Le samedi 26 janvier où elle chantera dans Apér’Opéra à l’amphithéâtre Mozart du Conservatoire du Grand-Avignon, ce sera un retour au bercail pour le soprano Aurélie Jarjaye. Si elle vit maintenant à Vienne, Autriche, la jeune chanteuse n’a pas oublié ses professeurs vauclusiens et ses premières sources d’inspiration. Elle, née à Orange, originaire de Buis-les-Baronnies, est restée fidèle à cette ruralité ; Aurélie Jarjaye fait vœux d’ailleurs d’aller chanter là où on la demande, persuadée que l’avenir de l’univers opératique dépend aussi des chanteurs : « Je suis convaincue que c’est à nous d’aller dans les salles plus petites et dans les petites villes. Ça peut donner envie à des personnes qui ne sont pas familiarisées avec la musique classique d’aller à des concerts proches de chez eux et ensuite dans des salles plus importantes. Je crois beaucoup à la relation de proximité. C’est pour ça que j’aime les récitals car la proximité avec le public est prégnante, plus dans une production d’opéra. » Le récital c’est être face à soi-même, explique la jeune femme, «Etre en production, c’est interagir avec ses collègues du plateau. J’aime bien alterner même si je trouve que la forme du récital est plus difficile : ce sont des petites histoires et il faut entrer dans ces personnages différents. A l’opéra, ce n’est qu’un seul rôle. »
Aurélie Jarjaye refuse de se projeter, et n’a arrêté aucun plan de carrière, préférant goûter au présent.
La rencontre, le fil tendu entre le public et l’artiste motivent la jeune chanteuse lyrique. Il est vrai que ça ressemble étrangement à son parcours d’enfant qui la conduite de la variété à l’opéra en passant par la pop. Il faut dire que son apprentissage de la musique est venu par le piano auprès de l’association de son village, avant de poursuivre au conservatoire d’Avignon : « J’ai eu envie de chanter dans le chœur du conservatoire, c’est comme ça que j’ai commencé dans la classe de chant. »

Le soprano Aurélie Jarjaye originaire de Buis-les-Baronnies sera en concert à Avignon Crédit photo: Anna Boshkova

Le soprano Aurélie Jarjaye originaire de Buis-les-Baronnies sera en concert à Avignon Crédit photo: Anna Boshkova

Le choix entre les deux instruments était trop compliqué pour qu’Aurélie Jarjaye abandonne l’un ou l’autre, au point de rejoindre le conservatoire régional de Lyon où elle a suivi le double cursus : « J’ai obtenu un diplôme d’enseignement musical de chant. » On a compris, Aurélie a dû se plier à un choix et a délaissé le piano, mais pas tout-à-fait, souligne-t-elle : « Avoir fait du piano et un avantage pour un chanteur : c’est plus facile pour déchiffrer une partition. Je peux m’accompagner. Le piano m’a permis de faire beaucoup de musique de chambre ; on apprend à écouter les autres instruments et on a une meilleure lecture. »
Après Lyon, la Haute école de musique de Lausanne lui ouvre les portes. Ce qui explique qu’Aurélie Jarjaye  chante plus facilement en Suisse, en Autriche ou en Allemagne que dans son propre pays : « C’est une question de réseau. En France, c’est compliqué de chanter car ce n’est pas là où j’ai suivi mes études. »
Dire que ce concert à midi à Avignon est un espoir pour elle, c’est un euphémisme : « Pierre Guiral (NDLR : Le directeur de l’Opéra du Grand-Avignon) me fait confiance, c’est une occasion de chanter dans mon pays. Quand on chante on attend toujours qu’il y ait d’autres lendemains. On a une idée de ce qu’on pourrait faire mais on sait aussi que c’est un métier  peu stable avec des contrats ou non dans les deux ans à venir. Alors quand je suis en concert je profite pleinement de ce moment dans penser aux jours suivants.»
Alors quels sont les rêves de la Drômoise Aurélie Jarjaye ? « J’en ai plusieurs. Pour moi, ce serait de chanter dans de nombreuses maisons d’opéra et un peu plus en France, mon pays. De façon générale, je rêve d’une vraie démocratisation de la musique classique. Ce qui ce fait n’est pas suffisant. Il faut aller plus loin dans de plus petites communes. La musique doit se déplacer vers le public pour l’amener à la portée de tous. Parce que les gens ne se déplacent pas facilement, surtout quand ils ne savent pas. Si les gens ne vont pas vers les artistes, les artistes doivent aller vers eux. Quand je donne de petits concerts en Drôme provençale, les salles sont pleines et on vient me voir et certaines personnes me disent : grâce à vous j’ai eu un beau cadeau. »

Bruno ALBERRO

Crédit photo Anna Boshkova

Où entendre Aurélie Jarjaye ?
Le samedi 26 janvier à 17 heures dans Apér’Opéra au Conservatoire du Grand Avignonavec Aurélie Jarjaye soprano et Juliette Rangheard, piano.

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon