Relativiser : cette synthèse ressort d’une rencontre avec le mezzo-soprano Sophie Koch. Après une ouverture de saison à l’opéra de Vienne dans « Ariane à Naxos » de Strauss puis dans Werther de Massenet, elle est attendue à l’Opéra de Marseille dans Candide de Bernstein ce dimanche 14 octobre. On sait sa carrière immense, on sait moins son investissement pour le Refuge Kol au Cambodge, dont elle est la marraine, à côté de son époux un des responsables de l’association. Le refuge Kol accueille actuellement 47 enfants. Une fois pas an, en famille, elle va donner de son temps à ces laissés pour compte.

Sophie Koch a des choses à dire sur sa carrière, les lieux où elle se produit, ceux où elle espère être invitée comme dans quelques festivals. On pourrait penser alors, que le mezzo-soprano français a de l’ambition malgré tous les succès obtenus au cours de ses quelque 25 ans de carrière qui lui ont permis de coudoyer les Ricardo Villazon, les Roberto Alagna ou Jonas Kaufmann.

Mais ce qui la touche vraiment n’est pas là, devant nous. Son cœur bat bien sûr pour les prochains rendez-vous lyriques, il bat aussi pour le refuge Kol dont elle est marraine. Un havre pour les laissés pour compte de cette bourgade à 60 kilomètres de Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Elle dresse le portrait d’un pays abandonné, placé sous le diktat de ses voisins chinois et vietnamien : « C’est un pays très pauvre. Ce n’est pas rare que les parents décident de s’expatrier en Thaïlande, alors ils attachent leurs enfants à la grille du refuge. De même, ce n’est pas facile d’avoir des enfants pour les femmes seules qui retrouvent un mari, alors ils abandonnent. Je l’ai vécu.»

Le slogan du Refuge Kol est : « Permettre à un enfant de vivre sa vie d’enfant. »  Tout est dit.

Sophie Koch se souvient de 2008 quand elle avait été sollicitée pour donner un concert  solidaire au théâtre Marigny à Paris : « Les responsables de l’ancienne structure m’avait contactée. En fait, c’était un refuge plus qu’un orphelinat, car les indigents pouvaient trouver à manger ou un lieu pour se reposer. Depuis cinq ans, mon mari a repris l’association. Le refuge accueille plus des enfants que des adultes et on les accompagne par un renfort scolaire. »

Le refuge Kol abrite 47 orphelins ou enfant abandonnés

Sophie Koch, mezzo soprano est marraine du Refuge Kol au Cambodge

Sophie Koch, mezzo soprano est marraine du Refuge Kol au Cambodge

Aujourd’hui l’association soutient 47 enfants orphelins ou abandonnés.

Sophie Koch essaie d’y aller régulièrement : «Comme notre fille à 13 ans nous ne pouvons y aller ensemble que l’été. Mon mari y va quatre ou cinq fois par an.»
Séjourner quelques temps au refuge Kol permet à Sophie Koch de relativiser : « On voit bien comme ça se passe dans une société de surconsommation, comme la nôtre. On vit dans l’apparence. Au refuge Kol, on est dans l’humain. Je sais bien que le refuge Kol est une goutte dans la mer, et je sais que la misère n’est pas qu’au Cambodge. J’étais au Brésil cette année, c’est pareil ; comme on trouve la même chose en Afrique. Mais, si tout le monde faisait un petit quelque chose, ce serait bien. »
Elle-même ne se sent pas le besoin d’être connectée : « Pour vous dire, je n’ai pas de site Internet, je ne suis pas sur les réseaux sociaux. »

Sophie Koch a choisi de vivre dans le concret et son implication dans le refuge est dans la logique des choses : « J’avais voulu adopter un enfant et je n’ai pas pu. Je me souviens des images des  massacres dans ce pays où 25 % de la population du pays ont péri. J’avais huit ans, ça m’a marquée. (NDRL : Le régime des Khmers rouges avec 1,7 millions de morts entre 1975 et 1979)»
Sophie Koch n’est pas du genre à se plaindre de sa situation, voire elle compatit avec la génération lyrique montante : « Si je pouvais recommencer ma carrière, je recommencerais, mais comme il y a 25 ans, quand j’ai débuté. Aujourd’hui, ca me semble plus difficile avec la mondialisation et la venue de chanteurs de l’Est, de Corée ou de Chine. Je ne crois pas pour autant que le niveau des chanteurs ait progressé. De tout temps, on s’est s’inspiré de la génération précédente. Ce qui a changé dans le métier c’est qu’avant il fallait aller dans les bibliothèques et emprunter des disques. Aujourd’hui, avec un clic on peut tout écouter et pour un même morceau plusieurs interprètes. »
Sophie Koch a de beaux projets pour les saisons à venir. On y reviendra. Si regrets elle devait avoir de sa carrière ce serait de ne pas avoir chanter au festival d’Aix-en-Provence.
Appel est lancé.

Bruno ALBERRO

 

En bref: Le mezzo-soprano Sophie Koch entame sa saison lyrique à Vienne dans « Ariane à Naxos » de Richard Strauss (à partir du 7 septembre), avant de retrouver le personnage de Charlotte dans Werther de Jules Massenet toujours encore à Vienne, les 25 et 28 septembre.
Le public français pourra l’entendre au Capitole de Toulouse du 4 au 14 avril dans « Ariane et Barbe Bleue » de Dukas.

 

Le refuge Kol : ses besoins ses objectifs

Le refuge Kol a pour marraine le mezzo-soprano Sophie Koch. Il se situe au Cambodge, à 60 km de Phnom-Penh, la capitale. Il se présente comme un foyer de l’enfance, implanté dans un village pauvre.

Avec un don de 20 euros, le refuge subvient aux besoins d’un enfant pendant un mois.

Le dispensaire emploie 9 personnes, ce qui permet à plusieurs familles du village de vivre. Un fonds de dotation a été créé en 2015 pour garantir sa gestion et son développement.

Outre Sophie Koch, les administrateurs du refuge sont Marie-Claire Petit, Didier Laclau-Barrere et Guy Spanghero.

Renseignement à www.le-refuge-kol.com