Le festival de l’Abbaye aux Dames à Saintes est devenu au fil de ses éditions un nom dans l’univers de la musique baroque.  Cette année les rencontres proposant quelque trente concerts s’étaleront du 12 au 20 juillet. Dans cette direction bicéphale, Stephan Maciejewki régit la partie l’artistique alors que Odile Pradem-Faure assure la direction générale de l’association culturelle pour gérer un budget de 2, 8 millions d’euros.

Au label Abbaye aux Dames il faut ajouter Cité musicale, pour être plus juste et être lien avec l’esprit du festival éponyme de Saintes que mène Odile Pradem-Faure, directrice générale des lieux. Le festival de musique affiche quelque 30 concerts pour cette prochaine édition qui se tiendra du 12 au 20 juillet, avec comme trait d’union entre toutes les éditions, des cantates de Jean-Sébastien Bach.
Odile Pradem-Faure perd le souci de la partie artistique, confiée à Stephan Maciejewki. Le sien est de boucler un budget de 2,8 millions d’euros : « Nous avons 50 % d’argent public alors que notre autofinancement provient de la billetterie, du mécénat, de la boutique  et nous avons un hôtel de trente chambres. »
Nonobstant les diminutions générales des subventions institutionnelles un peu partout pour la Culture, celles de l’Abbaye Notre-Dame se maintiennent : « C’est parce que nous nous inscrivons dans un cercle vertueux en faisant des efforts quant à l’autofinancement. Cette politique de recherche de mécénat a été mise en place au cours des années 2009-2010. Nous avons créé un poste en interne. On se doit d’être vigilant sur l’argent public. On se doit de nous développer.»
Odile Pradem-Faure se propulse dans dix ou quinze ans et joue les devineresses : « C’est de plus en plus dur de trouver de l’argent public. Avec le virage du libéralisme pris, le paysage culturel d’ici une ou deux décennies ne sera plus comme aujourd’hui. On voit déjà à l’œuvre les fondations et leur inclusion dans la culture, qui de plus en plus se privatise. Dans quelques années, je vois la disparition des orchestres nationaux qui porteront le nom de grandes marques, comme ça se passe dans les pays de l’Amérique du nord. »
Pour Odile Pradem-Faure, ce qui se dessine pour la diffusion de la musique classique est contraire aux discours convenus pour la populariser : « Je ne nie pas les efforts en faveur des jeunes en particulier, mais ça ne représente que quelques pour cents de la population, alors qu’on sait tout le bienfait de la musique. On devrait concevoir l’apprentissage de la musique et sa pratique comme le sport. Mais ce n’est pas le cas. »
Odile Pradem-Faure loue toutefois le travail réalisé dans les écoles saintaises où 250 élèves de primaires se sont inscrits au conservatoire : « On voit que les efforts sur le terrain paye et que ça fonctionne quand un premier cycle de musique est obligatoire. »
Ceci dit, il y a une saison à bâtir et que c’est de plus en plus difficile : « Si on veut être exigeant, on ne peut pas retenir trente-cinq artistes régionaux. On doit aussi attirer des noms européens. Les cachets n’augmentent pas mais les frais annexes oui, que ce soit l’hébergement ou les transports. »
Même si elle ne décide pas la partie artistique, Odile Prabem-Faure constate que la nouvelle génération d’artistes pousse plus loin que la précédente ses recherches avec un gros travail de musicologie : « Etrangement, les jeunes artistes peuvent associer la musique baroque et des œuvres contemporaines. Cette nouvelle approche a permis aussi de renouveler le public.  C’est vrai que c’est encourageant de voir de nouvelles têtes, car depuis que le festival a commencé, nous perdons au fil des ans, une partie de notre public fidèle. »
Odile Parbem-Faure rappelle aussi qu’outre des conférences et des rencontres, cette année encore, le lyrique sera d’actualité avec une transcription de Don Quichotte de Massenet par l’Académie de l’Opéra de Paris.

Bruno ALBERRO

 

Photo crédit Sébastien Laval

L’édition 2019 du festival de l’Abbaye aux Dames

  • Du 12 au 20 juillet 2019, 48e édition du festival de l’Abbaye aux Dames à Saintes. Au programme de ces 9 jours, 30 concerts, des conférences, des répétitions publiques.

Renseignement à l’Abbaye aux Dames