Il a tout juste 29 ans et il se produit sur scène depuis 12 ans déjà. Ne croyez pas que le ténor Kevin Amiel se brûle les ailes, non au contraire, il gère à sa manière sa carrière. Il reprend à son compte la formule de Luciano Pavarotti : « Une carrière se construit avec 80% de Non. ». Ce qui ne l’empêche pas d’avancer avec assurance. Kevin Amiel dit que son caractère est celui d’un enfant du sud, forgé dans l’esprit de Toulouse. Sa saison se poursuit à l’Opéra de Bordeaux où il est à l’affiche dans Anna Bolena de Donizetti du 5 au 18 novembre.
Les vacances estivales de Kevin Amiel ont été courtes ; pour preuve, sa rentrée est déjà commencée. Le ténor toulousain a chanté Traviata au Théâtre du Capitole puis Candide de Bernstein à Marseille et Paris, il se prépare pour Anna Bolena dont il est à l’affiche à l’Opéra de Bordeaux du 5 au 18 novembre.
Ses quelques jours de liberté ont été réservés à sa famille et à ses amis : « Dans la saison, j’aurais quelques jours de repos aussi entre les productions. » Pour se détendre, Kevin Amiel pratique le sport, et plus encore les arts martiaux, et la lecture : « En fait, on travaille toujours un peu, car on a toujours un rôle à préparer. »
Il assure qu’il n’est pas du genre à se faire du mouron, pas d’angoisse sur l’avenir : « J’ai appris à prendre la vie comme elle vient. On sait que la vie de chanteur lyrique est difficile dans tous les cas. Et qu’il faut faire des concessions. Mais il faut aussi avoir du caractère. C’est certainement ce qui fait la différence aujourd’hui entre les chanteurs. Pour durer il faut apprendre à refuser des rôles. Pavarotti disait qu’une carrière se construisait à 80% en disant non. Ça m’est arrivé de refuser un rôle. Il faut aussi savoir expliquer à un directeur pourquoi on refuse et c’est le plus souvent compris. Quand on sait se défendre on est crédible. Bien sûr, si c’est un rôle que je dois chanter dans une quinzaine d’années et qu’on me propose une version courte pour un spectacle enfant par exemple, c’est différent.»
On a deviné que Kevin Amiel, (NDRL: Voix nouvelles aux Victoires de la musique 2018, révélation classique de l’ADAMI 2011, Lauréat du concours de Marmande, Béziers et de l’opéra de Marseille) ne laisse le soin à personne de dicter ses orientations, pas même ses agents : « Je les écoute, mais à la fin j’ai le dernier mot. »
Si Kevin Amiel est approché par les maisons italiennes ou allemandes, lui préfère se concentrer et progresser en France.
Un choix qui semble lui réussir, puisque sa saison s’annonce plutôt riche, sans prendre de risques avec sa voix; car il laisse peu de choses au hasard.
Depuis l’enfance et ses premiers cours de chant, Kevin Amiel sort des sentiers battus, hors des circuits conventionnels : école de musique, conservatoire régional et conservatoire national. Lui explique qu’il a choisi une autre voie : « J’ai appris le chant avec un professeur particulier. Les conservatoires ne forment pas aux réalités d’une carrière aujourd’hui. »
Pour lui, le métier a changé et les spectateurs aussi : « Avant le public venait écouter un chanteur, pas forcément pour voir un spectacle. Des chanteurs comme Pavarotti s’exprimaient par la voix et non dans une mise en scène. Aujourd’hui, nous sommes dans une société de l’image. C’est pour ça que les mises en scène sont confiées à des réalisateurs de théâtre. Pour le public, le visuel est important et c’est souvent au détriment de la qualité de la voix. L’opéra pour moi, c’est d’abord le chant avant que ce soit du théâtre. Ça semble être moins le cas. On constate que l’apparence et le physique sont très importants dans une distribution. C’est évident que si les chanteurs sont excellents et qu’ils soient bons acteurs, ce ne peut être que bien.»
Kevin Amiel prend les choses comme elles viennent et ne tirent pas de plans sur la comète : en particulier il ne s’est pas donné comme ambition de lire son nom à l’affiche des grands festivals comme Vérone, Salzbourg, Bayreuth, Aix ou les Chorégies : « Bien sûr, ça fait rêver de participer à ces rendez-vous. Pour les Chorégies, c’est fait : avec le concert ADAMI et Musiques en fête. Bien sûr, chanter dans une production au théâtre antique ferait plaisir. Si les choses doivent se faire, elles se feront. »
Photos crédit Océane AMIEL
La vidéo Kevin Amiel
En bref : Cette saison, on pourra entendre le ténor Kevin Amiel dans les maisons d’opéra françaises :
- Du 5 au 18 novembre à l’Opéra national de Bordeaux dans « Anna Bolena » opéra de Donizetti ;
- Du 17 au 29 décembre l’opéra comique de Paris dans « Hamlet » de Thomas ;
- Du 16 au 21 février à l’Opéra de Marseille dans « Faust » de Gounod ;
- Du 10 au 30 avril à l’opéra de Limoges dans « Macbeth » de Verdi ;
- Les 25 et 26 mai au théâtre de l’Odéon de Marseille dans « Duchesse de Gerolstein » d’Offenbach.
Renseignement à RSB Artist. Au Théâtre du Capitole de Toulouse à www.theatreducapitole.fr