Armelle Khourdoïan est native de Marseille, bien qu’elle habite Paris, pour des raisons pratiques depuis son arrivée au Conservatoire national supérieur de musique. Le soprano est invité au festival Pablo Casals à Prades le 12 août.

A ce début de fiche d’identité, Armelle Khourdoïan ajoute que ses parents sont Arméniens. C’est vrai que la cité phocéenne abrite une communauté importante de ses habitants originaires d’Asie mineure. Elle est soprano aussi. Et c’est important car elle a cherché sa voie musicale longtemps. Chanteuse lyrique, c’est le résultat de l’insistance de ses parents à pratiquer la musique : « Ma sœur et mes deux frères sont musiciens. J’ai commencé le violon comme ma sœur mais j’étais tellement timide que mon professeur sortait pour m’écouter. Ensuite j’ai fait du piano. Mais la timidité était toujours là.  J’ai fait ensuite de la peinture. C’est vers 17 ans que j’ai commencé à chanter. J’avais trouvé une partition de la Traviata de Verdi, avec Maria Callas. J’ai ressenti cette envie à l’écouter. »
Ses parents la confient, alors, à une professeur de chant, arménienne elle-aussi : « Elle est très charismatique, un peu dans l’exagération. Pourtant, chanter c’est se mettre à nu, c’est livrer ses sentiments. Par rapport aux coulisses, sur le plateau je me sens différente. Chanter : c’est comme une délivrance. C’est une thérapie contre ma timidité. Je me suis toute de suite sentie à l’aise. Un mois après, je chantais mon premier concert. Du Vivaldi, si je me souviens bien.»
Le soprano Armelle KhourdoïanElle ajoute après quelques secondes : « C’est à la fois inexplicable et indescriptible. »
Elle déclare volontiers que ce disque de Callas l’a désinhibée, en l’invitant à monter sur une scène : « Si j’ai un rituel c’est bien celui-ci. Avant de chanter je pense au plaisir que j’ai reçu en l’écoutant. C’est ce que je cherche à faire : prendre du plaisir à chanter et donner du plaisir au public. Quand je le ressens, cette joie est intense. »
Le partage, c’est un beau résumé des intentions d’Armelle Khourdoïan : « Je crois à cette universalité par la musique et par l’art en général. L’art devrait réconcilier. Je me rappelle au collège, deux garçons de la classe était un peu voyous. Quand la professeur de musique nous a fait entendre l’air de la Reine de la nuit (NDRL: La Flûte enchantée de Mozart) un des deux s’est transfiguré. Il a même demandé à réécouter. Le diable était devenu un ange.»
Il ne faut pas croire que le métier de chanteur est facile à mener, comme le raconte Armelle Khourdoïan : « Nos aînés se demandent comment nous faisons dans le contexte actuel. C’est vrai que ça a changé, si on écoute. Avant les chanteurs faisaient une audition et ça allait. Aujourd’hui, il faut entretenir ses relations en se disant que peut-être on me rappellera. Cette façon de penser et d’agir me dérange. Mais c’est comme ça, il faut avoir un côté businessman. Maintenant il faut un gros mental pour réussir. Mais je sais qu’il faut garder la notion de plaisir.»
Le soprano Armelle KhourdoïanSon plaisir est aussi de revenir à Marseille replonger ses yeux dans la Méditerranée et respirer à pleins poumons l’air marin : « Ca fait du bien de sentir l’iode. »
Armelle Khourdoïan fera profiter de cette cure méditerranéenne au festival Pablo Casals, à Prades, le 12 août prochain où elle est attendue en concert. Elle connaît bien les lieux pour y avoir chanté quand elle était Révélations ADAMI, en 2014. Un concert qui lui a permis de chanter ensuite aux Chorégies d’Orange et à l’invitation d’Alain Duault de se produire cette année à Musiques en fête diffusée sur France 3 depuis le Théâtre antique.

Armelle Khourdoïan glisse qu’elle sera aussi à l’affiche de la Philharmonie de Paris la saison prochaine. S’ajoute également à son agenda Pygmalion à l’opéra de Lille en janvier prochain où elle reprendra le rôle d’Amour.

 

Bruno ALBERRO

 

En bref: Armelle Khourdoïan sera en concert le 12 août au festival Pablo Casals à Prades.

Renseignement à www.armellekhourdoian.com