Eléonore Darmon a choisi le violon car il parle à l’âme. Son premier disque est prévu le samedi 15 décembre prochain. L’artiste évoque cette vie entre une carrière de soliste ou celle de musicien d’orchestre avec comme seul passion la musique dont elle parle sans détour.

Dans la famille Darmon, on compte deux sœurs violonistes. La cadette, Violaine, est soliste à l’Orchestre de Nice. Eléonore préfère les concerts et elle a découvert l’univers de l’Orchestre il y a peu de temps. Son expérience au Conservatoire national supérieur de Paris l’avait quelque peu rendu réticente à s’engager vers la filière des musiciens d’orchestre. Avec le recul elle évoque la complémentarité qu’apporte le jouer ensemble, alors qu’elle rappelle que depuis toute petite, à toutes les techniques imposées, Eléonore  préférait travailler avec ses oreilles pour trouver le son qu’elle voulait restituer. Du caractère vous dis-je. Elle qui ne voudrait que se consacrer à la pratique de la musique pour la musique, elle se sent obligée de passer par les fourches caudines de la modernité en allant sur les réseaux sociaux et enregistrer des clips pour se  montrer ou en préparant un disque  pour se faire entendre. Une façon pour Eléonore Darmon de défier le temps.
Ne la croyez pas passéiste ou postmoderne, pour elle le temps est présent : « Bien sûr, on doit parfois anticiper ou se projeter mais vivre le présent rend plus libre. » Elle a commencé la musique par le piano : « Quand j’ai entendu le violon, j’ai ressenti que c’était une voix, celle de l’expression de l’âme. Même si cet instrument n’était pas polyphonique au départ, même si le répertoire est moins important qu’au piano, il a été écrit beaucoup de belles choses pour lui. »

Eleonore Darmon, violoniste

Eleonore Darmon a enregistré Tea Time dont la sortie est annoncée le 15 décembre

Contrairement à sa sœur cadette qui a rejoint jeune l’Orchestre de l’Opéra de Nice, Eléonore Darmon confie avoir bouder cette vie d’orchestre : « Ma sœur c’était différent, elle s’est mariée jeune et elle a eu un enfant jeune, la vie d’orchestre est plus stable. »
Fontaine je ne boirais pas de ton eau. Eléonore Darmon a passé ses concours d’orchestre à 25 ans. Le temps a joué en sa faveur et a effacé les impressions laissées par sa formation au Conservatoire national supérieur de Paris. Elle choisit avec soin son vocabulaire pour livrer son insatisfaction. Elle préfère retenir sa seconde expérience au sein de l’Orchestre du Capitole de Toulouse : « En fait c’est complémentaire, on apprend à écouter les autres. En étant dans l’orchestre et quelque soit le pupitre soliste ou toutiste, premier ou second violon, on comprend mieux la relation avec le concertiste invité. On devrait tous jouer à tous les pupitres, ça aiderait à nous comprendre et à jouer ensemble. Mais en France en particulier on aime bien placer les gens dans des cases.»
Pour ne plus en sortir ?
A la question qu’est-ce qui fait une carrière ? Eléonore Darmon laisse un blanc avant de répondre : « Pour moi, c’est une question de relation, de chance certainement. C’est aussi une question de caractère. Certains arrivent au conservatoire avec l’ambition de réussir une carrière internationale. Ils savent ce qu’il faut faire pour rencontrer telle ou telle personne, choisir tel agent, aller ici plutôt que là car ça peut les aider. »

Eleonore Darmon, violoniste

Eleonore Darmon se produit aussi comme soliste avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse.

Et le public suit la médiatisation ? «Oui, le public va écouter quelqu’un dont on parle beaucoup, même si ce n’était le meilleur ou la meilleure. Aucune aide ne forme le caractère. A 14 ans, je savais ce que je voulais. »
Elle raconte qu’elle voulait restituer des sons qu’Eléonore Darmon enregistrait dans ses oreilles en écoutant ses références artistiques comme Anne-Sophie Mutter : « J’ai eu un professeur qui m’a dit que la technique n’existe pas il faut trouver le son par soi-même, à l’intérieur de soi. »
Eléonore Darmon est consciente des difficultés aux artistes pour se produire et qu’eux-mêmes ont un rôle à jouer dans la diffusion : « C’est simple comme analyse mais sans public il n’y a pas de concert. ».
Il faut trouver les moyens et parfois aller contre nature, analyse Eléonore Darmon qui se fait quelque peu violence pour aller vers les moyens de diffusion Internet ou discographique. Elle prépare d’ailleurs des clips des pièces qui sont enregistrées sur son premier CD de miniatures avec le pianiste Antoine de Grolée : « C’était régulier qu’on me posât la question à propos de l’enregistrement d’un disque.»
Ils l’ont baptisé Tea Time, et il est attendu le 15 décembre dans le cadre des Nocturnes de Laude.

