Plus jeune, Ornella Corvi jouait de la contrebasse, ensuite elle a appris le chant qu’elle pratique dans les choeurs opératiques. La mezzo-soprano a aussi construit un spectacle qu’elle présente dans les musées, devant un tableau où la poésie et le texte parlé se mêlent aux airs d’opéra.

Ornella Corvi refuse de se sentir frustrée, même quand on lui fait remarquer, qu’en France du moins, le Graal des chanteurs lyriques est d’être soliste. Le mezzo-soprano chante dans les chœurs : « Quand on a assisté à la mort sur scène de Bernard Imbert au énième salut (NDRL en juillet 2016 à Mandelieu), on ne peut pas se sentir frustré. De même quand on est sur le plateau des Chorégies d’Orange et que dans Mefistofele de Boito, il y a eu ce problème de nacelle qui se balance à quatorze mètres de haut avec deux chanteurs dedans. Ces deux faits m’ont beaucoup touchée. Quand on a vécu ça, on se dit qu’on fait un beau métier. C’est celui de donner du plaisir aux gens et qu’on vit de notre passion. »

Le mezzo OrnellaCorvi native de Marseille

Le mezzo OrnellaCorvi native de Marseille

Ornella Corvi est native de Marseille d’une famille qui se partage entre le sud de la France et la Toscane en Italie, elle souligne avoir vécu dans la Principauté de Monaco où elle a commencé sa formation lyrique. Pendant six ans, elle est allée se former à Florence : « J’étais proche de ma famille et puis c’est le berceau de l’opéra et cette ville vit corps et âme avec la musique. » L’esprit de Michel-Ange et la douceur toscane  n’ont pas réussi à lui faire oublier la réalité de la vie terrestre : « Dans les chœurs, je gagnais 300 à 400 euros par mois. » De quoi tomber de haut et Ornella Corvi n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, elle a su rebondir à Genève à la Haute école de musique en Suisse. En fin d’année, elle présentera son bachelor pour terminer son cycle. En parallèle de ses études, Ornella Corvi chante dans les chœurs, souvent invitée à Monte-Carlo où elle a gardé des amitiés.

Si son accent méditerranéen a quasiment disparu, Ornella Corvi en donne l’explication : « Avec tous les exercices de diction qu’on nous fait faire, on est obligé de faire attention. Mais je n’oublie pas d’où je viens et que le sud a sa théâtralité et que ce sont des terres vouées à l’opéra. »

Le mezzo OrnellaCorvi native de Marseille

Le mezzo Ornella Corvi est native de Marseille. Elle a créé un spectacle pour musée qui lient le texte, la musique et la poésie.

Si elle assure qu’elle n’est pas frustrée de son engagement comme choriste, elle glisse toutefois qu’elle développe des spectacles : « C’est un récital que je donne dans les musées. Je choisis une œuvre d’un peintre et je crée un spectacle autour d’une œuvre avec de la poésie, une mise en scène et des airs d’opéra. J’écris les textes. Je l’ai fait sur Chagall et sur Picasso. Maintenant je suis à la recherche de musées dont celui Picasso à Paris. D’ailleurs ce sera le sujet de mon bachelor et j’ai choisi Picasso. »

Si Ornella Corvi se produit comme chanteuse plus alto que mezzo, elle n’a pas oublié qu’elle a commencé la musique par la contrebasse. Tiens, tiens vocalement et instrumentalement les deux tessitures sont dans les graves. Mentalement aussi. Elle fait le lien et les comparaisons entre distribution d’opéra et l’orchestre : « La contrebasse et l’alto s’entendent quand elles ne jouent pas. Car elles manquent. Toutes deux sont des socles, ou les fondations du chœur et de l’orchestre. »

Ce qui la fascine et lui plaît dans la vie de l’ensemble vocal.

Elle ne peut que regretter le fossé des préjugés entre conduire une carrière de choriste et celle de soliste : « Aujourd’hui, le niveau demandé pour intégrer un chœur d’opéra est de plus en plus élevé. C’est vrai qu’entre un choriste et un soliste, la responsabilité n’est pas la même. Le soliste est plus exposé. Mais un choriste doit savoir jouer, danser. On lui demande tout et il est important de se renouveler. Je sais pourquoi je me lève le matin pour ce métier. »

De son expérience aux Chorégies d’Orange, Ornella Corvi n’ a pas retenu que l’incident technique, elle ne peut oublier cette rencontre avec Nathalie Stuzmann qui l’a dirigée, alto comme Ornella Corvi, mais qui se partage entre le chant et la direction d’orchestre : «C’était fabuleux. Un moment exceptionnel et elle était capable de chanter et de reprendre plusieurs voix, même les ténors ou les basses. »

Quand on lui demande si suivre la trajectoire de Nathalie Stuzmann l’a fait rêver, Ornella Corvi répond : «Je préfère être interprète, j’aime cette liberté dans une partition de chercher de nouvelles couleurs ou un nouveau son. »

Bruno ALBERRO

 

La vidéo d’Ornella Corvi

Où entendre Ornella Corvi ?

  • Le samedi 16 février à 20 heures dans « Le pêcheur à la lune » au Théâtre Copeau à Saint-Etienne ;
  • Les 8, 9 et 12 mars dans Dante de Benjamin Godard à l’Opéra de Saint-Etienne.

Renseignement à Ornella Corvi