Après la Liberté, l’an passé, puis l’Egalité actuellement, la saison 2019/2020 de l’Opéra du Grand-Avignon sera placée sous les bons auspices de la Fraternité. Pierre Guiral, son directeur en explique ses intentions pour cette dernière année dans la maison opératique vauclusienne qui se déroulera à l’Opéra Confluence, avant de réintégrer les murs de l’Opéra du centre-ville toujours en travaux.

Pour la saison 2019/2020 de l’Opéra du Grand-Avignon, on annoncera seulement La Flûte enchantée de Mozart, le reste de la programmation, le directeur Pierre Guiral la réserve pour l’instant et ne la livrera que quand tout sera bouclé. Alors ne lui demandez pas qu’elle sera son avenir à la fin de son contrat de trois ans en 2020 : « J’avoue sincèrement que je ne sais pas, il faut d’abord réussir la troisième saison et réussir le retour dans la maison en cours de travaux. Après, on verra. »
Il rappelle que cette troisième saison sera sous le signe de la fraternité et du partage, avec des couleurs musicales d’ailleurs. Fraternité car il termine son cycle de trois ans, après Liberté l’an passé, ou Egalité pour la saison en cours. Il confie toutefois : « La Flûte sera donnée dans une version plus onirique, plus poétique qu’initiatique ou solennelle, plus festive qu’austère avec des saltimbanques. Elle sera en français. Et puis après Avignon, elle sera à l’affiche à Versailles. C’est bien, non ?»
Pierre Guiral annonce aussi le projet en relation avec les écoles du Grand-Avignon : « Que les jeunes s’expriment sur le concept de la fraternité par le Street-Art ou les nouvelles technologies. Il faut accepter ces nouveaux concepts. Les jeunes passeront une semaine sur place pour préparer leur spectacle offert aux élèves et à leur famille. »
Si les saisons étaient connues trois ou quatre ans à l’avance, Pierre Guiral glisse qu’aujourd’hui c’est plus difficile : « Des chanteuses comme Julie Fuchs, oui. Je pense qu’elle sait ce qu’elle va chanter et où dans quatre ans à venir. Ce qui est bien c’est qu’elle est attachée à notre maison, tout comme Ludivine Gombert. Maintenant, on préfère choisir la distribution d’une année sur l’autre. Ça permet de retenir de nouveaux chanteurs, sinon on tournerait toujours avec les mêmes, notre rôle est aussi d’inviter de nouvelles voix. On arrive à travailler avec deux ans d’avance.»
Ces nouvelles voix, Pierre Guiral les découvre au cours d’auditions et il rappelle qu’il siège au Centre français de promotion lyrique. Est-ce que Les Apér’opéras lui servent aussi d’auditions ? « Non ! Ce sont de vrais concerts. L’intérêt, c’est la proximité avec le public qui partage un verre avec les artistes après le concert. Et puis les artistes en récital ne choisissent pas la facilité. Ça permet de voir la personnalité et son évolution. Par exemple, Aurélie Jarjaye qui est venue en janvier, je la connais depuis qu’elle a douze ans. J’ai pu apprécier son évolution. »
Pour étayer son propos, Pierre Guiral évoque La Bohème, la dernière création maison (NDLR: les 18 et 20 janvier), saluée par la critique : « Ça fait plaisir, je retiens surtout que 180 personnes ont travaillé sur ce projet. Maintenant, il faut être capable d’écouter la critique quand tout n’est pas parfait. La réussite, ce n’est pas le résultat d’un directeur, mais de toute une équipe qui travaille toute l’année. Et puis, quand j’assiste à des concerts comme celui du quatuor Varèse et de Pierre Génisson, je sais pourquoi je fais le métier.»
La critique aussi peut aller sur les choix des ouvrages ? « Nous sommes aussi un service public, on doit aussi présenter des ouvrages que les auditeurs attendent. On ne pourrait être dix ans sans donner Carmen de Bizet. Les créations aujourd’hui sont la vision du metteur en scène, mais je ne suis pas favorable aux modifications qui trahissent l’ouvrage. Un opéra est le témoin de son temps La Flûte ou Les Noces de Figaro, est du XVIIIe siècle, La Bohème du XIXe même si les propos résonnent aujourd’hui. Des étudiants pauvres, il y en a plus qu’on ne l’imagine, j’en ai eu au Conservatoire d’Avignon. Et Carmen représente l’archétype de la femme libérée. »

Bruno ALBERRO

 

Les prochaines dates :

  • Le 14 février, Femmes, je vous aime avec le soprano Ludivine Gombert ;
  • Le 22 février, Nuit Hongroise avec le ténor Benjamin Beéri, et les violoniste Amira et Mariam Abouzahra ;
  • Les 16 et 17 mars Mam’zelle Nitouche d’Hervé ;
  • Le 28 mars, le contre-ténor Philippe Jaroussky ;
  • Le 31 mars, Le Petite messe solennelle de Rossini, avec Ludivine Gombert, Sarah Laulan, Pierre-Emmanuelle Roubet et François Harismendy.

Renseignement à l’Opéra du Grand-Avignon