Depuis 2014, Emio Greco codirige le Ballet national de Marseille avec Pieter C. Scholten. Ensemble, dimanche 7 octobre, ils présentent Boléro et Extramalism-Extracts à l’Opéra-Confluence à Avignon. Emio Greco évoque la danse d’aujourd’hui.

Le Ballet national de Marseille s’installera dimanche à l’Opéra-Confluence à Avignon pour présenter Boléro et Extemalism-Extracts, deux pièces chorégraphiées par Pieter C. Scholten et Emio Greco. Ce dernier rappelle que Boléro est une pièce ancienne créée quand les deux danseurs chorégraphes ont  ouvert ICK à Amsterdam, un centre chorégraphique international. Dans le courant du renouveau de la danse des années 1990.
Emio Greco ne voit pas de limite à l’évolution de cet art, pas même physique ou physiologique : « En 1990, cette forme de langage représentait une vague. La danse est un langage, une forme d’expression. Le corps est le premier ami et le premier ennemi de la danse. Mais comme le corps a des limites, il faut les briser. La technique évolue constamment, mais la technique se créé avec le rythme et la respiration. » Il met en avant les corps en danger trop tôt : « On voit trop de jeunes danseurs ou danseuses très brillantes mais qui au bout de trois ans doivent arrêter et ne font pas carrière. Là aussi il faut laisser le temps au physique de se façonner. La danse est un art par une performance. »
Reprendre le Boléro quand le public a dans les yeux les versions du ballet Nijinska ou du ballet de Béjart, n’est-ce pas un risque pour Emio Greco : « D’abord, notre version tourne et a été vue. Au départ, il était écrit pour un solo. Et puis comme une partition est écrite pour piano pour être orchestrée, le Boléro a aussi été réorchestré pour un ballet. C’est complexe car on touche à l’humain et qu’il y a des contraintes spécifiques pour que le ballet entre en résonnance. »
Dans sa tête, Emio Greco est resté un saltimbanque : « C’est vrai qu’on pourrait s’installer dans un certain confort. Et puis en plus de  Marseille, j’interviens toujours à Amsterdam. Le rôle de l’artiste est de créer et de se remettre en cause en permanence. Parfois on est tenté de placer dans la chorégraphie des choses déjà faites et qui marchent. Mais non, on doit se renouveler, c’est pour cela que la danse n’a pas de limites. Il faut comprendre que le danseur ou le chorégraphe doit disposer d’un temps de recherche. Alors qu’aujourd’hui, le plus souvent on nous demande d’aller très vite et d’être efficace. C’est facile de faire des choses qui plaisent au public, mais on doit pouvoir proposer autre chose et il faut du temps.»
A cela, Emio Greco pose aussi des limites : « On l’a vu aussi dans la seconde moitié du XXe siècle, tous les arts ont voulu s’affranchir du public, écrivains,  peintres, ne pas écrire pour le public pour être plus libre. On devrait considérer cette période comme celle d’une recherche nécessaire. Ce qui est important dans la création, c’est la sincérité, il faut avoir cette foi artistique et visionnaire, mais non comme une vision dogmatique car ce sera une forme de vérité absolue. Si on se laisse transporter par le désir de l’autre, on se sert de la passion pour sortir de son confort. »
Que ce soit pour l’artiste créateur ou le public.

Bruno ALBERRO

En bref : Le Ballet national de Marseille présente le Boléro de Ravel et Estremalism-Extracts à l’Opéra-Confluence à Avignon, dimanche 7 octobre à 16 heures. 

Renseignement au 04 90 14 26 40 ou à Opéra du Grand-Avignon