Chef de choeur et d’orchestre, chanteuse, pianiste, professeur, Katia Anapolskaya multiplie les genres, sans oublier la danse dans sa première vie de musicienne en Russie, son pays natal. En suivant son mari en France, elle a dû repasser tous ses examens pour exercer ici. On pourrait penser qu’elle ne devrait se consacrer à un seul art, elle répond que la vie choisit aussi.

Musicienne : c’est sans doute le qualificatif qui correspond à Katia Anapolskaya. On peut ajouter musicienne complète. Elle précise aussi sportive puisqu’en Russie la danse qu’elle a pratiquée est considérée comme un sport. Aujourd’hui, elle a quitté sa Russie natale  pour suivre son mari en France et recommencer une vie. Au sens propre comme au figuré.
Katia Anapolskaya s’est convertie quand elle a dû arrêter la danse. Le piano est venu au bout de ses doigts et le chant lyrique s’est glissé ensuite, comme si elle découvrait qu’elle avait aussi une voix, et à cet arc musical, elle a ajouté d’autres cordes comme la direction d’orchestre et de chœur.
Si tout ce qu’elle touche est transformé en or fin, elle estime que les choses s’installent trop tardivement. Une pointe de regret voile sa voix se disant trop âgée pour obtenir le succès escompté. Jeunisme quand tu nous frappes.
Quand on lui demande pourquoi ne pas choisir une forme et s’y atteler ? Elle répond que c’est comme ça : « En fait on me fait des propositions pour jouer chanter ou diriger. Parfois la vie choisit. » Ce qu’elle a choisi vraiment c’est son Chœur russe de Paris qu’elle façonne à l’envi : « J’ai obtenu un son particulier. »  
Il est vrai que ce n’est pas si facile de tout reprendre à zéro, même quand l’heure est aux choix assumés : « C’était normal de suivre mon mari dans son pays. » Dans ses valises, il y avait bien ses diplômes mais ils n’avaient aucune valeur dans l’Hexagone, sauf l’expérience acquise au bord de la Moskova. Katia Anapolskaya a replongé dans le monde universitaire pour repasser ses examens : « Sauf la danse ! » poursuit-elle. Elle s’est contentée (presque) de cette thèse de musicologie à la Sorbonne et d’être en capacité d’enseigner le piano et le chant, une discipline découverte sur le tard comme Katia Anapolskaya le raconte : « L’âge est une barrière. Pour la danse c’est entre 18 et 35 ans, pour les chanteurs aujourd’hui il faut commencer à 22 ans. Commencer le chant à 40 ans, c’est impossible pour faire carrière.  Je me rends compte que ma voix est très bien, mais aucun directeur ne retient une chanteuse ayant dépassé les quarante ans ».

Katia Anapolskaya, chef de choeur, pianiste

Katia Anapolskaya a fondé le Choeur russe de Paris.

Alors que le cœur lui dit qu’elle pourrait être une star dans n’importe quel domaine de la musique, Katia Anapolskaya craint d’être passée à côté de la gloire, compensant une forme de notoriété  par les plaisirs multiples que lui offre la musique.
Philosophe, elle assure que dans le monde culturel et actuel, au sens large, il y a du travail. Elle rappelle au besoin que de tout temps les artistes ont voyagé : « La musique permet de sentir les choses de l’intérieur, faire de la musique c’est être généreux. La musique c’est beaucoup de passion et beaucoup de souffrances. »
La souffrance ? Est-ce l’âme russe qui ressort chez Katia Anapolskaya ? «Je pense que l’âme russe correspond à une période quand Rachmaninov a cherché un nouveau langage après un problème familial. Sa souffrance n’est pas de la nostalgie, c’est plus sa vie intérieure que la description de steppes sans limite. »
Katia Anapolskaya a appris la musique à l’époque de l’URSS : « Elle était obligatoire dès l’école élémentaire. Je vivais dans une famille de musiciens même si mes parents n’étaient pas professionnels et n’appartenaient pas aux familles bourgeoises, mon père jouait du violon et ma mère du piano. »
Elle qui donne des cours dans un conservatoire régional en France s’autorise des comparaisons de l’enseignement de la musique entre son pays natal et celui d’adoption : « En Russie on est plus exigeant avec les petits et on consacre plus de temps. Ici c’est trente minutes par semaine, en Russie entre la pratique et le solfège, c’est six heures. L’apprentissage s’organise avec la vie de l’enfant. Quand j’en parle avec mes collègues je leur dit que j’emploie les vieilles méthodes de faire travailler la technique. Je pense que ça marche car mes élèves passent le bac avec option musique et ils ont 18 ou 19 à cette épreuve. C’est leur résultat qui me fait plaisir.»
Comme le résultat obtenu à diriger son Chœur russe ou un orchestre. Si la tendance est à féminiser les pupitres de direction, Katia Anapolskaya est plus mesurée : «Pour moi chef d’orchestre est un métier masculin alors que chef de choeur est plus féminin. »

Bruno ALBERRO

 

La vidéo de Katia Anapolskaya

Où entendre Katia Anapolskaya ? 

Katia Anapolskaya dirigera et chantera au sein du Choeur russe de Paris Znamenie :

  • Le jeudi 13 décembre à 20 heures au Temple protestant de Passy Annonciation Paris XVIe métro rue de la Pompe. 

Au programme la Messe Brévis de Mozart et des pièces de Sarti ou Haydn.

Renseignement à Katia Anapolskaya