Tout juste 40 ans et dont vingt ans de carrière. Pour un ténor de premier plan cette longévité devient assez rare. Florian Laconi attend maintenant les rôles importants de sa tessiture, à fouille chez Offenbach ou Verdi. Il se donne cinq ans avant d’endosser la toge de Radâmès et dix ans avant de brandir le sabre d’Otello. En attendant, le Messin se produira à Saint-Etienne et quatre fois à Avignon, dont le 28 octobre dans une soirée de mélodies italiennes.

Il avait tout juste 30 ans que Raymond Duffaut lui confiait le rôle-titre de Vincent de Mireille, opéra de Gounod, aux Chorégies d’Orange. Dix ans plus tard, à 40 ans, Florian Laconi se prépare pour les costumes marquant les rôles les plus prestigieux des ténors verdiens comme Radâmes dans Aida ou Otello dans l’opéra éponyme. Il glisse que pour le premier, il doit patienter quatre ou cinq ans, huit à dix pour le second. Florian Laconi évoque dans un premier temps aborder Cavalleria Rusticana ou Turandot. Il dit clairement que sa volonté est de durer : « On peut rêver de chanter sur les plus grandes scènes. On ne me l’a pas demandé, c’est que la rencontre ne s’est pas produite. En tout cas en vingt ans, on m’a offert de beaux rôles dans de belles productions. C’est une riche consolation, c’est ce que je retiens. Et puis, vous savez quand on monte très haut et qu’on tombe on tombe aussi de très haut. Je n’ai pas à me plaindre. Ca fait vingt ans que je chante. Ce n’est pas tous les ténors ou même tous les chanteurs lyriques n’ont pas cette chance. »

Il regrette que certains chanteurs plus jeunes que lui se grillent la voix avec des rôles trop lourds, il regrette surtout ces formes de jeunisme d’avoir sur scène des chanteurs à l’âge du rôle : « Ce n’est pas possible sans prendre de risque pour les voix. C’est important d’avoir la résistance nécessaire pour tenir sur toute la longueur de l’opéra. Et la résistance s’acquiert avec l’âge et le travail. »
Florian Laconi fait souvent référence à la génération précédente pour progresser : « Je me souviens que jeune chanteurs j’ai pu travailler avec des artistes qui avaient côtoyé des chanteurs très connus et qui faisaient part de leur expérience. Nous sommes aussi dans la transmission. »
Cet esprit il le défend aussi en se produisant avec de jeunes chanteurs comme cet été à Gordes dans une soirée Offenbach mais aussi en l’associant à la tournée des Voix nouvelles.
D’ailleurs, sur le tard, Florian Laconi se verrait bien jouer les chanteurs-conseils : « Oui, ça me plairait bien. »
En attendant, d’ici la fin de l’année, Florian Laconi est à l’affiche quatre fois à l’Opéra du Grand-Avignon et une fois à Saint-Etienne dans une reprise d’Hérodiade de Massenet donné l’an passé à Marseille.
Dans le programme avignonnais on peut lire entre autres concert des Trois ténors : on peut imaginer aisément que c’est un clin d’œil à ses aînés Pavarotti, Domingo et Carreras. Il regrette que cette pochade humoristique n’a pas été comprise par tous et que d’aucuns n’ont retenu qu’une forme de prétention : « On a reçu des commentaires sur les réseaux sociaux d’une rare violence, en nous demandant pour qui nous nous prenions. En fait, nous sommes trois copains ténors et nous avions envie de nous amuser. D’ailleurs il y a des airs d’opéra mais aussi de la comédie musicale. On a eu idée de monter un programme et voilà. Et pour pousser le clin d’œil jusqu’au bout on finira par le Nessun Dorma ( NDLR : de l’opéra Turandot de Puccini. L’air de fermeture des concerts de Pavarotti et des Trois ténors).»

Florian Laconi dans Hérodiade de Massenet à l’opéra de Saint-Etienne. Photo Christian DRESSE 2018

L’amitié a un sens chez Florian Laconi. Tout au long de la rencontre, il ne cesse d’évoquer l’esprit de troupe nécessaire pour une bonne harmonie sur le plateau : « C’est cet esprit de troupe qui permet de rompre avec la solitude. Je pense qu’il est important de se connaître bien. Pour cela, il faudrait que les chanteurs prennent le temps de prendre de temps en temps leur repas ensemble. Cette relation se ressentirait sur le plateau pour traduire, l’amour, la haine et les passions. »

On sait aussi que Florian Laconi défend son art, notamment quand il a sorti l’étendard pour maintenir les deux maisons opératique de Lorraine, à Nancy et Metz. Ce qu’il aimerait maintenant c’est que les volumes de productions de chaque maison augmente : « Quand j’entends d’un directeur qu’il a refusé l’équivalent de cinq salles pour Carmen de Bizet, je dis que ce n’est pas normal. Deux dates pour un opéra comme Carmen ce n’est pas assez. En faudrait entre cinq et huit. On commence à bien entrer dans son personnage à la troisième ou quatrième représentation. Bien sûr, les chanteurs verraient les cachets à la baisse, mais on est là aussi pour se produire sur scène, on chante on n’est pas des répétiteurs. Et puis, sur les cachets on aperçoit les changements avec la baisse des subventions. Au début on nous a dit que nos cachets ne bougeraient pas, maintenant ils baissent. »

Bruno ALBERRO

 

Prochain concert en bref :

Dimanche 28 octobre à 16 heures, au Théâtre des Halles, en clôture de la Semaine italienne en Avignon, le ténor Florian Laconi donnera Chiaro di Luna. Ce concert  pour ténor et guitares présente des airs d’origines méditerranéennes, de la sérénade italienne, Aix airs d’opéra et aux chants traditionnels.

Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon

Où entendre Florian Laconi ?

  • Le 28 octobre dans « Chiaro di Luna » au Théâtre des Halles à Avignon ;
  • Les 14, 16 et 18 novembre dans Hérodiade de Massenet l’Opéra de Saint-Etienne ;
  • Le 9 décembre dans Les 3 Ténors français à Avignon ;
  • Les 28, 30 et 31 décembre dans Orfée aux enfers d’Offenbach à Avignon ;
  • Les 1er, 3 et 5 février dans Tosca à Metz ;
  • Les 8, 10, 12 et 14 mars dans la Flûte enchantée de Mozart à l’Opéra de Tours ;
  • Les 12, 14 et 16 juin dans Carmen de Bizet à l’Opéra de Saint-Etienne.

Renseignement à Florian Laconi