Chrystelle Di Marco avait un rêve d’enfant, celui de chanter un jour Tosca, le rôle titre éponyme de l’opéra de Puccini. Outre sa carrière de chanteuse lyrique, elle a fondé aussi un festival international « Sand&Chopin en Seyne », sa ville natale dans le Var, où se mêlent musique classique et littérature.
Chrystelle Di Marco raconte qu’elle est venue au chant lyrique par Tosca, cet opéra de Puccini, alors qu’elle était sur scène au cœur d’une maîtrise d’enfant : « A cette époque, j’avais fait du violon et du piano. C’est ce rôle qui m’a donné envie de chanter et plus encore dans le répertoire du vérisme.» Elle avait treize ans. Ces premiers pas vers l’apprentissage de la patience du chanteur lyrique ont commencé là. Il lui a fallu attendre un an pour intégrer le conservatoire de Toulon avec une dérogation : « L’âge légal est seize ans. J’ai commencé avec Andrée Esposito. Et j’ai eu la chance à 17 ans de rejoindre l’Académie internationale d’art lyrique de Osimo qui était dirigée par Sergio Segalini (1944-2018) où j’ai suivi les cours d’un chef de chant de référence Enza Ferrari. J’ai fait mes premiers pas sur scène à 17 ans dans Barbarina, dans l’opéra de Mozart Le Nozze di Figaro et dans une création contemporaine du compositeur italien Carlo Pedini « Un giorno qualunque ». J’ai pu rencontrer Renatta Scotto à l’Académie Santa Cecilia de Rome où j’ai travaillé avec tous les rôles de Bellini : Norma, la Somnambula… Avec elle, j’ai pu entrer au cœur de la partition. Cette rencontre avec Sergio Segalini s’est faite par une simple lettre que je lui avais adressée. Il m’a retenue. Je ne regrette pas d’avoir appris les deux techniques françaises et italiennes et d’avoir ces deux approches du chant lyrique, pas très éloignées l’une de l’autre mais tout de même différentes. L’école italienne m’a apprise à aller dans le sens du compositeur.»

Le soprano Chrystelle Di Marco a effectué sa prise de rôle de Tosca à Malaga en 2017.
L’expérience venue, Tosca chantée à 34 ans, Chrystelle Di Marco s’est forgé d’autres rêves quand celui de la jeunesse a été atteint : « L’expérience des artistes comme Scotto ou Freni est précieuse. Mais la scène reste le plus grand des enseignants et le public vous apprend beaucoup. La tension est différente quand on vous apprend le métier dans une salle de conservatoire ou sur un plateau. »
En commençant le chant tôt, on pouvait s’attendre que Chrystelle Di Marco devienne une autre étoile filante : « Je n’avais pas le choix, même si souvent j’avais envie de travailler d’autres rôles. J’avais des rôles là à apprendre et c’est tout. Je savais aussi que les rôles dont j’avais envie je pourrais un jour les faire. A 20 ans, on croit qu’on peut mais on se sait rien du tout. Le corps est comme un cheval à dompter, il doit s’exprimer dans son intégralité, comme un sportif qui doit préparer son corps et le muscler. Je l’ai senti avec Tosca. »
Après Tosca, Chrystelle Di Marco rêve de Don Carlo et de reprendre Aida : « Ce sont des récompenses et des moments inoubliables. Mais il y a tellement de choses à faire et à découvrir. Ce qui est génial, c’est cette recherche intérieure, elle nourrit votre art. Mais je défends aussi la mélodie française que souvent j’aborde par thème : la mer, les animaux, la nature… »

Le soprano Chrystelle Di Marco a été formée en Italie et elle dirige le festival international Sans&Chopin en Seyne
Même si la patience et son ressort de vie Chrystelle Di Marco se languit de ne pouvoir chanter plus souvent en France : « C’est vrai que c’est une question de formation et comme je n’ai pas été formée en France, les professeurs des conservatoires français ne me suivent pas. L’agent aussi est un intermédiaire. Ce sera plus long pour frapper à la porte des opéras français. »
Patiente on l’a dit de Chrystelle Di Marco, volontaire aussi : «Le partage est la beauté de tout et de tout art. » C’est ainsi qu’elle a fondé le festival « Sand&Chopin en Seyne » pour rappeler que les deux amants romantiques, même si seule George Sand a séjourné dans sa ville natale en 1861, elle prépare la cinquième édition qui se déroulera du 19 au 24 août au fort Balaguier : « Nous mêlons littérature et musique classique où les artistes jouent sur des pianos d’époque. »
Photo crédit photo Giulio Boschetti
Où entendre Chrystelle Di Marco ?
- Le 24 mai en récital « Rossini en duo » avec Lucie Roche (mezzo) et Vladik Polionov (piano) au Temple Grigan à Marseille ;
- Le 9 juin en récital « Les animaux aux jardins » (mélodies françaises) au Musée Jean-Aicard à Toulon ;
- Le 18 et 20 juillet dans Il Trovatore (rôle de Leonora) au Festival lyrique Château Linières ;
- Le 29 juillet en récital en duo avec Irakli Kakhidze à La Cadière-d’Azur ;
- Le 14 et 16 août dans Traviata (rôle de Violetta) au Festival Durance Luberon ;
- Le 18 août en récital au Festival Musique dans la rue à Aix-en-Provence ;
- Le 20 août en récital de mélodies de Chopin au Festival international « Sand & Chopin en Seyne » à La Seyne-sur-Mer ;
- Le 23 août en récital « Rossini en duo » avec Lucie Roche au Festival Durance-Luberon ;
- Le 29 août en concert à la première Nuit lyrique au Ventoux à Saint-Léger-du-Ventoux ;
- Le 27 septembre en récital à l’Opéra de Bordeaux ;
- Le 10 novembre dans Le Château de Barbe Bleue de Béla Bartok (rôle de Judith) à l’Opéra de Marseille.
Renseignement à Chrystelle Di Falco ou au festival international Sand&Chopin en Seyne