Chloé Dufresne, étudiante Erasmus, termine sa dernière année au Conservatoire national supérieur de musique de Paris pour être diplômée de la Sibelius Academy en Finlande. Elle se destine à devenir chef d’orchestre en concourant d’abord pour devenir assistante d’une grande maison. Cet été, elle est attendue au festival de Bayreuth où elle est invitée à suivre ce festival Wagner. Elle livre ses sentiments sur le rôle de directeur musical comme celui d’un fédérateur auprès des musiciens.
Chloé Dufresne s’était donnée comme objectif de réussir le concours qui lui permettra de devenir chef assistant d’un maestro. Pour l’instant, elle atteint la demie finale ou la finale. La Montpelliéraine a eu l’idée de tenir une baguette de chef à l’âge de 10 ans, alors qu’elle avait commencé la musique un peu plus tôt en rejoignant la maîtrise de l’Opéra de Montpellier : « Au départ, je voulais devenir chef de chœur.» D’une pirouette, elle glisse : « C’est peut-être qu’enfant j’avais déjà du caractère. »
Bien qu’elle n’imagine plus de chef autoritaire comme le passé en a connu : « Je crois qu’il y en a plus. Le chef d’orchestre est plus un coordinateur. Il doit favoriser le dialogue avec les musiciens et les fédérer autour d’une idée. »
Faire adopter une lecture d’une partition à un ensemble, Chloé Dufresne n’y voit pas une grande difficulté : « Ça dépend des orchestres. Mais les musiciens professionnels sont habitués à des changements de chef et à s’adapter à de nouvelles conceptions de l’ouvrage. »
Quand on lui demande si au milieu de la phalange elle ressent les musiciens réticents à ses interprétations elle répond : « Certainement, mais à un moment donné, tous les musiciens font de la musique ensemble, ils sont tous l’oreille musicale et veulent que le concert ou la soirée soit une réussite. Il faut donc suivre le chef. »
Pour Chloé Dufresne, une des clefs pour se faire accepter par les musiciens, c’est d’avoir l’adhésion des timbales et des contrebasses : « C’est le socle de l’orchestre, ce sont eux qui permettent d’accélérer ou de ralentir. C’est toujours plus difficile de faire ralentir. »
La jeune chef a suivi un cursus Erasmus, en prenant le chemin inverse des habitudes où l’étudiant commence dans son pays pour finir à l’étranger. Elle, elle a opté pour la Sibelius Academy en Finlande, avant de venir France pour suivre sa dernière année de son master au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Son diplôme sera signé de l’école d’Helsinki d’où sont sortis des chefs comme Mikko Franck, qui dirige le Philharmonique de Radio France.
Si elle se dit fière et honorée que le pupitre de la direction s’ouvre de plus en plus aux femmes, la jeune fille ne se dit par prête à féminiser son titre de chef à cheffe. Au titre, elle préfère faire ses preuves à la baguette : « De plus en plus les orchestres sont habitués à être dirigés par des femmes. Je crois surtout que la différence entre un homme et une femme se situe ailleurs. Je crois surtout qu’on pardonnera moins les erreurs à une femme. »
Si Chloé Dufresne cite quelques modèles de directeur musicaux, elle ne veux surtout pas les copier : « Ce serait la pire des choses à faire. Ce qui est important dans la gestique, c’est de faire passer les sentiments et de transmettre des choses auxquelles tout le monde ne pense pas. Il faut parvenir à s’approprier une gestique propre.»
Elle juge important que le chef d’orchestre soit aussi musicien : « Pour ma part, j’ai joué de l’alto. Ça me semble essentiel de pourvoir pratiquer un instrument pour mieux expliquer ce qu’on attend. Si on ne joue pas : « Ca me paraît délicat de dire : ça ne va pas. D’ailleurs je ne crois pas qu’il y ait des chefs qui n’aient pratiqué que le solfège.»
S’il y a un répertoire que Chloé Dufresne apprécie particulièrement c’est la création : « J’ai eu la chance de participer à trois. Ce qui est bien c’est d’avoir le compositeur à portée de main.»
En bref :
Chloé Dufresne sera au festival de Bayreuth du 14 au 19 août. Cela fait suite à l’organisation du festival qui invite des musiciens de divers pays. Chloé Dufresne sera sous la bannière de la Finlande où elle suit ses études : « Nous assisterons à trois représentations, mais aussi aux répétitions et ça nous permettra de faire des rencontres. Pour moi, c’est fabuleux. je pourrais voir la fosse d’orchestre comme l’a conçue Richard Wagner avec les premiers violons à droite et les seconds à gauche. A l’inverse d’ici. »
Où voir diriger Chloé Dufresne :
Avec l’Orchestre inter universitaire de Paris :
- En mai, Chloé Dufresne est présélectionnée pour le concours de chef d’orchestre de Besançon ;
- En août, direction de Norma de Bellini en Estonie ;
- En septembre, direction d’un opéra pour enfant à Helsinki ,
- En septembre, direction d’un opéra pour jeune public à l’opéra de Toulon ;
- En novembre à l’Opéra de Rouen, comme chef de choeur dans le Barbier de Séville de Rossini ;
- Le 11 janvier pour un concert à la Philharmonie de Paris.
Renseignement à Chloé Dufresne