Bourguignonne de naissance, formée à Lausanne, le mezzo Lamia Beuque fait ses armes dans le monde lyrique. Son prochain projet, dans les semaines à venir, est d’entrer en studio pour enregistrer son premier CD.

Sa mère marocaine l’a prénommée Lamia : celle qui a les lèvres rouges. Lamia Beuque est mezzo, native de la Nièvre en Bourgogne. Elle précise amusée qu’aujourd’hui ses lèvres sont rouges quand elle monte sur scène, comme cette fin d’année où elle se trouvait à l’Opéra de Lausanne, invitée à chanter dans la Chauve-Souris de Strauss.
Chanter pour les fêtes ne la dérange pas, voire ça lui convient : « Je n’aime pas les fêtes de fin d’année, ce n’est pas une période de l’année que j’affectionne et on est là pour le public qui veut prendre du plaisir. » Chanteur un don de soi, mais avec des limites, quand il faut refuser un rôle qui est proposé trop tôt dans la carrière : « Dire non, ce n’est pas le plus simple, mais on doit savoir ce qui est bon pour nous sans savoir comment une voix évolue. On doit protéger aussi notre instrument vocal. »
Si un ouvrage l’a fait rêver ce serait Faust : « J’aime bien l’ambiguïté du personnage. » Pour ajouter à l’ambiguïté des rôles opératiques, Lamia Beuque glisse que sa tessiture ne lui offre pas seulement des rôles de garce ou d’intrigante et qu’elle aime bien les rôles en pantalon : « Ca fait des personnages plus complexes qu’il faut aborder différemment. » Quand on lui fait remarquer que de plus en plus ces rôles de travestis pour les chanteuses reviennent à des contre-ténors comme à l’origine, Lamia Beuque ne voit pas ça comme une concurrence : « Je pense plutôt que c’est intéressant et oblige à des recherches. Dans la Chauve-Souris, le metteur en scène avait imaginé mon personnage en transsexuel. »
Les nouvelles visions du spectacle vivant, plus osées, touchent aussi le monde opératique et par là les chanteurs. Lamia Beuque ne cache pas que bien chanter ne suffit pas selon elle : « La voix n’est qu’une partie du travail, on doit aussi se consacrer au jeu d’acteur et à entretenir notre physique. »
Sa formation, Lamia Beuque l’a commencée à Nevers où elle a appris la flûte traversière avant de rejoindre Lausanne, où elle a obtenu un master au bout de cinq ans d’études, avant de rejoindre l’Opéra studio de Strasbourg : « Je n’ai pas planifié ma carrière. Ce dont j’ai envie est d’avoir de jolis rôles. Comme je l’ai dit c’est difficile d’imaginer où j’en serais dans dix ans. Je n’ai pas d’ambition de chanter dans telle ou telle salle.»
Elle n’a pas abandonné complètement la flûte : « Je la sors pour me faire plaisir. Et puis d’avoir appris à jouer d’un instrument m’aide pour la lecture et l’étude de l’harmonie. Mais ce n’est pas suffisant pour un chanteur, la musique ne suffit pas il y a aussi le texte qu’il faut apprendre et assimiler la force des mots et comprendre le message musical.»
Si son agenda de concerts ou d’opéra à un trou, ce n’est pas parce que Lamia Beuque va prendre des jours de congé, c’est qu’elle va entrer un studio pour enregistrer son premier CD. Pour l’instant, le secret est bien gardé. Après quelques secondes, elle confiera que ce sera un disque de mélodies, de morceaux retrouvés, jamais enregistrés. Un défi doublé d’une intention de se lancer sans repère dans cette aventure : « On n’a pas de référence à l’oreille ce qui oblige à déchiffrer pour mieux comprendre et à donner plus de soi. L’avantage c’est qu’on ne peut être comparé à une telle ou une telle interprète. »
Après ce CD, peut-être qu’on entendra plus souvent Lamia Beuque en France : « Pour l’instant, j’y chante peu, je chante plus en Suisse ou en Allemagne. C’est une question d’agent. »

Bruno ALBERRO

 

Photos crédit Klara Beck

Renseignement à Lamia Beuque