- Angelin Preljocaj joue avec les dualités dans Blanche-Neige qu’il présente au Grand Théâtre de Bordeaux jusqu’au 30 septembre. Comme ce conte de Grimm est intemporel le récit narratif du chorégraphe du Pavillon noir d’Aix-en-Provence ne prend pas une ride dix ans après sa création.
Tout a été dit, ou presque, à propos de Blanche-Neige créée en 2008 par Angelin Preljocaj, directeur et chorégraphe du ballet éponyme installé au Pavillon noir à Aix-en-Provence. Cette littérature est entrée vendredi au répertoire de l’Opéra national de Bordeaux et il est à l’affiche jusqu’au dimanche 30 septembre. Un début marqué et remarqué d’une collaboration de trois ans entre la maison aixoise et son homologue bordelaise.
Angelin Preljocaj joue des dualités dans cette chorégraphie inspirée par le conte de Grimm. Si l’enfant que nous sommes jubile de la mort de la reine sorcière et laisse couler une larme à la résurrection de la princesse, le chorégraphe montre que le bien ne peut exister sans le mal, que la bonté ne rayonne que face à la méchanceté qu’elle qu’en soit sa forme.
On se laisse porter autant par l’histoire descriptive et narrative, que par la musique de Gustav Malher aux symphonies déconstruites et reconstruites, comme ce monde d’apparence et d’apparat peint par Preljocaj. Si la reine veut être la plus belle, la princesse est séduite par une seule pomme, fût-elle rouge et brillante. Une pomme vulgaire était montrée à Ève par le serpent. Une fois encore la tentation fait basculer le monde. Alors la Reine arrogante et vexée est-elle la seule fautive ? Preljocaj nous dit que non. Sans doute faut-il regarder Blanche-Neige autrement que dans sa pure esthétique, il nous tend les clefs. A nous de les saisir. Elles sont proches, à les toucher, tout de suite derrière le premier plan ou derrière notre reflet dans le miroir symbolique. Notre premier ennemi c’est nous, raconte Preljocaj dans Blanche-Neige.
Et il tisse sa trame, convainquant, comme ses 26 danseurs. Et on a beau avoir vu, ou revu, la danse verticale des nains, on ne voudrait que jamais elle ne cesse.
Bruno ALBERRO
En bref: Blanche-Neige -neige par le ballet d’Angelin Preljocaj du vendredi 21 septembre au dimanche 30 septembre. Relâche le dimanche 23 septembre.
Renseignement au 05 56 00 85 95 ou à l’Opéra de Bordeaux.
