Scénographe, réalisateur de costume, acteur, Enzo Iorio ne fait pas les choses à moitié, voire, il les triple. Comme dans le Barbier de Séville, opéra de Rossini, présenté aux Chorégies d’Orange les mardi 31 juillet et samedi 4 août à 21h30 au Théâtre antique.
Le Napolitain n’a pas oublié qu’il a été aussi acteur; aussi il tiendra le rôle d’Ambrogio sur le plateau romain. Une présence plus étoffée que d’habitude puisqu’il fait la jonction et la coordination entre les protagonistes de théâtre de Beaumarchais transposé à l’opéra. Enzo Iorio sera aussi dans les coulisses où il assistera Adriano Sinivia, le metteur en scène du Barbier. Les deux complices ont transposé la période où se déroule la comédie qui abandonne l’Espagne du XVIIIe siècle pour occuper les studios de la Cinécittà à Rome quand la comédie à l’italienne dominait le Grand écran. Et justement Enzon Iorio a conçu les décors de cette production du Barbier : « Je me suis rendu dans la famille Nori qui depuis l’après-guerre conserve les accessoires ou les costumes qui ont servi dans les films que ce soit pour les westerns spaghettis ou les comédies de Fellini ou d’Ettore Scola. Il y a là les costumes de Ben-Hur, comme on trouve des bazookas ou des mitrailleuses. C’est incroyable. Et puis quand il n’y a pas le costume, eh bien! les ateliers de couture les réalisent. »
Plus jeune, Enzo Iorio voulaient transformer le monde, aujourd’hui il lui apporte du rêve en alliant la tradition familiale et sa formation d’architecte : « Dans la famille on est tailleur depuis plusieurs générations et je pensais que l’architecture pouvait modifier le monde. C’est plus difficile que ça. La scène m’a permis de réunir ce que j’aime faire. »
Enzo Iorio n’a rien oublié de son enfance à Naples : « C’est une ville extraordinaire, c’est un port et la mer est la première des voies de communication. Je me souviens des Américains puisque c’était un port de l’Otan pendant la guerre froide avec ses porte-avions et ses cuirassiers. On voyait les soldats dans les rues chercher des cigarettes de contrebande ou des filles. Un port c’est toujours cosmopolite. C’est une ouverture au monde. »
Enzo Iorio rappelle que l’Italie des années 1950 à 1970 dominait le monde culturel : « L’Italie possédait le cinéma, l’opéra avec des chanteurs exceptionnels, le théâtre. »
A son inventaire on pourrait rajouter la classe de ses voitures à la coupe avisée des Ferrari, Alfa Romeo ou Lancia. L’esthétisme et raffinement rimaient sur tous les plans alors avec l’Italie.
Enzo Iorio ne peut que regretter ce qui se passe aujourd’hui dans la Péninsule, sur le plan culturel au moins en crise financière avec des maisons d’opéra qui payent les artistes en retard : « Pour moi, c’est un problème d’éducation que les pouvoirs publics ont abandonnée. Même si les films de cette époque n’étaient pas le reflet de la réalité. Tous les Italiens ne vivaient pas la Dolce vita. D’ailleurs dans ce film on voit une marque de désespoir. »
En bref: Les Chorégies d’Orange présentent Le Barbier de Séville de Rossini mis en scène par Adriano Sinivia, dirigé par Giampaolo Bisanti avec dans les rôles principaux le soprano Olga Peretyatko, le jeune ténor roumain Ioan Hotea, le baryton Bruno De Simone et le baryton Florian Sempey.
Renseignement au 04 90 34 24 24 ou à www.choregies.fr