Malte/ Aix/ Peralada : Rencontre avec Joseph Calleja, ténor

Joseph Calleja est généreux, attentif et respectueux aussi de l’histoire avec un grand H. Il suffit de l’entendre évoquer les Chorégies d’Orange et son passé, mais surtout ses aînés qui l’inspirent et qui ont laissé des empreintes indélébiles sur les scènes opératiques. Cet été, on pourra l’entendre chanter au festival Castell de Peralada en Espagne ou à Aix-en-Provence.

A tout juste 40 ans, alors que Joseph Calleja, le ténor maltais, voit son répertoire s’élargir et s’étoffer. On pourrait imaginer qu’il consacre sa vie à progresser, voire à sa promotion : c’est le contraire. Par le biais de sa fondation, il vient en aide auprès de jeunes chanteurs moins fortunés.

Parmi les différents contrats qui l’invitent à se produire sur les scènes prestigieuses, il sera le 4 août au festival Castell de Peralada en Catalogne espagnole. Ce festival se souviendra de la soprano Montserrat Caballe, décédée l’année dernière : « Montserrat Caballe, c’est un titan parmi les sopranos. Il y en a peu qui ont cette expressivité dans la voix. Une voix unique. C’est un honneur pour moi de participer à cet hommage. »
Quarante ans, c’est pour lui poursuivre sa première carrière de ténor : « J’ai commencé comme ténor léger et maintenant je deviens ténor lyrique, après je ne sais pas. Mon rêve serait de chanter Otello de Verdi. Je pense que jusqu’à 55 ans, on peut faire une belle carrière, après 60 ans la voix décline. Je pourrais aussi chanter plus tard comme baryton.»
Justement son rôle préféré est celui du baryton dans Mac Beth de Verdi : « Je trouve que les airs sont les plus beaux qui soient. »

Josep Calleja sera en concert au festival de Peralada en Catalogne

On comprend que l’envie de Joseph Calleja est de durer. Il estime qu’il a eu de la chance de commencer comme professionnel en 1997, quand la communication n’était pas instantanée. Il y a 22 ans, ça peut paraître lointain, mais en deux décennies, le monde a changé : « Il n’y avait pas Internet ou les vidéos. Maintenant tout va très vite on est dans le star system, au risque de casser la longévité de la voix. Je pense que c’est un problème pour les jeunes chanteurs. J’ai eu la chance pendant cinq ans de chanter sans être exposé ; j’ai pris le temps de faire les choses lentement. Je suis adepte des méthodes lentes et puis notre instrument, c’est la voix. Si on n’a plus de voix, on ne peut plus gagner d’argent. »
C’est le genre de conseils que donne Joseph Calleja aux artistes qui sont soutenus par sa fondation : « Elle a cinq ans cette année, j’avais 36 ans et j’ai pensé qu’il fallait aider les jeunes talents chanteurs ou acteurs. » Il déclare que 70 artistes ont pu bénéficier mais aussi 2000 jeunes sur l’île de Malte pour leur faciliter l’accès à la culture.
Cette générosité il estime qu’elle est sans doute en lui, mais qu’elle lui a été transmise par ses pairs et mentors : « Je ne vois pas pourquoi j’attendrais plus longtemps avant d’entreprendre. Et puis, j’ai le respect de mes ainés. Mon vieux maestro m’a transmis sa générosité. Il avait travaillé avec Tito Schipa. La voix c’est comme le bon vin, on doit la protéger pour qu’elle s’améliore. »
Le vin, Joseph Calleja s’en sert comme élément de comparaison : « A Malte, on aime bien le saint-émilion et les bordeaux, mais en général les vins français. Pour la voix, ce n’est pas très bon. Mais j’aime bien déguster un cru de temps en temps et comme l’été je coupe par des vacances de trois semaines, j’en profite plus. Le corps a besoin de couper aussi et c’est le moment pour apprendre, mais un verre de vin pendant les vacances, c’est possible. Malte a beaucoup de liens avec la France, que ce soit pour le vin donc mais aussi avec les Chevaliers de l’Ordre de Malte. »
De la France, Joseph Calleja se laisse imprégner de son histoire patrimoniale ou lyrique : « Quand j’ai chanté aux Chorégies d’Orange, j’ai senti le poids du théâtre antique et de l’Histoire. Je suis allé visiter Avignon aussi et cet été je vais chanter au festival d’Aix-en-Provence. Ce sont des endroits chargés d’histoire.»

Bruno ALBERRO

La vidéo de Joseph Calleja

Où entendre Joseph Calleja ?