Le monde de la guitare l’espérait, c’est fait. Jean-Félix Lalanne a glissé dans l’univers de Georges Brassens. Il a en extrait un spectacle qu’il est venu inaugurer au festival Brassens de Vaison-la-Romaine.
Les rabat-joie pourraient s’en étonner, ceux qui estiment que Brassens c’est d’abord des paroles, voire de la poésie, Jean-Félix Lalanne confirme que c’est d’abord de la musique, en précisant avant de présenter son nouveau spectacle pour guitare seul. Il avait choisi le festival Brassens de Vaison-la-Romaine pour ce lancement : « Brassens, c’est la richesse de la mélodie et des harmonies. Il disait d’ailleurs que la musique s’imposait à ses paroles, dès qu’il avait écrit une première strophe il composait et à force de dire le texte, une musique lui venait.»
Ce n’est pas tout à fait vrai que Jean-Félix Lalanne s’est uniquement concentré sur la partie instrumentale de Georges Brassens puisqu’il a lu à sa manière les paroles des chansons et qu’au rappel il a interprété « Chansonnette à celle qui reste pucelle », un texte que Georges Brassens n’a pas eu le temps de mettre en musique. « Comme ça, je suis sûr que vous ne me rappellerez pas », s’amuse-t-il.
Le contenu du spectacle est tout à fait sérieux, Jean-Félix Lalanne présente cette création comme une conversation avec le chanteur et auteur-compositeur sétois ; Georges Brassens en voix off répondant aux questions de Jean-Félix Lalanne. Le guitariste s’est amusé à démonter les idées convenues, de celles qui dessinent un portrait peu amène de Brassens, caricaturé d’ours, de misogyne ou d’anticlérical. Une conversation non sans humour quand Jean-Félix Lalanne évoque les commentaires de Jacques Brel évoquant Georges Brassens en les comparant à d’autres propos entre artistes qui ont défrayé la chronique : «C’était une autre époque qu’aujourd’hui, si on se souvient de l’affaire Booba-Kaaris et de leur altercation à l’aéroport de Paris. »

Jean-Félix Lalanne a lancé son spectacle Brassens au festival éponyme de Vaison-la-Romaine.
A la dernière note, Jean-Félix Lalanne respirait, affichait sa joie d’en avoir fini, montrant que la barre était haute de jouer Brassens à la guitare seule, contrevenant à toutes les idées reçues. Quand on lui demande si ses arrangements des mélodies de Brassens pourraient devenir pour le guitariste ce que sont les Suites de Bach pour violoncelle, Jean-Félix Lalanne laisse la réponse en suspens.: « Ce n’était pas attendu de jouer ses mélodies sans chanter. C’est une fenêtre ouverte pour guitare solo, ça permet de mettre en valeur les arrangements. »
Comme il se limite à dire que c’est flatteur pour lui quand Emmanuel Rossfelder déclare que le seul guitariste avec qui il peut jouer c’est Jean-Félix Lalanne : « Emmanuel a une façon très moderne de jouer. » Il se réjouit aussi de la Victoire de la musique de Thibaut Garcia : « C’est bien pour la guitare en général et pour la guitare classique qui a longtemps été décriée par rapport aux autres instruments. »
Il est vrai que tous trois sont de formation classique, même si Jean-Félix Lalanne n’aurait pas eu envie de poursuivre au Conservatoire national supérieur de Paris, comme l’a fait plus tard Emmanuel Rossfelder ; même si la question ne se posait pas à l’époque, puisque cette classe de guitare n’était pas encore ouverte : « J’avais trop d’appétit, je voulais tout faire. Et puis, j’ai eu très bonne formation avec d’excellents professeurs au conservatoire de Marseille.» Avec comme point de conjugaison, de vouloir mélanger les genres comme il le fait dans son spectacle Brassens où se succèdent le picking ou le classique, jamais très loin.
Si on connaît les amitiés de Jean-Félix Lalanne avec Marcel Dadi, on connaît moins sa relation avec Roland Diens : «Il est venu aussi deux fois à Vaison-la-Romaine, juste avant moi, c’était un ami. C’est un compliment de lui succéder ici.»
Lui même confie qu’il est en âge de transmettre ce que la guitare lui a donné : « J’aime bien enseigner et animer des master class. »
A Georges Boulard et Jean-Marc Dermesropian qui programment les artistes du festival Brassens, Jean-Félix Lalanne a lancé l’idée de revenir à Vaison l’an prochain, avec Joël Favreau, l’ancien guitariste de Georges Brassens. Il vient de sortir un nouvel opus : Neuf, comme neuf disques enregistrés après Brassens.
L’appel est fait !
Où entendre Jean-Félix Lalanne ?
- Le dimanche 5 mai dans le cadre du festival Musicora à la Seine musicale de Boulogne-Billancourt (92) ;
- Le jeudi 20juin à 20h30 avec Dan Ar Brazau Théâtre Rutebeuf à Clichy la Garenne (92) ;
- Le samedi 22 juin à 20h30 avec Juliette et Julie Zenatti, au Théâtre Rutebeuf à Clichy la Garenne (92) ;
- Le dimanche 23 juinà 17h30au Parc Salengro à Clichy(92) ;
- Le vendredi 28 juin à 18h30 à l’Auditorium Joseph Kosma au Théâtre en plein air du Conservatoire national de Région (Cnrr) à Nice.
Renseignement à Jean-Félix Lalanne