Odessa : Rencontre avec Anna Litvinova, soprano

Le soprano Anna Litvinova vit dans sa ville d’Odessa en Ukraine. C’est son choix. Son rêve serait de parcourir le monde avec son art.

Aujourd’hui plus qu’hier, les musiciens voyagent. Il y a un véritable engouement pour les artistes de l’Est. De nombreux artistes d’Europe de l’Est, dont beaucoup d’Ukrainiens, ont poursuivi leur formation et se sont installés dans des pays comme la France, la Suisse ou l’Allemagne. Pourquoi pas vous ?
J’ai un rêve: parcourir le monde, donner mon art aux gens, il y a un énorme échange d’énergie créatrice et une haute mission, parce que l’art, surtout celui d’élite comme l’opéra, guérit les âmes! Mais j’aimerais vivre en Ukraine, car j’adore ma belle ville chaleureuse au bord de la mer, Odessa. J’espère que dans peu de temps mon rêve deviendra réalité.

Il n’est pas rare que les Ukrainiens aient appris le français à l’école. Cela a-t-il été votre cas ?
Non, malheureusement, ce n’était pas mon cas. À l’école, j’ai étudié l’anglais. La langue française est très belle. Peut-être que dans le futur je l’apprendrai.

Le soprano ukrainien Anna Litvinova

Les habitants des pays de l’ex-Union soviétique avaient une éducation musicale dans leurs programmes scolaires. Est-ce ainsi que vous avez découvert le chant lyrique ? Si non, quelle formation ou profession vous a tenté ?
J’aimais chanter avant que je commence l’école. Nous pouvons dire – depuis la petite enfance. Quelque part vers l’âge de quatre ans, j’ai entendu pour la première fois un opéra chanter à la radio. C’était, à mon avis, l’air de Aida, j’ai tellement été touchée que j’avais déjà dit que je serais chanteuse. Ensuite, j’ai suivi l’école de musique, South Ukrainian K.D. Université pédagogique Ushinskiy (faculté de musique et de pédagogie), Académie nationale de musique A.V.Nezhdanova d’Odessa et Théâtre académique national d’opéra et de ballet d’Odessa.
En France, on a le sentiment que les artistes et plus particulièrement les danseurs et les chanteurs lyriques ont été divinisés par la population soviétique. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Heureusement, cette tradition est préservée à notre époque. Un tel art d’élite, comme l’opéra, est intemporel.

Nous savons que votre pays traverse une crise politique avec la Russie, de nombreux artistes organisent ici des concerts de soutien. En Ukraine, les artistes se mobilisent-ils pour défendre leurs idées ?
Oui, de nombreux artistes sont unis devant cette tragédie commune. De nombreux artistes organisent des concerts de soutien ici. En décembre, j’ai participé à un magnifique concert de soutien avec l’Orchestre symphonique de la Philharmonie de Louhansk, sous la direction du maestro Nazar Yatskiv, avec les merveilleux solistes des opéras de mon pays. Ce concert a eu lieu 300 mètres sous terre dans une fabuleuse salle de concert créée par la nature elle-même, dans la mine de sel de Soledar.

Le premier tour de l’élection présidentielle a mis un comédien devant le premier tour contre le président sortant. Est-ce une bonne chose ? et comment expliquez-vous cette situation politique ?
Je considère que ce résultat est très important : nous avons le droit de choisir. Avec le second tour et je pense que nous ferons le bon choix.