On meurt aussi chez Mozart, même dans Le Nozze di Figaro. C’est le parti-pris de Vincent Boussard dans cette production de l’Opéra de Marseille qui est donnée jusqu’au 3 avril. En guise de surprise, c’est une surprise que le metteur en scène, dans l’ultime tableau, montre la Comtesse Almaviva en robe noire funeste, expirant  dans les bras du comte volage, son mari, sous les yeux de Suzanne, de Figaro, mariés, de Marcellina et Basilio promis au mariage comme Cherubino et Barbarina. Trois mariages et un enterrement pour cette vision anachronique de l’opéra italien de Mozart. Les gens pas gentils se reconnaissent dans une vêture simili d’époque, alors que les modernes et les bienveillants sont habillés comme aujourd’hui ou presque.
Le Nozze di Figaro offre à tous les solistes des arias qui permettent aux chanteurs de s’exprimer. Aucun rôle en faire-valoir du premier plan au plus humble, ils doivent se présenter devant le public pour se faire apprécier dans des airs archi-connus où tout un chacun de son siège a en tête sa version préférée.

Patrizia Ciofi dans Le Nozze du Figaro à Marseille photo Christian DRESSE 2019

Patrizia Ciofi dans Le Nozze du Figaro à Marseille photo Christian DRESSE 2019

La bonne idée de la scénographie de Vincent Lemaire, c’est la chambre transformée en cadre, comme un tableau posé dans le décor, resserrant l’intimité du discours de la soprano Patrizia Ciofi dans la robe de la comtesse Rosina, éprise et bafouée. Toutes les grandes scènes connaissent le théâtre de la chanteuse de Sienne, elle n’en dépare pas à Marseille où elle joue le ton juste et la voix placée. Le filet est unique comme son sens de la dramaturgie vocale. Au début du deuxième acte, le rideau se lève et dans ce décor encastré on ne voit qu’elle. Le drame qui se joue est là dans cette aria, tout en délicatesse.
Le soprano Anne-Catherine Gillet endosse la robe de Susanna. Elle aime jouer. Les mimiques collent à la scène et aux situations, on rit et on pleure avec sa servante. Son chant est là, ce n’est une surprise.
La mezzo Marie-Ange Todorovitch s’amuse en Marcellina comme Jennifer Courcier en amoureuse de Cherubino dont ce personnage travesti est revenu à la mezzo Antoinette Dennefeld.
Côté masculin, Christian Federici incarne le comte Almaviva ; préféré dans les passages du macho sûr de son fait et de sa puissance, Mirco Palazzi se mue en Figaro, un tantinet sage. Marc Barrard est bien connu des gradins marseillais. Ce type de rôle lui va comme un gant ou un chapeau de notaire.

Comme il est dit plus haut, même les rôles les plus sobres se doivent de réussir leur performance comme le réussissent Raphaël Brémard en Basilio, Carl Ghazarossian en Don Curzio ou Philippe Ermelier en Antonio.
Les chanteurs, c’est bien, mais il faut aussi un chef et un orchestre. La direction musicale a été confiée à Mark Shanahan devant l’Orchestre et les chœurs de Marseille. Un travail propre et sans  emphase au service de Mozart.

Bruno ALBERRO

Le Nozze di Figaro à l’Opéra de Marseille ?

  • Le mardi 26 mars à 20 heures :
  • Le vendredi 29 mars à 20 heures ;
  • Le dimanche 29 mars à 14h30 ;
  • Le mercredi 3 avril à 20 heures.

Prochain opéra à l’opéra de Marseille :

  • Du 27 avril au 5 mai, Turandot de Puccini dans une mise en scène de Charles Roubaud et sous la direction de Roberto Rizzi Brignoli avec Ricarda Merbeth, Ludivine Gombert, Rudy Park et Jean Teitgen ou Armando Noguera.

Renseignement à l’Opéra de Marseille opera-marseille.fr