A 22 ans, le ténor Jean Miannay a remporté le concours Raymond Duffaut, organisé par l’Opéra du Grand-Avignon. Plus qu’une prime substantielle, ce concours lui a permis de nouer quelques contacts pour sa carrière. En attendant, il envisage de poursuivre sa formation, mesurant tout le travail à faire et le chemin à parcourir dans le milieu du chant lyrique.

Et le gagnant du concours  « Raymond Duffaut » est : Jean Miannay.

Le nom du ténor de 22 ans a été retenu par le jury de l’opéra du Grand-Avignon qui, du 26 au 29 septembre, a écouté quelque 90 candidats représentant une dizaine de pays. Il succède à Hélène Carpentier, lauréate l’an passé.
Malgré les lauriers, le jeune chanteur reste lucide. Il s’est dit qu’il allait continuer et finir sa formation, même s’il convient que cette victoire lui a permis d’ors et déjà de nouer quelques contacts. A son agenda, Jean Miannay a coché Lausanne et Fribourg qui l’entendent et il doit passer en audition pour incarner Tomino dans « La Flûte enchantée » de Mozart.
Il explique que participer à des concours permet de lui faire monter le taux d’adrénaline :« C’est très différent qu’un travail avec son professeur. Le concours permet de se présenter devant un public. Et comme c’était un concours pour jeunes chanteurs, on sait que la voix n’est pas encore aboutie. On espère que le jury tiendra compte qu’il y a beaucoup de travail encore. On sait qu’il a des chanteurs »

Sur scène, devant un jury ou un public, il essaie d’être au mieux artistiquement : « Je fais en sorte de penser à ce que je fais et de ne pas fixer uniquement sur la voix. Il me semble que c’est le plus important de montrer qu’on est aussi acteur et d’avoir la meilleure expression. Mais quand je suis sur scène je ne pose de questions. Je ne me connais pas moi-même, je suis en recherche de l’abandon total. »
Jean Miannay raconte qu’il ne voit pas les autres concurrents comme des adversaires : «Non ! ce sont des copains ; je prends ça comme des super rencontres artistiques et humaines. Au contraire, même de les entendre, certains m’ont donné des idées ou m’ont inspiré. Inspiré, ça ne signifie pas de les copier, mais c’est regarder une autre voie. »
Comme il ne cherche pas à imiter les grands de la scène lyrique d’hier et d’aujourd’hui :  « Pour moi Pavarotti est exemplaire, Alagna est moderne, il a un chant simple et sain, Kaufmann je suis partagé mais je l’écoute tous les jours. J’aime le timbre.»
Il sait le travail à fournir et le chemin à parcourir, avant d’arriver à leur notoriété. Jean Miannay se souvient  qu’il a découvert l’art lyrique assez tard : « Mes parents n’écoutaient pas d’opéra. Et je n’avais pas été initié. C’est peut-être pour cela qu’il a un décalage entre le public d’opéra et les jeunes chanteurs lyriques sur scène. Pour ma part, j’ai découvert l’opéra par hasard. Je trouve néanmoins qu’il y a de plus en plus de jeunes dans les salles. Je pense que c’est un problème d’image de l’opéra et une méconnaissance. Il faut inviter les jeunes à venir et susciter leur curiosité et ils verront que leurs à-priori sont erronés. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Estelle Vidon