L’ultime concert de Walter Grimmer aura lieu le samedi 21 juillet dans son village de Malaucène, où il a élu domicile après avoir sillonné le monde musical, violoncelle en bandoulière. Il fera encore résonner ses quatre cordes à la chapelle du Groseau, dans le quintette de Schubert aux côtés du quatuor Yako. Une œuvre qui le séduit par la liberté laissée à l’interprète.

Un moment d’exception où le maître de quelque 1000 élèves au travers le monde, comptant un nombre incalculable de concerts au sein d’orchestre en duo avec piano, en trio à cordes ou en quatuor, tire sa révérence.

D’une voix voilée de tristesse, il souffle que le décès d’un proche a bouleversé ses prévisions : « Je pensais à un immense concert avec mes anciens élèves à Berne où j’ai été professeur. La vie, la mort en a décidé autrement. Je jouerai maintenant pour moi.» Lui qui jusqu’à 14 ans avait hésité entre la musique et la chirurgie refuse  à jouer les faiseurs d’histoire balayant l’uchronie possible d’une carrière où ses doigts auraient saisi un scalpel au lieu d’un archet.

Walter Grimmer raconte que sa richesse est d’avoir joué de la musique et non de s’être contenu dans un registre : « Ce doit être ennuyeux, même d’être soliste, de ne pas avoir goûté à la vie d’orchestre ou d’un ensemble. Tout enrichit le musicien. C’est du moins ma façon de voir.»

En remontant le fil de sa carrière, le violoncelliste retient les conseils de Maurice Gendron (1920-1990), ses rencontres avec des compositeurs et ce souvenir ému d’Henri Dutilleux dont il vante les qualités humaines et d’écoute. Il raconte qu’il a voulu être au service des compositeurs de son siècle à vouloir jouer la musique d’aujourd’hui, même si Schubert reste au sommet de son Panthéon.

Par contre évoquer Pierre Boulez n’émeut pas Walter Grimmer : « Son langage ne m’attire pas. » Tout est dit : sans polémique. Pourtant Helmut Lachenmann, Heinz Holliger, Brian Ferneyhough, Klaus Huber, Pascal Dusapin, Isang Yung ont fait appel à lui pour leur création.

Tournant les pages d’une vie remplie, il s’arrête à celle de Thomas Demenga : « J’étais son professeur à 27 ans, lui en avait 13. A 19 ans, j’ai pensé que c’était injuste que lui soit si brillant façon pourquoi lui et pas moi. Après on peut aussi : j’ai été un bon prof. « 

Walter Grimmer se lit comme un livre ouvert et ne cache rien, comme ses explications pour jouer à 80 ans passés de son instrument : « En fait avec l’âge on apprend l’économie, on dilue moins l’énergie. Un de mes professeurs disaient que jusqu’à 24 ans on progressait après c’était fini. Du coup je me suis toujours révolté contre l’âge. »

Si Walter Grimmer doit avoir un regret, ce serait celui de ne pas avoir travaillé sous la direction du maestro Carlos Kleiber, mort en 2004, qui a fait répéter l’orchestre de Berne, l’année qui a suivi son départ de la phalange suisse.

Propos recueillis par Bruno ALBERRO

 

Le quatuor Yako sera en concert :

  • le 18 juillet à Séguret,
  • 19 juillet à Entrechaux (84),
  • le 20 Juillet à Buis-les-Baronnies (26)
  • et en version quintette avec le violoncelliste Walter Grimmer le 21 juillet à Malaucène (84).

 

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