Laure Vermeulin a pour devise : « Un chanteur lyrique soliste se donne à voir ». Plus qu’une mise à nu alors, terme souvent employé par ceux qui se produisent sur scène devant un public. La mise à nu serait l’enveloppe, se donner à voir serait la beauté intérieure, l’âme que l’on peut mettre dans le chant : « Il y a une forme de voyeurisme et d’exhibitionnisme. En chantant comme soliste on ne peut pas se cacher. »

La chanteuse lyrique se partage entre Paris et Bordeaux, avec quelques escapades dans la famille à Pertuis dans le Vaucluse, porte d’entrée du Luberon qui conduit au mont Ventoux. Bordeaux pour participer à Opéra Bastide, une autre façon de présenter et travailler le chant lyrique avec Julie Mathevet, Irina Stopina ou Aurélie Ligerot, toutes trois sopranos.
Laure Vermeulin est alto, quand on sait que plus les voix sont graves, plus elles sont tardives pour atteindre leur plénitude. Elle n’est pas jalouse pour autant des sopranos et des mezzos : « C’est vrai que les altos et les contre-altos ont moins de rôles que les sopranos légers, mais j’aime bien ma tessiture. On a quand même beaucoup de choses dans le répertoire baroque ou contemporain, dans beaucoup de lieder de Mahler, Brahms ou Schumann. La voix grave met plus de temps à se mettre en place, on est moins vendable sur le marché. » Elle évoque les rôles secondaires de sa tessiture : « Ce sont souvent des rôles de mère ou de servantes. Ça ne dérange de jouer une mère et être bien plus jeune que le baryton ou le ténor. » Sur la scène opératique règne de l’illusion.

L'alto Laure Vermeulin

L’alto Laure Vermeulin

Dans l’immédiat, elle est invitée comme soliste en concert ou en production, dans les chœurs aussi, comme en ce moment à l’Opéra de Bordeaux où elle chante Manon de Jules Massenet, elle trompe les idées reçues : « On dit que ce sont deux métiers différents et peu compatibles pour la voix. Pour l’instant, ma jeunesse me le permet. Plus tard, ce sera plus difficile. Mon vœu, tout de même, c’est d’être soliste. »
Alors pour convaincre, il faut plaire. Dostoïevsky dit : « La beauté sauvera le monde. » Même pour le lyrique suppose Laure Vermeulin : « On peut déplorer que de bonnes chanteuses soient mises de côté. Je ne me plains pas, même si vocalement avec deux kilos de plus, je me sens mieux. Mais je préfère ne pas les prendre. On peut compenser en pratiquant du sport, ce que je fais. Je n’ai pas envie de changer. »
Son rêve serait de chanter Dalila de l’opéra de Camille Saint-Saëns, tout en étant consciente que ce n’est pas pour tout de suite : « C’est un personnage complet avec trois beaux airs. »
Laure Vermeulin est arrivée à la musique par le piano, découvrant le chant à quelque vingt-deux ans. Le travail  régulier et la lecture d’une partition la servent pour progresser sur la voie lyrique : « Ça me permet d’utiliser une oreille verticale, d’entendre ce qui est dessus et dessous et de savoir ce qui se passe. Quand j’ai appris le chant, j’ai découvert d’autres sensations sur scène. Je n’avais pas ressentie comme pianiste que je me donnais à voir.»

Bruno ALBERRO

 

La vidéo de Laure Vermeulin

Où entendre Laure Vermeulin ? 

  • Du vendredi 5 au dimanche 14 avril dans Manon de Jules Massenet à l’Opéra national de Bordeaux ;
  • Le 25 mai dans le rôle de Didon dans Didon et Enée de Purcell dans le cadre de l’Eure poétique et musicale sous la direction de Marc Trautmann avec le choeur « Les Temps Dérobés, dirigé par Félix Bénati ;
  • Le 2 juin en récital à l’Eglise Saint-Marcel à Paris ;
  • Le 8 juin en récital à La Cantonale à Bordeaux ;
  • En juillet : rôle de La Frugola et La Principessa dans Il Tabarro et Suor Angelica de Puccini avec Opéra Nomade. Direction Amaury du Closel et Alexandre Myrat ;
  • En août : concert d’airs d’opéras et de mélodies dans l’église de Flayat.

Renseignement à Laure Vermeulin