Le violoniste Nicolas Dautricourt s’est fait un nom dans l’interprétation de la musique classique, avec une Révélation classique Adami et une nomination aux Victoires de la musique.  Il sera à Avignon le 1er mars prochain pour jouer le Concerto de Brahms. A l’âge du milieu de vie, il évoque  le besoin d’évoluer et de transmettre.

Au téléphone, on entend la voix de ses enfants et le violoniste Nicolas Dautricourt qui leur demande de faire un peu de silence. C’est aussi ça la vie d’un concertiste, quand il n’est pas en train de travailler une pièce ou de faire ses valises pour aller ici ou là, où on le demande : « Ces jours là, je profite au maximum des enfants. Je ne peux pas dire que je rattrape le temps, le temps ne se rattrape pas. Je fais en force d’être le plus présent possible. J’en profite aussi pour faire du sport. »
Il raconte que cette vie de saltimbanque se fait par glissement des choses : « Il y a un moment où on fait une famille, on ne réfléchis pas forcément, c’est le moment où on a envie d’avoir des enfants sans se poser la question comment sera la vie quand ils seront là. On ne peut pas dire que c’est un choix d’existence, c’est plutôt le rythme de la vie.»
Cela fait vingt que la carrière de Nicolas Dautricourt est lancée, lui qui a été Révélations classiques Adami en 1999 : « Je l’ai pris comme une reconnaissance, c’est sûr que ça fait plaisir. De même quand j’ai été nominé aux Victoires de la musique. Ce type de récompense jalonne une carrière, ce sont des petits succès qui nous permettent de nous dire qu’on n’a pas fait d’erreurs dans les choix.»
Nicolas Dautricourt confie qu’il arrive à l’âge du milieu de vie, celui de la transmission en donnant des cours privés. Soyez vous-mêmes tous les autres sont déjà pris. Il apprend à ses élèves cette phrase d’Oscar Wilde en ajoutant : « Je dis aux jeunes ne pas essayer de coller à leur professeur. Ça me plait beaucoup d’enseigner, ça m’oblige à donner le meilleur. Je ne pense pas qu’il faille être professeur trop tôt après avoir vécu certaines choses afin de transmettre nos expériences, dont celles de la scène.»
Il regrette cette hiérarchie entre les musiciens solistes ou d’orchestre et les enseignants : « On aime bien la classification des genres et mettre les gens dans des cases. Je pense qu’il est important d’essayer de comprendre pourquoi on est fait afin de trouver sa place. »
La place de Nicolas Dautricourt est en train d’évoluer sans pour autant se poser des questions existentielles : « A vingt ans, on est très enthousiaste et à quarante ans, on est différent. Je me dis que je peux continuer à donner des concerts, mais je peux aussi faire autre chose, comme composer ou improviser en jouant du jazz. Ça me plaît beaucoup. J’ai aussi toujours aimé organiser. Par exemple des concerts thématiques ou un festival. Mais je ne peux pas quitter la scène il faut trouver un équilibre. »

Bruno ALBERRO

 

La photo crédit Bernard Martinez

La vidéo de Nicolas Dautricourt

Où entendre Nicolas Dautricourt ?

  • Le 1er mars à l’Opéra Confluence à Avignon (84). Au programme le concerto pour violon de Brahms avec l’Orchestre Régionial Avignon-Provence sous la direction de D. Niemann

Renseignement à Nicolas Dautricourt