Lorrie Garcia est de Marseille, elle a découvert l’art lyrique en étant figurante à l’Opéra de sa ville. C’est là aussi où la mezzo-soprano s’est formée au conservatoire, où elle a fait ses premiers pas dans une opérette. Aujourd’hui elle parle de son métier, des solitudes rencontrées et de ses projets. 

Lorrie Garcia est attachée à Marseille sa ville natale, même s’il faut tendre l’oreille pour déceler des pointes de cet accent singulier : « Je ne cherche ni à le cultiver ni à l’effacer, c’est ma voix naturelle.»

Si d’aucuns ont choisi la Capitale pour être au plus près d’une vie culturelle multiple, Lorrie Garcia confie que pour vivre de son art Marseille lui va très bien. N’hésitant pas à préciser qu’elle y a ses amis ses parents, la mer et le soleil. Et que somme toute, avec les moyens modernes, tout est simple au départ de la Cité phocéenne. Elle va même à dire que si elle n’avait plus qu’une seule fois à chanter sur scène, l’Opéra de Marseille aura sa préférence, bien qu’elle ait pris quelques secondes avant de répondre. Il est vrai qu’à l’aurore de sa carrière, la mezzo-soprano peut encore rêver à des salles uniques par leur notoriété ou à de grands festivals.
Elle donne une raison à ce choix drastique : « C’est là où j’ai commencé. A l’époque je chantais du jazz et j’avais été retenue comme figurante dans Lucia di Lammermoor de Donizetti. J’ai découvert l’opéra de cette façon et j’ai décidé à ce moment-là que je serai chanteuse lyrique. J’ai commencé par l’opérette à l’Odéon de Marseille. Je trouve que c’est très formateur pour se sentir sur scène et jouer en mesure avec un orchestre.»

Le mezzo Lorrie Garcia de Marseille en concert à Paris le 12 décembre. Photo crédit LeMoque Photographie

Le mezzo Lorrie Garcia de Marseille en concert à Paris le 12 décembre. Photo crédit LeMoque Photographie

Là aussi elle est restée à Marseille pour être formée : « Je n’ai pas en envie de poursuivre à Paris ou ailleurs, je pense que c’est aussi le professeur qui est important. Ce qui compte, c’est la curiosité, de suivre des masterclass et d’écouter les conseils prodigués.  On apprend aussi en écoutant ; on ne doit pas tout prendre mais tout écouter. J’ai surtout appris qu’on est seule souvent et qu’on est seule quand le rideau s’ouvre. Il est important de se faire confiance et d’être soi-même, d’être capable de se juger si on est capable de le faire. C’est nécessaire d’être clairvoyante. »
Lorrie Garcia estime que le meilleur garde-fou pour espérer durer est de cultiver la patience : « On apprend rapidement que c’est la réalité de notre métier ; alors que notre époque, comme le montre les réseaux sociaux, beaucoup veulent que tout aille vite alors qu’il ne faut pas brûler les étapes. Il faut se dire qu’on a le temps avant d’aborder certains rôles. »
Lorrie Garcia livre sa façon de dire non à une proposition de rôle si elle arrive trop tôt :  « Il faut combattre la peur de se dire : qu’est-ce qu’on va penser de moi ? Je prends mon temps avant de répondre. J’essaie d’abord et si ce n’est pas le moment j’explique. Je ne décide pas seule, j’ai des personnes de confiance autour de moi : un chef de chant et un professeur. Car il est important de protéger sa voix. »
Honnêteté et respect reviennent souvent dans la bouche de Lorrie Garcia, ce qu’elle estime devoir aux gens qui lui font confiance : « Accepter un rôle, c’est être en capacité de le chanter. On se doit d’être en forme physique mais aussi vocale pour respecter les autres chanteurs de la distribution, le metteur en scène, l’orchestre et son chef mais aussi le public. Ca nécessite beaucoup de sacrifices et de se poser les bonnes questions. »
La maternité n’est pas un sujet tabou pour Lorrie Garcia. Certaines chanteuses font le choix de ne pas en avoir pour ne pas mettre entre parenthèse, d’autres pensent au contraire qu’être mère et artiste n’est pas incompatible, Lorrie Garcia est de celles-ci : « Pour ce n’est pas un problème et ça ne relève pas d’un choix dans la carrière. Mais je peux comprendre que certaines craignent d’être oubliées par cette interruption. Pour moi, ce n’est pas un frein, je ne peux pas le voir comme ça. Regardez Julie Fuchs… Au moment où j’aurais envie d’un enfant je ne poserais pas la question. »

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Marie Gabrielle de Grave

Où entendre Lorrie Garcia ?

  • Le mercredi 12 décembre à 20h30 à l’église Notre-Dame des Blancs-Manteaux pour Les Moments lyriques du Marais ; 
  • Le 10 mars : Récital soliste à la Cadière d’Azur avec la pianiste Valérie Florac ;
  • les 16 et 17 mars au Théâtre de l’Odéon de Marseille dans Le Petit Faust (Lisette) ;
  • le 17 mai à Carpentras dans la Petite messe solennelle de Rossini ;
  • Au cours de la saison 2019-2020 au Théâtre de l’Odéon de Marseille dans « Orphée aux Enfers » d’Offenbach.

Renseignement au 06 80 88 87 10 ou à Lorrie Garcia