Elle était l’an passé à l’affiche de l’opéra Méfistofele de Boito aux Chorégies d’Orange, elle dansera Le Bourgeois gentilhomme de Lully à Montpellier au mois de juin. Si maintenant Maya Kawatake-Pinon vit à Bordeaux, elle n’a pas oublié que ces trois dernières années, elle a résidé à Avignon, port d’attache de sa vie de saltimbanque.
A lire son nom, on comprend bien que Maya Kawatake-Pinon se partage entre deux mondes, le Japon de son père et la France de sa mère. Le voyage sera un mot qui reviendra souvent dans la conversation : « J’ai créé ma propre identité en prenant dans les deux cultures. Je suis pour la liberté individuelle dans la tolérance de l’autre. Au Japon, où tout est très codé, je suis un peu rebelle. J’aime discuter avec les gens pour qu’ils ne s’enferment pas dans ces codes là.  Mais en fait dans une société, ou dans un monde codé, là où la pudeur est présente, il y a toujours un espace de liberté, même s’il est très petit, il faut le trouver. C’est comme dans la danse, aussi.»
En France, les relations lui semblent plus simples : « C’est plus facile pour moi puisqu’ici l’individualisme prime. L’espace de liberté est plus une question de langage qu’un cloisonnement culturel et nationaliste.» 

La danseuse maya Kawatake Pinon se ra à Montpellier Pau et Versailles dans une nouvelle production du Bourgeois gentilhomme de Lully.

La danseuse Maya Kawatake-Pinon sera à Montpellier Pau et Versailles dans une nouvelle production du Bourgeois gentilhomme de Lully.

Maya Kawatake-Pinon préfère voyager entre de deux Histoires, une façon chorégraphique de faire le grand écart entre le Pays du soleil levant corseté par endroits et l’Hexagone individualiste : « On ne se rend pas compte tout de suite qu’on voyage entre deux univers, pour malaxer, fouiller et sculpter son paysage artistique. »
Sa littérature est issue du classique dit-elle, d’une forme nippone ou de tradition des ballets baroques. «Tout vient de la musique, mon père est mélomane », glisse Maya Kawatake-Pinon en rappelant les concerts ou les sorties musicales : « Chez moi, c’est la musique qui m’apporte le mouvement, la musique qui fait bouger le corps. Il bouge librement avant que l’enfant ne connaisse la rythmique de la marche. »
Si Maya Kawatake-Pinon est de double culture, elle voit la France de la danse coupée en deux : « Je remarque que le Sud préfère les formes classiques de la danse, alors que la danse contemporaine est plus présente dans le Nord. On constate qu’il y a beaucoup de ballets au Sud. Même Preljocaj, c’est classique. »
Elle-même avait une compagnie jusqu’en 2013. Elle pourrait bien renaître si son projet aboutit. Maya Kawakate-Pinon restera discrète quant son contenu. Elle confiera seulement que ses deux pays seront unis par une chorégraphie : «Jeune, j’ai pratiqué la danse classique japonaise, j’ai demandé pleins de conseils. Je dis qu’il y a un langage similaire dans la danse classique avec des éléments des deux formes. Je créé des choses qui se relient entre les deux pays. »
Un voyage à pas comptés.

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Nikos Koutantos

Où voir danser Maya Kawatake-Pinon ?

  • Du 7 au 9 juin Dans le Bourgeois gentilhomme de Lully au Printemps des Comédiens, à Montpellier de Jérôme Deschamps et dirigé par Marc Minkowski le 7 juin ;
  • Le 14 et 15 juin au Théâtre Saint Louis, à Pau ;
  • Du 19 au 23 juin à l’ Opéra Royal de Versailles

Renseignement à Maya Kawatake-Pinon