Primée au Conservatoire national supérieur de Paris, Mary Saint-Palais a fait une carrière de chanteuse lyrique. A 45 ans, elle a décidé d’arrêter la scène pour devenir professeur de chant. Elle prodigue ses conseils au Conservatoire de région de Ruel-Malmaison et au Conservatoire de Bourgogne. Histoire d’une reconversion assumée.

Certaines décisions se prennent rapidement. Une phrase un peu blessante a poussé Mary Saint-Palais a quitté la scène lyrique pour devenir professeur de chant. Même si cette conversation se passait entre une collègue et un agent. « Tu n’es plus vendable », a-t-elle entendu. Surtout quand l’artiste visée a tout juste 45 ans. Le même âge alors que Mary Saint-Palais. Terrible ce jugement sans appel. Petite phrase acerbe qui donne de quoi réfléchir à son avenir.
Maintenant, Mary Saint-Palais professe au Conservatoire de région de Rueil-Malmaison et intervient aussi Conservatoire de Bourgogne, après une formation diplômante au Conservatoire national supérieur de Paris.
Depuis longtemps lui trottait l’idée d’enseigner, et entendre cette réplique blessante le moment était venu d’envisager cette conversion : « Je préférais choisir d’arrêter plutôt qu’être obligée d’arrêter par manque de travail. » Ne croyez-pas que cette décision était un coup de tête : « J’ai beaucoup réfléchi et je n’ai pas de regret. Même si depuis 2012 ou 2014, pour ma dernière production, j’avais décidé que c’était fini et que je passais à autre chose. Six ou sept ans plus tard, certains aspects de cette vie me manque. Ce qui me manquerait, ce serait les répétitions, les musicales et les instants magiques avec les metteurs en scène ou les chefs d’orchestre. »
Elle rappelle que son cas n’est pas unique, ni nouveau : « C’était même une règle, et l’image du professeur qui avait fait une carrière et prenait un poste pour enseigner. Comme le baryton Robert Massart qui avait décidé d’arrêter sa carrière à 55 ans, alors qu’il chantait encore sur les scènes du monde entier. »

Mary Saint-Palais, soprano et professeur de chant

Mary Saint-Palais, a conduit une carrière de soprano avant de se convertir comme  professeur de chant.

Mary Saint-Palais soulève les nouvelles directions possibles pour devenir professeur: « Le changement s’est effectué dans les années 1970-1980 quand il a été mis en place des formations professionnelles à l’enseignement. Ce qui a entraîné une nouvelle génération de professeurs. J’ai vécu dans cette période de transition. »
Si regret il y a pour Mary Saint-Palais c’est de voir des artistes lyriques se tourner très jeunes vers l’enseignement : « Pour bien transmettre, un chanteur devrait avoir de l’expérience. Il doit savoir ce qu’est d’avoir un orchestre sous les pieds et un chœur à côté de lui. »
Pour elle, transmettre c’est aussi conseiller : « Dans les conservatoires régionaux, on a des problèmes différents, la musique se pratique en amateurs alors que les élèves suivent d’autres études. »
Mary Saint-Palais livre ses clefs pour entamer une carrière lyrique : « Il est vrai que le métier est difficile et qu’on peut parfois se décourager. Les réseaux sociaux ont révolutionné la manière d’avancer dans le métier. Pour ma part, j’ai cherché des contrats puis j’ai eu un agent. Pour moi je trouve que la jeune génération est fabuleuse et elle a des approches différentes en particulier en allant chercher dans des répertoires oubliés. Ils montrent une vraie maturité. »
Elle estime qu’il y a des pièges à éviter : « De ne pas entrer dans un réseau reconnu et de ne pas être catalogué dans un type de répertoire. Il existe une hiérarchie entre les chanteurs. Ce qui chantent à l’internationale sont invités par tout le monde.»
Mary Saint-Palais se classait dans les artistes du circuit national. Elle s’était tracée une voie moins convenue en abordant des répertoires différents : « Même si on m’en a fait le reproche. Un directeur m’a dit que je ne pouvais pas chanter tel rôle d’opéra car j’avais chanté un peu de temps avant dans une opérette. On a longtemps opposé opéra et opérette. On devait faire ou l’un ou l’autre. Comme a m’a reproché d’être aux Arts florissants de William Christie et d’approcher les répertoires de Lully ou de Rameau. Alors que toutes les expériences m’ont enrichie. »
Elle raconte que dans sa carrière de chanteuse lyrique, elle est arrivée à ses fins, en atteignant ses objectifs dans des registres lyriques variés ou avec les metteurs en scène avec qui elle voulait travailler.
Plutôt que devenir professeur, elle aurait pu suivre le chemin de Nathalie Stulzmann devenue chef d’orchestre après avoir fait une belle carrière d’alto : « Non, ce n’était pas pour moi. Ce serait comme descendre en chasse-neige au ski et vouloir participer au slalom géant des Jeux Olympiques. On a chanté ensemble à l’Opéra de Marseille, c’est elle qui m’a initiée à jouer à la Game boy. »

Renseignement à Mary Saint-Palais