La pianiste russe Ludmila Berlinskaïa se trouvait en France quand le mur de Berlin s’est ouvert. Aujourd’hui elle se partage entre son pays natal et son pays d’adoption avec la musique en trait d’union.

Ludmila Berlinskaïa vit en France depuis 30 ans, une rapide soustraction ramène son arrivée en 1989. Si depuis elle se partage entre son pays natal et la France, Ludmila Berlinskaïa parle un français roulé par les courants de la Moskova : « Après 30 ans passé ici, je sais que c’est un handicap. J’ai appris le français comme un perroquet. »
Pour d’aucuns, 1989 correspond à la chute du Mur de Berlin et au déchirement du rideau de fer. Ces quelques esprits chagrins pourraient y voir une fuite du régime de l’ex-URSS. Ludmila Berlinskaïa a une réponse plus artistique : « J’avais suivi mon mari, aujourd’hui décédé, où il avait gagné le concours d’Evian avec le quatuor Anton où il était premier violon. Il bénéficiait d’une résidence de deux ans. Nous étions en France au moment de la chute du mur. J’avais une carrière en Russie, ma venue en France n’était vraiment pas planifiée. »
Elle fustige ou du moins critique ceux qui noircissent le tableau de la vie sous le régime communiste: « Beaucoup transforment ou modifient la vérité et ne décrivent pas la vie là-bas. Même si je vis en France, je n’ai pas coupé mes relations avec la Russie, je continue à jouer là-bas, j’y retourne souvent. »

La pianiste russe Ludmila Berlinskaïa photo Felix Broede

La pianiste russe Ludmila Berlinskaïa sera en concert à la salle Gaveau. Photo Felix Broede

Ludmila Berlinskaïa ne voit guère de différence dans les formations de chaque pays : « En Russie, nous avons comme vous de diverses écoles de musique, comme ici. Avec des écoles locales et d’autres pour former des musiciens professionnels. »
Quand on évoque l’école de musique russe, Ludmila Berlinskaïa tempère : « Je ne crois pas à des écoles russe, italienne ou française, des professeurs russes sont en France ou ailleurs et c’est comme ça dans beaucoup de pays. Je crois à la personnalité du musicien et à celle du  pédagogue je crois chaque musicien à sa propre sonorité, c’est le corps de chacun qui parle. Ca voudrait dire alors qu’il faudrait être russe pour jouer de la musique russe, italien pour les compositeurs italiens ou français pour les français. Pour ma part, depuis l’enfance j’aime et je joue Ravel. J’ai eu des critiques russes disant que je joue Ravel comme une française. Je pense qu’Arthur Ancelle, (NDLR : son compagnon à la Ville), joue mieux Prokofiev que moi. Non, je crois qu’il faut voir les choses plus profondément et qu’il faut au musicien une éducation solide. »
Pour étayer ses propos sur l’internationalité de la musique, elle glisse qu’avec son mari, ils enregistrent tout un programme pour deux pianos : « Il y a quelques mois, nous avons sorti un CD consacré à la Belle époque française, le 14 mars prochain, ce seront les derniers romantiques russes, dans six mois, le CD sera consacré aux Anglais et on finira dans un an avec des compositeurs américains. » Ce corpus de quatre CD est édité chez Melodia, une maison Russe. »
Le prochain opus présentera lui la deuxième suite de Rachmaninov, une Fantaisie de Glazounov et la littérature de Nikolaï Karlovitch Medtner (1880-1951). Rassembler Rachmaninov et Glazounov est coquasse puisque le second était ivre quand il a dirigé la Première symphonie de Rachmaninov qui fût un échec. Le jeune compositeur plongeant alors dans une longue dépression dont il sortit avec cette deuxième suite qui sera gravée par Ludmila Berlinskaïa par Arthur Ancelle.

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Ira Polyarnaya

La vidéo de Ludmila Berlinskaïa

Où entendre Ludmila Berlinskaïa ?

  • Le 18 février à Moscou au Zaryadye Hall récital Ludmila Berlinskaya, Arthur Ancelle, pianos : au programme Tchaikovsky : Francesca da Rimini, Rachmaninoff : Suite n° 2 op. 17 ; Debussy : En Blanc et Noir ; Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune ; Ravel : La Valse ;
  • Le 26 février à Fribourg au Konzerthaus Ludmila Berlinskaya & Arthur Ancelle Poulenc ;
  • Le 14 mars  à Paris Salle Gaveau pour un programme « Passion Franco-Russe » ;
  • Le 9 avril et 11 avril à Saint-Pétersbourg au Glinka Hall of St Petersburg Philharmonia ;
  • Le 13 avril à Klin au Tchaikovsky Museum ;
  • Le 15 avril à Nijni-Novgorod au Grand Philharmonic Hall
  • Le 18 avril à Saint-Pétersbourg Glinka Hall of St Petersburg Philharmony ;
  • Le 6 mai à Hambourg
  • Le 23 mai, en récital à Paris au musée des Arts et l’Histoire du Judaïsme ;
  • Le 14 juin à Niort en récital.

Renseignement à Ludmila Berlinskaïa