Debora Waldman est chef d’orchestre, formée à l’école de la ténacité de Kurt Mazur. Depuis elle trace son sillon en particulier en redonnant de la couleur à la littérature des compositrices délaissées de leur temps et oubliée depuis. Le 22 mai à Genève et le 8 juin à Besançon elle dirigera la symphonie de Charlotte Sohy (1887-1955), la représentation du 23 mai à Zurich a été annulé suite. Avant cela, le 28 octobre, elle dirigera un concert au Komitas chambers music hall, en Arménie.

Pour sa carrière elle le dit tout de go : elle la dirige, comme elle dirige les orchestres qu’on lui confie ailleurs. « Dans la vie privée, le travail est partagé », déclare Debora Waldman, chef d’orchestre.
Elle refuse l’attribution de féministe mais défend la cause des femmes pour leur donner une place oubliée. En particulier aux compositrices après ce maigre inventaire : « Mais si c’est moins vrai dans la baroque, ensuite on connaît Clara Schuman et Fanny Mendelssohn et c’est tout. J’ai eu envie de chercher d’autres partitions.»
Debora Waldman assure que son but n’est pas de privilégier la femme à tout prix : « Je crois au mérite. Si c’est une femme qui mérite un poste tant mieux, si c’est un homme tant mieux aussi. L’important est de choisir les compétences. Pour cela, je crois qu’il y a des compositrices qui méritent d’être écoutées ou même d’être découvertes. C’est ce que je vais m’évertuer de faire. »

Debora Waldman chef d'orchestre

Debora Waldman chef d’orchestre dirigera en première mondiale la symphonie de Charlotte Sohy à Genève.

Pour bien montrer qu’il n’y a pas que le geste qui compte, Debora Waldman passe aussi aux actes en dirigeant le 22 mai à Genève, le 23 mai à Zurich et ensuite à Besançon le 8 juin, la symphonie de Charlotte Sohy (1887-1955). Elle est datée de 1917 et n’a jamais été donnée : « Ces partitions ne sont pas éditées. Ce sera pour cette symphonie une première mondiale, c’est une très belle écriture que l’on pourrait comparer formellement à celle de César Franck. Ça vaut vraiment la peine de la découvrir.»
Debora Waldman a d’autres projets de cette envergure mais elle estime qu’il est trop tôt pour en parler.
Cette ténacité, elle le doit à elle-même certainement, mais aussi à Kurt Mazur qu’elle a coudoyé trois ans à l’Orchestre national de France quand le Kappelmeister allemand en était le chef attitré : « C’est sûr qu’il m’a marqué à vie. Il était tenace et ne lâchait rien. »
Il n’y a pas eu que Kurt Mazur qui a influencé  la jeune musicienne, elle y ajoute une litanie de noms connus. Pour elle devenir chef était une vocation, une façon de transmettre ses idées. Pour transmettre, le mieux est de connaître ses musiciens, c’est ainsi qu’en 2013 Debora Waldman a fondé créé l’Orchestre Idomeneo : «Nous avons trois projets par an.»

Si elle poursuit encore un peu la flûte et un peu plus le piano c’est que ces deux instruments l’aident à comprendre et à interpréter une partition : « Il est important de nouer des convergences avec les musiciens. Le rôle du chef est d’harmoniser tous les sons. C’est vrai que lui-même n’en produit pas, mais je suis d’accord avec Nathalie Stutzmann. Chaque chef obtiendra un son différent dès la première note.»
La musique doit être accompagnée. Pour cela, Debora Waldman se ressource par la pratique du yoga  ou du sport ou encore l’été en montagne : « Laisser le temps aux idées de mûrir me détend. »
Les convergences, les compromis, Debora Waldman sait ce que c’est. Elle qui est née à Sao Paulo au Brésil avant de déménager à trois ans dans un Kibboutz en Israël où elle a grandi, pour partir ensuite en Argentine avant de rejoindre l’Europe et la France pour compléter sa formation de musicienne.
Si elle n’est pas religieuse, Debora Waldman confie qu’elle est spirituelle par la lecture et les études des textes bibliques. Elle ne se désintéresse pas pour autant de ce que se passe en Palestine : « Quand nous vivions au Kibboutz on avait l’envie de vivre avec les villages druzes voisins. Je pense que nous pouvons vivre les uns à côté des autres. Pour moi, ça dépend de l’éducation. »

Bruno ALBERRO

 

Crédit photos Bernard MARTINEZ

Debora Waldman sera en concert :

  • Le dimanche 28 octobre, Debora Waldman donnera un concert au Komitas chambers music hall, en Arménie ;
  • Le 22 mai  à Genève et le 8 juin à Besançon pour présenter la Symphonie de Charlotte Sohy (1887-1955) ;

Renseignement à www.deborawaldman.com