A peine posée de l’avion de Tokyo, où il était en tournée avec Les violons du monde, Mathias Duplessy descendait sa guitare à Vaison-la-Romaine, lui le Normand s’éloignait de chez lui en se rendant dans le Vaucluse à l’invitation des Amis de la musique de Vaison qui organisait ce concert. Il était programmé 4 Images une de ces dernières compositions, confiée au guitariste Jeremy Jouve, son complice depuis 10 ans, et François Salque au violoncelle.

Ce n’est pas sans raison ce voyage du compositeur Mathias Duplessy vers Vaison-la-Romaine à l’invitation des Amis de la musique. En effet, ce dimanche 17 mars, le guitariste Jeremy Jouve et le violoncelliste François Salque posaient sur leurs cordes « 4 Images », sa dernière composition originale. Quatre images et quatre rêves de Mathias Duplessy. Une demi-heure avant l’entrée du public il s’est approché des deux musiciens en répétition de cette création. Sans être tendus, les interprètes se disaient inquiets du rendu de cette pièce de 17 minutes en quatre mouvements et de la perception de son compositeur. Après les échanges de politesse, Mathias Duplessy a glissé : « Vous savez ? je suis interprète comme vous. Alors ! Laissez-vous aller. »

Le ton était donné, les vrais échanges pouvaient commencer. Mathias Duplessy ravi des intentions prises des musiciens et de leur lecture de certains passages. Il joue de sa battue, sourit applaudit à une sonorité. Un grand enfant joyeux. Il glisse qu’il est autodidacte, d’une famille de paysans et de cantonniers du pays de Rouen : « Certains compositeurs se prennent la tête avec leurs interprètes, je n’ai rien à imposer. Quelle importance qu’ils jouent un do dièse au lieu d’un do, s’ils jouent avec leur cœur et s’ils sont à cent pour cent. La musique doit être appropriée par les musiciens, plus ils sont nombreux mieux c’est. Ce qui est important c’est l’émotion dégagée, que ce soit ce que j’ai voulu dire ou que les interprètes ont une vision différente de la mienne, ce n’est pas grave. Au contraire à les entendre je découvre qu’ils mettent aussi des choses à eux et c’est là l’intérêt. C’est génial d’entendre ce que tous deux en ont fait. »

Le compositeur Mathias Duplessy signe 4 images interprétée par Jeremy Jouve à la guitare et François Salque au violoncelle

Le compositeur Mathias Duplessy signe 4 images interprétée par Jeremy Jouve à la guitare et François Salque au violoncelle

Si aujourd’hui, les jeunes compositeurs sont à l’affiche, Mathias Duplessy soulignent que de 1930 à 1990, c’était difficile pour eux de se faire entendre et d’être joué : « Au cours de ces soixante années, la musique était devenue cérébrale, le public en a été écarté. Il y a des compositeurs que j’aime bien comme Ligeti qui m’influence. Les choses sont en train de changer. »

Est-ce que le changement passe par une nouvelle formation ? Moins convenue ? Comme la sienne peut-être ? Mathias Duplessy livre sa définition de l’autodidacte : « C’est affronter seul une méthode de travail et de parvenir à la développer. C’est le chemin qui me convenait. Si j’avais suivi une école puis un conservatoire, je ne sais pas si j’écrirais de la même manière. Ce serait forcément différent en tout cas ce ne serait pas moi aujourd’hui. »

S’il est optimiste quant à la création, Mathias l’est moins côté public en le questionnant sur la différence d’âge entre tous les jeunes qui veulent vivre de la musique et inscrits dans les conservatoires et les cheveux blancs dans les salles : « Je suis très pessimiste. Nous vivons l’héritage de la guerre avec une éducation musicale et culturelle. La société est passée à autre chose. Pour s’intéresser à la musique classique, et à l’art en général, il est indispensable de faire un travail sur soi, pour découvrir, s’initier et progresser. »

Bruno ALBERRO

 

La création 4 Images de Mathias Duplessy par Jeremy Jouve et François Salque:

  • 1er mouvement ;
  • 2e mouvement ;
  • 3e mouvement ;
  • 4e mouvement.

La vidéo de Mathias Duplessy

A suivre: 

Mathias Duplessy écrit une nouvelle pièce pour guitare seule à l’intention de Jeremy Jouve qui doit être donnée en mai en Normandie;

Mathias Duplessy écrit deux musiques de film dont un documentaire signé Sylvain Tesson au Tibet avec des prises de vue de Vincent Munier, photographe animalier.

Renseignement à Mathias Duplessy