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Stefan Lefèvre

La vidéo d’Eléonore Darmon

Le coin CD
Le concert de sortie de l’album Tea Time, enregistré par la violoniste Eléonore Darmon et le pianiste Antoine de Grolée aura lieu samedi 15 décembre à 20 heures dans une maison particulière du 14e arrondissement de Paris, en symbiose avec l’esprit du CD et dans le cadre des « Nocturnes de Laude ». Le nombre de places étant limité, la réservation est obligatoire via ce formulaire.
Tea Time abrite des miniatures comme Sicilienne de Maria Théresia von Paradis ;Prélude et Allegro de la  Gitana de Fritz Kreisler ;Danses populaires roumaines de Béla Bartók ;Valse triste de Franz von Vecsey ; Valse sentimentale de la Mélodie Souvenir d’un lieu cher de Piotr Ilitch Tchaïkovski ;Méditation de Thaïs de Jules Massenet ;Les chemins de l’amour de Francis Poulenc ; Après un rêve de Gabriel Fauré ;Mélodie d’Orphée de Christoph Willibald Gluck ; Cantabilede Niccolò Paganini ; Danse espagnole La vida brève de Manuel de Falla ;de Romance andalouse de Pablo de Sarasate ; Estrelitta de Manuel María Ponce Jalousie et Jacob Gade.

Où entendre Eléonore Darmon ?

  • Le vendredi 23 novembre à 20h30 à la Philharmonie de Paris, avec l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck avec Khatia Buniatishvili au piano, Gvantsa Buniatishvili au piano et Claude Delangle au saxophone avec au programme La Valse (version deux pianos) de Maurice Ravel ;  Concerto pour deux pianos et orchestre de Francis Poulenc ;  Rhapsodie pour saxophone de Claude Debussy ;  Daphnis et Chloé, suite n°2 de Maurice Ravel.
  • Le samedi 24 novembre 20h à la Halle aux grains à Toulouse,avec l’Orchestre philharmonique de Radio France dirigé par Mikko Franck avec Khatia Buniatishvili au piano, Gvantsa Buniatishvili au piano et Claude Delangle au saxophone avec au programme La Valse (version deux pianos) de Maurice Ravel ;  Concerto pour deux pianos et orchestre de Francis Poulenc ;  Rhapsodie pour saxophone de Claude Debussy ;  Daphnis et Chloé, suite n°2 de Maurice Ravel.
  • Dimanche 25 novembre 16h30 à l’Église Saint-Ephrem de  Paris, avec
    Timothée Marcel au violoncelle et Elio di Tanna au piano pour un programme Trio avec piano de Schubert et le Trio avec piano de Rachmaninov.
  • Les jeudi 29 novembre 10h & 14h30, vendredi 30 novembre  à 10 heures et dimanche 2 décembre à 10h45 & 13h au Halle aux Grains à Toulouse, comme 1er violon solo de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse avec Christophe Mangou, direction et François Terrieux, direction de chœur ; Au programme Ma Mère l’Oye de Maurice Ravel ; Mister Scrooge, cantate pour choeur d’enfants de Steve Pogson ; Le bonhomme de neige de Howard Blake.
  • Le samedi 15 décembre  Les Nocturnes de Laude Paris XIVe,
    Avec Antoine de Grolée au  Piano, concert pour la sortie de l’album Tea Time ;
  • Le lundi 31 décembre, Église de la Madeleine de Paris, Orchestre et direction, Paul Kuentz
    Concerto pour violon et orchestre op. 35 en ré majeur de Tchaikovski ;
  • Le samedi 16 mars 2019 à Ploemeur l’Océanis, boulevard François Mitterrand ; Orchestre et direction, Paul Kuentz au programme Concerto pour violon et orchestre No. 1 en sol mineur de Bruch.

Renseignement à Eléonore Darmon