L’Egyptien Nader Abbassi passera les fêtes de fin d’année à Marseille où il dirigera Traviata de Verdi à compter du 23 décembre. Il retrouvera Renée Auphan à la mise en scène. Depuis 2006, le maestro vient régulièrement dans la cité phocéenne. Il évoque sa rencontre avec la musique classique et ses actions pour la développer dans son pays et au Moyen-Orient.

Le destin musical de l’Egyptien Nader Abbassi est singulier, même s’il est né dans une famille moderne où la musique classique et occidentale était présente : «Je rappelle toutefois que l’opéra du Caire date de 1870 et qu’il y a toujours eu une vie musicale au temps des rois. » Il souligne qu’en 1960, après l’arrivée au pouvoir du président Nasser s’est ouverte l’Académie des arts : « C’était un fonctionnement comme dans les écoles russes. » A tout juste 14 ans, Nader Abbassi apprend le basson. En parallèle de l’apprentissage de son instrument, Nader Abbassi suit des cours de composition. : « Pendant trois ou quatre ans, mes professeurs étaient russes. Après leur départ, l’enseignement de la musique a été plus international. »

Lui-même s’expatriera en Suisse pour poursuivre sa formation. En 1987, il intègre la Haute école de musique de Genève pour se perfectionner au basson, Il apprend aussi le chant avec succès, comme basse, puisqu’il obtient en Suisse deux deuxièmes prix de chant et de basson et par la suite un premier prix de composition : « J’ai crée une musique de ballet sous la direction de Renée Auphan. C’est comme ça que j’ai commencé à diriger. » Renée Auphan qui signera d’ailleurs la mise en scène de la Traviata marseillaise.

Nader Abbassi chef d'orchestre égyptien dirige Traviata de Verdi à l'Opéra national de Marseille.

Nader Abbassi dirigera Traviata de Verdi à l’Opéra national de Marseille.

Quand Renée Auphan quitte la maison de Genève pour prendre la direction de celle de Marseille, elle invite Nader Abbassi : « Avec Maria Golovine de Menotti, c’était ma première expérience à l’Opéra national de Marseille. J’y reviens souvent et c’est avec plaisir que je retrouve cette ville sans oublier cet Orchestre.»

Cette confiance entre le maestro et Marseille s’est poursuivie avec le nouveau directeur Maurice Xiberras : « C’est pour moi un grand plaisir d’être dans cette relation continue. »
Il conserve aussi une émotion intacte d’avoir dirigé chez lui et au pied des pyramides Aida de Verdi : « C’était en 2002. Je le prends comme une chance énorme devant un vrai décor. Il y d’autres lieux chargés d’histoire. J’ai dirigé la Flûte enchantée (NDLR: de Mozart) à Assouan. J’aimerais jouer dans la citadelle d’Alexandrie. »
Bien que Nader Abbassi soit écouté dans son pays, ce n’est pas si simple d’obtenir satisfaction : « L’Egypte n’est pas très stable et les gens ont peur de venir. En plus comme un peu partout, les financements proviennent pour beaucoup du privé. »
Pourtant, Nader Abbassi relève un intérêt des Egyptiens pour la musique savante : « On remarque que des chanteurs de variété s’entourent d’orchestre, de violons pour enregistrer ou jouer, c’est un peu comme Charles Aznavour. » Il s’est aussi investi pour développer la musique classique. Il rappelle qu’il a animé des années durant une émission de télévision : « Mon but était de la rendre accessible pour la populariser. Du coup, je suis devenu connu et des gens m’ont suivi en allant assister à des concerts ou des opéras que je dirigeais. »
Conseilleur c’est bien, acteur de sa propre logique c’est mieux : Nader Abbassi n’oublie pas de dire qu’il a fondé son propre orchestre.

Bruno ALBERRO

 

A l’Opéra national de Marseille

Du 23 décembre au 2 janvier : Traviata de Verdi, dirigée par Nader Abbassi ; mise en scène par Renée Auphan ; réalisée par Emma Martin ; dans les décors de Christine Marest et les costumes de Katia Duflot ; sous les éclairages Roberto Venturi. Avec Violetta : Nicole Car ; Flora : Laurence Janot ; Annina : Carine Séchaye ; Alfredo : Enea Scala ; Germont : Étienne Dupuis ; Baron Douphol : Jean-Marie Delpas ; Gastone Carl Ghazarossian ; Marquis d’Obigny : Frédéric Cornille ; Docteur Grenvil : Antoine Garcin ; Le Commissionnaire : Florent Leroux-Roche ; Giuseppe : Wladimir-Jean-Irénée Bouckaert et l’Orchestre et le choeur de l’Opéra de Marseille.

En plus : 45 minutes avant le spectacle, une présentation de l’œuvre est proposée dans le grand foyer Ernest Reyer de l’Opéra. Entrée libre, sur présentation du billet de spectacle.

Renseignement à l’Opéra de Marseille ou à Nader Abbassi