Certains voient des couleurs, d’autres mettent des mots en prose ou en vers, le compositeur marseillais Lionel Ginoux peint ses ressentis avec des notes de musique pour colorier ses portées de blanc et de noir. Son Stabat mater pour choeur de femmes sera interprété à Barr en Alsace le 12 juillet prochain.

Né à Avignon, originaire de Chateaurenard, de l’autre côté du Rhône, le compositeur Lionel Ginoux a fini par élire domicile à Marseille : « Certains voient des chorégraphies, d’autres mettent des mots ou de la peinture, moi j’entends des sons et un rythme. C’est ma façon d’exprimer mes émotions, ou décrire des ambiances. Les sonorités sont différentes. La musique peut être descriptive, elle peut être aussi plus expérimentale.»

Lionel Ginoux souligne que durant des années, les compositeurs « classiques » ont vécu sous le diktat des Boulez ou Stockhausen : « Je ne dis pas que ce n’est pas intéressant. Mais ils ont défini qu’elle devrait être l’esthétisme de la musique. Pendant toutes ces années, le public n’était pas la préoccupation des compositeurs. Aujourd’hui il y a des champs à développer et je pense que le XXIe siècle sera différent du XXe siècle. »

Néanmoins, Lionel Ginoux dit bien qu’il y a pas de règle pour composer : « Ce peut être une commande d’une maison d’opéra. Ou bien si on a envie d’écrire de la musique, on le fait et on défend son projet. »

C’est comme ça qu’est née Vanda. Créé en 2015 à l’Abbaye Royale de Fontevraud, « Vanda » est son opéra de chambre, inspiré d’un texte théâtral 
de Jean-Pierre Siméon. Il a été repris en avril 2018 à la chartreuse de Villeneuve-les-Avignon.

Lionel Ginoux est conscient que le public pourrait se montrer réticent à aller vers de nouveaux ouvrages : « On ne doit pas limiter l’opéra à Puccini ou Verdi. C’est aussi une question de volonté des directions d’opéra de proposer de nouvelles choses, plus actuelles. Le public a besoin d’être aiguillé. Ce qui est intéressant c’est la rencontre entre un projet et un directeur pour le faire aboutir.»

Une fois écrite, Lionel Ginoux offre sa littérature à ses interprètes, il n’intervient même pas dans la direction inaugurale: «Je n’ai que quelques notions de direction d’orchestre.»

Lionel Ginoux se présente comme un optimiste. Et s’il a une face cachée, c’est celle de signer des musiques plus proches de la variété : « Il faudra que j’utilise un nom de scène différent. Les gens ne comprendront pas que la même personne puisse écrire de la musique classique et de la musique populaire. » 

Ça reste de la musique. Ce sont seulement des vocalités différentes qui étendent le champ des libertés inspiratrices.

Bruno ALBERRO

 

Renseignement à lionelginoux.com/

Photo crédit Gachwell