La violoncelliste  française Cécilia Tsan été invitée par le Los Angeles Philharmonic, Esa-Pekka Salonen et Peter Sellars à être la narratrice dans le Perséphone de Stravinsky, dont le texte est d’André Gide. Les concerts seront donnés en avril prochain au Walt Disney Concert Hall et font partie des célébrations du centième anniversaire de la phalange californienne.

Tout un chacun a un parcours singulier, celui de la violoncelliste Cécilia Tsan a commencé tragiquement avec l’assassinat politique, selon elle, de son papa quand elle avait à peine quatre ans. L’itinéraire de ses parents, malgré la fin tragique du père, mériterait un histoire pleine et entière, elle dévoile avec pudeur et retenue quelques sentiments. Cécilia Tsan ne se cache pas, elle qui vit depuis 25 ans aux Etats-Unis et plus spécialement à Los Angeles. Elle a a posé ses valises en Californie pour suivre une histoire d’amour, sans vouloir repartir. Comme Cécilia Tsan avait commencé une carrière sur les bords du Pacifique, elle y est restée tout en revenant en France en vacances ou pour quelques concerts.

On pourrait s’étonner de voir associer un prénom chrétien à un nom asiatique, Cécilia glisse que les parents musiciens se sont formés à l’Académie Santa Cecilia du Vatican : « Mon père était catholique, ma mère s’est convertie, ils se sont mariés au Vatican. Mon père suivait une formation de chef d’orchestre et de compositeur, ma mère jouait du violon. Il a travaillé avec Franco Ferrara par exemple. A 22 ans, ils se sont dit qu’ils devaient aller à Paris, considéré comme une grande ville culturelle. C’est là où mon père est mort. Le parti communiste chinois était opposé aux dissidents et plus encore aux Chinois qui avaient quitté le pays. Mon père a été assassiné et on n’a jamais trouvé l’assassin. Pour moi, c’est un crime politique.»

Alors, sa mère et elle ont trouvé dans un convent. Ce passage de la vie n’est pas sans rappeler Les Misérables quand Cosette et Jean Valjean s’abritent chez les religieuses. Cécilia Tsan se souvient : « Nous avons reçu beaucoup d’amour, la mère supérieure était issue de la grande aristocratie.»

Cécilia Tsan rappelle qu’il existait à Paris une diaspora chinoise et que la famille Tsan s’était liée avec celle des Ma : « C’est comme ça que j’ai connu Yo-Yo Ma, il est plus âgé de cinq ans ; quand j’ai entendu le violoncelle, j’ai dit que je voulais jouer de cet instrument. Yo-Yo Ma est mon plus vieil ami d’enfance.»

A propos de Yo-Yo Ma, Cécilia Tsan est intarissable et reste émerveillée vis à vis du musicien mais aussi pour son charisme et son aura.

En traversant l’Atlantique et l’Ouest américain, Cécilia Tsan a emprunté un autre chemin : « Ici, c’est différent, la pratique de la musique est plus éclectique, on peut la développer sur d’autres plans, on peut élargir les horizons. Ce que j’aime moins c’est le rapport avec l’argent. On sent cette pollution. Maintenant dans la culture, c’est nécessaire car il n’y a que de grands donateurs qui soutiennent les arts. Sur scène c’est différent aussi, il y a moins de barrières entre les artistes et lui. Le public américain aime bien qu’on explique ce qu’on va jouer. »

Elle souffle qu’elle donne très peu de concerts en France : « Je viens parfois des master-classes, comme à Bordeaux. »

Ce qui lui manque de la France, c’est la Culture, la littérature et ce qui font les fondements d’une vieille civilisation : « C’est rare ici de rencontrer quelqu’un qui a appris le latin… »

Son grand projet cette année, c’est le concert qu’elle donnera le 1er septembre depuis l’Observatoire du mont Wilson, à proximité de Los Angeles, là où a été découvert le Big-Bang : « Nous allons jouer sous la voûte étoilée, alors que les panneaux de l’observatoire seront ouverts. On interprétera la Chaconne de Bach transcrite pour deux violoncelles. Pour ce concert, nous jouerons aussi avec le clarinettiste français Pierre Génisson. »

Bruno ALBERRO
La vidéo de Cécilia Tsan
Renseignement à Cécilia Tsan