L’Opéra de Toulon rendra hommage aux victimes de la Grande Guerre en donnant le Requiem de Mozart les 9 et 11 novembre. Parmi les solistes invités, on pourra entendre le contre-alto Yael Raanan-Vandor, elle chante ce vendredi 26 et ce samedi 27 octobre au Capitole de Toulouse.

Yael Raanan-Vandor est contre-alto. On peut l’entendre ce vendredi et ce samedi au Capitole de Toulouse dans un récital consacré  à la compositrice Lili Boulanger (1893-1918). Elle est aussi invitée par l’Opéra de Toulon à chanter le Requiem de Mozart dans le cadre du centenaire de l’armistice de 1918, les 9 et 11 novembre.

Si de loin, on peut imaginer que les sopranos sont plus en vue que les contre-altos, ce n’est pas le cas de Yael Raanan-Vandor qui se plaît dans sa tessiture : «Il y a de nombreux rôles pour nous et je suis contente de notre répertoire. Je n’aurais pas préféré être autre chose. » Forcément, elle évoque le rôle de Dalila de l’opéra de Saint-Saëns, point d’orgue de sa voix : « Ce n’est pas impossible, mais je ne sais pas comment va évoluer la voix. En tout cas, c’est un rôle envisageable, mais pour tout de suite. »

C’est aussi cette notion au temps pour aborder certains personnages qui lui plaît : « Il faut savoir être patiente, avoir une maturité de la voix. C’est aussi agréable d’attendre. »

Yael Raanan Vandor

Yael Raanan-Vandor chantera le Requiem de Mozart à l’Opéra de Toulon

Elle explique qu’elle trouve ses références chez les artistes de la génération précédente : « J’aime beaucoup Kathleen Ferrier mais aussi Birgit Nilsson et d’autres, même si elles ne sont pas de ma tessiture. » Et elle avoue une préférence pour les compositions du début du XXe siècle.

Elle tord aussi le coup aux idées reçues  et avoue avoir  un faible pour la musique de Richard Wagner, lui qui a été honni jusqu’en 2001 en Israël jusqu’à ce que le célèbre maestro et pianiste, Daniel Barenboïm, ait brisé le tabou (NDLR : le 2 septembre, la radio publique d’Israël a présenté ses excuses pour avoir diffusé un morceau de Richard Wagner, compositeur apprécié d’Adolf Hitler) : « Je pense qu’il faut faire une distinction entre le personnage et le compositeur. Et puis Daniel Barenboïm l’a dirigé. Il est un peu Israélien mais tout à fait juif. »

Comme Yael Raanan-Vandor, bien qu’elle dise qu’elle n’est pas religieuse : « Mais je suis les traditions laïques et les fêtes juives. Je lis cette littérature, pas forcément les textes sacrés. Beaucoup d’auteurs ont écrit sur Israël et la culture juive. J’ai trois filles que j’élève aussi dans cette culture, je leur parle en hébreu. Je les emmène à la synagogue de temps en temps, pour voir. Ensuite, elles feront leur choix.»

Son mari est goy, dit-elle. Il est très intéressé par le judaïsme.  Elle glisse que le judaïsme est comme la musique : le questionnement est permanent.

Quand on lui demande une définition de la mère juive et si elle existe, Yael Raanan-Vandor sourit : « Je crois que ça existe : j’imagine que c’est vrai. On dit qu’elle est omniprésente, peut-être trop présente. »

Juive ashkénaze, elle regrette que la langue yiddish ait quasiment disparu avec le génocide nazie de la Seconde Guerre mondiale : « C’est un pan de cette culture qui a été effacé dramatiquement. C’était une richesse. C’est vrai qu’il y avait aussi cette culture de la musique, même si tout le monde ne pratiquait pas, Il n’y avait pas d’obligation, seulement un intérêt.»

Yael Raanan-Vandor assure ne jamais avoir souffert d’antisémitisme : « Je suis partie en Israël avec ma mère quand j’avais un an et je suis revenue en France à l’âge de douze ans. Je n’ai pas de sentiment de crainte, mais je suis consciente que l’antisémitisme existe, je suis plutôt confiante. »

Elle évoque aussi l’alya, le retour des juifs en Israël : « On peut comprendre que certaines personnes ont préféré partir. Mais il faut savoir que beaucoup reviennent aussi en France après quelques années. La vie est dure là-bas. »

En tout cas, son parcours musical n’est pas linéaire, Yael Raanan-Vandor a commencé par le piano, puis la contrebasse. Elle découvre le chant vers 16 ans : « J’ai tout de suite été attirée par l’expression classique. » Si elle a commencé par les petits conservatoires, elle a appris l’art lyrique avec un professeur privé avant de rejoindre la Schola cantorum de Paris et Nadine Denize : « J’ai rejoint ensuite le Chœur de Nantes et là j’ai rencontré le baryton Jean-Philippe Ellouet qui est maintenant à Montpellier et qui a été mon professeur de chant. Je lui dois beaucoup.» 

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Lauren Kimm- Minn

 

Où entendre Yael Raanan-Vandor ?

  • Les 26 et 27 octobre  Concerts Lili Boulanger au Théâtre du Capitole de Toulouse ;
  • Les 9 et 11 novembre  Requiem de Mozart  à l’Opéra de Toulon sous la direction de  Jurjen Hempel, avec la soprano  Anna Maria Sarra, le ténor  Marco Ciaponi et la basse Edwin Crossley-Mercer, l’Orchestre de l’Opéra de Toulon et le Chœur de l’Opéra de Toulon.

Renseignement à Yael Raanan-Vandor