Leo Nucci à l’Opéra de Marseille, ce n’est pas nouveau comme chanteur ; comme metteur en scène, c’est une première. Lui qui a chanté plus de 300 fois ce rôle-titre met en vie Simon Boccanegra de Verdi, du mardi 2 au mardi 9 octobre, dans la maison phocéenne. La mise en scène se veut être une continuité dans sa carrière de chanteur lyrique.

Le baryton Leo Nucci confie volontiers qu’il n’est pas facile à diriger quand il est sous la coupe d’un metteur en scène. D’un sourire, il glisse qu’il attend des chanteurs de le suivre dans sa vision de l’opéra. Du mardi 2 au mardi 9 octobre, Leo Nucci est à l’affiche de Simon Boccanegra de Verdi, non comme chanteur mais comme metteur en scène. Inusable et affable, passionné et convaincant, sûr de son fait : certainement.

Mais aussi avec le sens des responsabilités, comme il l’explique : « Au moment des saluts ce sera différent, je porte la responsabilité collective du spectacle. Car le chanteur est soumis à l’appréciation de ce que le spectateur voit sur scène. » Responsable certes, vis à vis de l’équipe de réalisation, de la maison opératique qui lui fait confiance, de la distribution et de l’équipe technique, mais ça ne le rend pas inquiet pour autant. Il est vrai que l’ouvrage, Leo Nucci le connaît dans sa moindre note de l’avoir chanté plus de 300 fois, encore au printemps dernier à la Scala de Milan.

Car, près de 77 ans, Leo Nucci n’en a pas fini avec la scène, on l’attend à Verone, à Nice en production opératique, sans oublier quelques dates de concerts : « Vous me voyez me tourner les pouces chez moi. Ou jouer aux boules. Encore que là il faut gagner. Non, je vais continuer à travailler. »

Et vous allez chanter jusqu’à quand ? il émet une réserve : « Ce serait mieux d’entendre dire, c’est dommage que Leo ait mis à sa carrière, plutôt que d’entendre que c’est dommage qu’il n’ait pas arrêté avant. Non ? »

Il s’attriste quand on lui demande si sa génération, toujours en activité avec des rôles de premiers plans, ne fait pas d’ombre à la suivante : « C’est vrai que c’est un problème. Je ne sais pas si c’est dû à la formation. Mais beaucoup de chanteurs disparaissent à 50 ans. C’est peut-être aussi un problème de direction ou d’agent. Mais il y a un problème. On peut penser aussi que pour le public l’image a pris plus d’importance que la voix. Vraiment je ne sais pas ce qui se passe. »

Léo Nucci fouille et signe Simon Boccanegra de Verdi à l'Opéra de Marseille.

Léo Nucci fouille et signe Simon Boccanegra de Verdi à l’Opéra de Marseille.

Si secret il y a, celui de Leo Nucci serait la patience : « J’ai chanté Basilio (Le Barbier de Séville de Rossini) en 1967, à 25 ans, et j’ai attendu 10 ans avant celui de Figaro. Ca fait 40 ans que je chante Rigoletto ou Simon Boccanegra. »
Il raconte son apprentissage du trombone et du violoncelle pour mieux comprendre une partition. C’est pour ça aussi qu’il confie accepter la mise en scène et non la direction musicale d’un ouvrage : « Déjà étudier la partition ce n’est pas si simple et ça prend beaucoup de temps. » Et Leo Nucci se lève pour expliquer les légatos nécessaires de tels ou tels passages pour respecter les intentions du compositeurs : « Il faut que les déplacements respectent la musique. On chante aussi dans le mouvement. Les chanteurs, qui sont mes collègues, apprécient mes conseils. Ce n’est pas le Simon Boccanegra de Leo Nucci, c’est celui de Verdi et tout est dans la partition. Mais je dois tout surveiller : les costumes, la lumière, la scénographie, les maquillages. Pour moi, ça commence dans un labyrinthe. Simon Boccanegra a cherché sa fille pendant 26 ans. Et puis, il y a ce lien avec Petrarque et Fontaine-de-Vaucluse par cette lettre reçue. Comme il n’y a de Doge à Gênes. On ne peut pas changer cela. Ce qui m’intéresse, c’est le travail en répétition, de pouvoir expliquer et transmettre ma lecture de l’ouvrage. Pour ce Boccanegra, je souhaitais des tableaux. J’espère qu’à la fin le public emportera les messages.»
Leo Nucci rappelle que Simon Boccanegra est un ouvrage actuel : « C’est la capacité du peuple à gouverner et à choisir. L’opéra de Verdi est un rappel à l’unité de l’Italie. Aujourd’hui encore il y a des indépendantistes. C’est dans notre actualité de tous les jours. L’opéra de Verdi, ce n’est pas uniquement de beaux airs, c’est aussi un message universel. L’histoire  se passe en 1300. Pouvez-vous me dire si le monde a changé depuis ? On retrouve les mêmes problèmes avec les puissants d’un côté et le peuple de l’autre. Le peuple doit se souvenir qu’il a le pouvoir. Simon Boccanegra le rappelle.»

Bruno ALBERRO

 

En Bref  : Leo Nucci met en scène Simon Boccanegra de Verdi à l’Opéra de Marseille les 2, 5, 7 et 9 octobre. La direction musicale revient à Paolo Arrivabeni, devant les choeurs et l’orchestre de l’Opéra de Marseille. 
Amelia sera interprétée par Olesya Golovneva ; La servante d’Amelia par Laurence Janot ; Simon Boccanegra par Juan Jesus Rodriguez ; Jacopo Fiesco par Nicolas Courjal ; Gabriele Adorno par Ricardo Massi ;  Paolo Albiani par Alexandre Duhamel ;  Pietro, Cyril Rovery ; Un capitaine Christophe Berry.

Renseignement à l’Opéra de Marseille et à Leo Nucci.

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Le jeudi 15 novembre à 20 h à l’Opéra pour seulement 9 euros, et vivre une soirée musicale réservée aux moins de 28 ans autour de la thématique de la nature dans la musique avec des airs d’opéras, opérettes mais aussi de musique symphonique. L’Opéra de Marseille crée pour l’occasion un Village étudiant dans le Grand Foyer où diverses associations étudiantes seront présentes.

Fortisimo propose aussi des places à 10 euros, dans la limite des places disponibles, pour assister à la représentation de Simon Boccanegra. 

Renseignement à Fortissimo