devoir tout écrire. Mais ce n’est pas possible, le corps a une mémoire et il a intégré une position physique. »
Jodie Devos se dit consciente que le monde lyrique a changé et que l’artiste sur scène doit être parfait : « Quand on demande d’interpréter certains rôles à trente ans, je réponds que c’est impossible. C’est un appel à la tolérance pour le public ou les critiques Je me souviens que Diana Damrau disait que sa meilleure forme vocale est venue à 36 ans. Il faut que les directeurs ou les agents comprennent qu’il faut laisser le temps, le chemin est long si on veut tenir une carrière pendant 20 ou 25 ans. Je sais que je serais meilleure dans cinq ans. La voix est comme le bon vin, elle se bonifie avec les années. Ce que j’apprécie avec l’Opéra de Liège, il m’invite tous les ans jusqu’en 2022, dans des rôles différents. Je trouve que c’est un investissement que l’Opéra fait, ça fait un peu esprit de troupe. Je trouve aussi que cette façon de faire est formatrice et que ça nous donne confiance. C’est de confiance dont nous avons le plus besoin. Si on commence à se poser des questions, ça devient plus difficile sur scène. »

Bruno ALBERRO

 

 

Photos crédit Anthony Devez

Jodie Devos, soprano sera aux Chorégies d'Orange pour chanter Jimmy dans Guillaume Tell de Rossini.

Jodie Devos, soprano, sera aux Chorégies d’Orange dans Guillaume Tell de Rossini.

Où entendre Jodie Devos ?

  • Du 21 décembre au 2 janvier dans Le Comte Ory  de Rossini à l’Opéra Royal de Wallonie  à Liège ;
  • Le 1er février 02/19 dans Offenbach Colorature avec l’Ensemble Contraste au  Théâtre Impérial de Compiègne ;
  • Les 6 et 7 février dans Der Schauspieldirektor de Mozart à Zürich ;
  • Le 14 février dans Offenbach Colorature, info à confirmer à Padoue ;
  • Le 22, 24, 26 et 28 mars dans Die Entführung auf dem Serail de Mozart à l’Opéra de Monte-Carlo ;
  • Du 27 avril au 15 juin dans Die Zauberflöte de Mozart à l’Opéra National de Paris Bastille ;
  • Le 12 juillet dans Guillaume Tell aux Chorégies d’Orange.

Renseignement à Jodie Devos  ou aux Chorégies d’Orange