Dieter Keagi signera la mise en scène de « L’Enlèvement au sérail » de Mozart donné du 22 au 28 mars à l’Opéra de Monte-Carlo. Pour le réalisateur Mozart est symbole d’humanisme et d’intemporalité avec la littérature du compositeur qui touche l’Homme dans ses valeurs.

Dieter Keagi est natif de Zurich, en Suisse alémanique. On pourrait penser de la langue commune avec Mozart l’attire au premier chef, alors que Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, lui a confié la mise en scène de L‘Enlèvement au sérail du Génie de Salzbourg qui sera donné du 22 au 28 mars.
Il explique que le langage commun n’a rien à voir avec ce choix : « J’ai un attachement avec ce compositeur qui parle de l’humain au travers de sa musique, il fouille les profondeurs de la notre nature et de la condition humaine. »
Ce préambule conduit Dieter Kaegi vers le chemin de l’intemporalité : « Mozart nous montre plusieurs voies possibles, c’est en cela qu’il est génie. Chacun peut avoir une vision d’un opéra de Mozart pour en décortiquer les différents aspects. C’est le propre aussi du génie de découvrir plus de choses encore en fouillant. En cela, il est universel, car tous les opéras de Mozart fonctionne quelque soit l’époque car ses œuvres parlent de sentiments qui dépassent la notion de temps. Et puis je ne peux pas être jaloux des mises en scène de mes confrères puisque Mozart offre un champ infini avec tellement de possibilités.»
Quand on évoque avec lui, le symbolisme ou la spiritualité de Mozart, Dieter Kaegi répond que ça concerne surtout Le Flûte enchantée et de façon moindre Don Giovanni : « C’est un élément chez Mozart, mais je ne me suis jamais senti bridé pour autant. »
Il se dit attaché et sensible à l’histoire des villes où il dirige. Dieter Kaegi glisse que dans toutes ses mises en scène, il ajoute un détail en clin d’œil qui rappelle un événement ou un lieu proche du théâtre où il s’exprime, invitant le public à le découvrir.
Dieter Kaegi convient que la place du metteur en scène est devenue de plus en plus importante dans l’opéra : « Ça répond aussi à une attente du public. Sans mise en scène les spectateurs assisteraient à un concert costumé. On ne peut nier que nous vivons dans une époque où le visuel est important. On attend aujourd’hui que le spectacle proposé soit crédible. L’opéra doit aussi s’adapter.»
Cette adaptation de la littérature opératique passe par un attrait du public et aussi par la diffusion d’ouvrages contemporains : « Les choses sont en train de changer ou d’évoluer, les répertoires et les programmations sont en train de changer. A Amsterdam, il y aura cinq pures créations dans une même semaine. Avec des livrets qui parlent aux gens d’aujourd’hui. Aux Etats-Unis, dans les grandes maisons, il y a à l’affiche les cinq grands opéras et à côté dix nouveaux titres. Il est vrai que les musiques contemporaines ont évolué pour toucher un public plus large. »
A propos d’un large public, Dieter Kaegi garde un souvenir ému de son Rigoletto avec Roberto Alagna et Jean-Philippe Lafond : « Ce que je garde comme image, c’est cette hémicycle du public qui attend au début et ensuite à l’entracte de voir ce lieu sous la voûte céleste. C’est beaucoup d’émotions et de beauté. »
Le projet de Dieter Kaegi sera Le château de Barbe-Bleu de Bartok en 2020.

A voir à l’Opéra de Monte-Carlo :

  • Du 22 au 28 mars : L’Enlèvement au sérail de Mozart mise en scène par Dieter Kaegi, dirigé par Patrick Davin, avec Rebecca Nelson ; Jodie Devos ; Cyrille Dubois ; Brenton Ryan ; Albert Pesendorfer.
  • Du 21 au 30 avril : Otello de Verdi dirigé par Danielle Callegari,  mise en scène par Allex Aguilera avec Gregory Kunde ; George Petean ; Maria Agresta.

Renseignement à l’Opéra de Monte-Carlo