Florian Sempey, le jeune baryton français, prend son temps. Il en a fait une philosophie. Il avait terminé sa saison sous les applaudissements du Théâtre antique d’Orange, où il interprétait son rôle fétiche de Figaro du Barbier de Séville de Rossini aux Chorégies cette année. Du 1er au 13 février 2019, on le retrouvera dans le costume de Figaro au Grand théâtre de Bordeaux. Sa saison commencera le 28 septembre avec les Huguenots de Mayerbeer à l’Opéra-Bastille à Paris.

Florian Sempey ne cache pas grand chose : « Même si comme tout le monde j’ai des secrets. J’ai une face cachée que peu de mes amis chanteurs savent d’ailleurs : Je suis chanteur, c’est mon premier métier et j’en ai un second, je suis maître en Reiki. C’est une technique japonaise de relaxation et de méditation que j’enseigne quand je suis à Paris ou chez moi à Bordeaux. »
Le chanteur lyrique, âgé de tout juste 30 ans, raconte qu’il a commencé  à pratiquer en 2009 et qu’au fil des ans il a passé tous les quatre grades, jusqu’à pouvoir enseigner son art : « C’est une technique que je pratique d’abord pour moi, elle m’aide à me concentrer, à m’aligner et à me recentrer. Ca me permet de réguler mon souffle et de ne pas m’éparpiller. »
Il s’amuse à dire qu’au cours des années lycée, une camarade l’avait invité à s’essayer aux exercices de spiritualité, qu’il s’en était amusé, tout en refusant : « Et puis, on s’est revu quelques années plus tard et elle m’en a reparlé et j’ai essayé une séance. J’ai eu l’impression qu’on m’enlevait une peau, tous les poids inutiles s’enlevaient. »
Alors ne soyez pas surpris que malgré sa notoriété grandissante, Florian Sempey n’aille pas tutoyer les airs verdiens ou pucciniens : « On gère une carrière comme on gère son souffle, il faut prendre le temps et ne pas aller trop vite. Pour certains rôles, je me suis donné encore huit ou dix ans. »
Si le Reiki le soutient, Florian Sempey ajoute qu’il ne fait confiance qu’à trois seules personnes pour le faire progresser dans sa carrière : « Ces trois personnes m’ont vu grandir et ce sont les seules dont j’accepte les critiques car elles me font bonifier la voix; les rôles que j’interprète aujourd’hui m’aideront plus tard, quand j’aurai 40 ou 45 ans. La voix se forge petit à petit pour obtenir un socle solide.» Pour chanter dans les années à venir Scarpia dans Tosca ou Nabucco chez Verdi.
Une façon pour lui de cultiver sa différence : « Etre chanteur, c’est savoir se différencier. »
Florian Sempey se présente comme un baryon français certes, mais italien vocalement. Il rappelle que l’art lyrique s’enseigne dans les conservatoires mais s’apprend sur la scène.
Question piège alors quand lui est demandé son modèle à suivre, dans son avenir, entre le français Ludovic Tézier ou l’Italien Leo Nucci. Florian Sempey ne prend pas parti : « Tous deux font une immense carrière chacun dans son registre différent. Je n’appartiens pas à ce qu’on appelle l’école du baryton français.»
Florian Sempey se dit aussi citoyen de ce monde et de notre pays, en observant les financements de la culture, tout en émettant des réserves : « Je ne crois pas que ce soit le rôle des artistes de faire de la politique. Je pense aussi qu’en France on a trop tendance à regarder ce qui ne va pas, même si depuis 20 ans, les budgets de la culture baissent. On a la chance aussi d’avoir des lieux subventionnés et des scènes nationales, pas uniquement celles d’opéra. Il faut soutenir toutes les formes culturelles. Bien sûr, si un théâtre devait fermer je me mobiliserais et chercherais des solutions. »

Bruno ALBERRO

 

En bref: On pourra entendre le baryton Florian Sempey dans :

  • Les Huguenots de Meyerbeer à Opéra National de Paris Bastille du 28 septembre au 24 octobre. infos
  • Lelio de Berlioz, à Musikverein Vienna, 10 et 11 novembre. infos
  • La Cenerentola de Rossini à l’Opéra National de Paris Garnier du 23 novembre au 26 décembre. infos
  • Il Barbiere di Siviglia de Rossini, à l’Opéra National de Bordeaux du 1er au 13 février 2019. infos
  • Récital à l’Opéra National de Bordeaux samedi 30 mars 2019 20 heures avec David Zobel au  piano. infos
  • Die Zauberflöte de Mozart, à l’Opéra National de Paris Bastille du 27 avril au 15 juin 2019. infos
  • Hamlet de Thomas, au Deutsch Oper Berlin les 24, 27, 29 juin 2019. infos

Photo © Cyril Cosson – Occurrence – 2018