Mercredi 29 mai à 20h30, Thierry Malandain sera avec son ballet à Avignon où il donnera Noé à l’Opéra Confluence.

Cette création date de deux ans et au fil des tournées et des représentations, elle s’est adaptée à la configuration des lieux ou des absences forcées au sein de la compagnie, pour blessures ou maladies, comme cette semaine où deux danseurs sont blessés. De nombreux chorégraphes laisseraient néanmoins le soin de la tournée à des assistants, Thierry Malandain assure qu’il préfère être présent aux côtés de ses danseurs.

Si les blessures sont là, c’est un mal pour un bien, Thierry Malandain constate que son ballet est très demandé et de ce fait les organismes des danseurs sont très sollicités : « Ils sont donc plus fragiles. Nous avons cependant une équipe médicale qui suit chaque danseurs, mais la blessure arrive parfois et nous devons adapter le spectacle. Je ne change jamais la chorégraphie car nous n’avons pas le temps. Quand nous ne sommes pas en tournée, on répète la prochaine création et on prépare la prochaine. C’est vrai que certains passages ne me plaisent pas toujours. Je peux modifier à la marge, quelques détails mais pas tout un tableau. »

Thierry Malandain souhaitait une messe pour accompagner le thème de Noé, le nouvel Adam né de l’eau pour redonner la vie, après une fin de monde, le nôtre sans doute : « Je voulais une musique sacrée. La messe de Rossini dure une heure, ce qui correspondait à la durée d’une création, et elle est à la fois religieuse et très opératique. »

Après plusieurs décennies de recherche dans toutes les formes artistiques, la danse aussi revient à des formes intemporelles. Le chorégraphe et directeur du Centre chorégraphique national de Biarritz se réjouit que le temps a fait son effet et qu’il est invité maintenant dans des salles qui l’ont quelque peu boudé les années antérieurs : « On avait souvent des idées toutes faites sur le ballet de Biarritz et sur moi ; On écoutait les critiques sans même avoir vu ce que je faisais. Avec le temps, nos détracteurs sont revenus sur leurs idées et nous invitent maintenant. Ça me semble positif.»

Ce qui tendrait à montrer que les chorégraphes dits néo-classiques étaient en avance : « Je ne dis pas ça cependant, ce serait réducteur. Mais sans doute que nous n’avions pas torts. Ma démarche est accessible pour le grand public, ça ne signifie pas qu’elle est simpliste. On voit qu’au théâtre de Biarritz, nous n’avons pas besoin de pub pour remplir ses 1400 places, et ça depuis 20 ans. La danse, dite élitiste, n’est pas mon langage. Je peux le faire et composer une suite de mouvements. Ce n’est pas la danse qui fait venir les gens et les garder, souvent la danse rebute le public qui se dit : ce n’est pas pour moi, je ne comprends rien. Je compare la danse à un musée de peintures. Le public n’arrive pas directement à la salle de l’art contemporain. Au premier étage, il y a les primitifs, puis la renaissance puis le XVIIe jusqu’à aujourd’hui. Ce qui permet au public de comprendre l’évolution de la peinture et comment on en est arrivé à des formes d’aujourd’hui. Pour la danse, c’est pareil, une progression est nécessaire pour comprendre. »

D’aucuns voient la France des ballets au sud et celle très contemporaine au nord, Thierry Malandain corrige cette analyse : « C’est plus une découpe politique  que sociologique. Je pense que le public du nord est frustré qu’il n’y ait pas plus de ballets dans ces régions. »

Bruno ALBERRO

 

Photo Crédit Fred Néry / Yocom

La vidéo de Noé

Où voir Thierry Malandain 

  • Le 29 mai à 20h30 à l’Opéra Confluence du Grand Avignon, Noé chorégraphié par Thierry Malandain, du Centre chorégraphique national de Biarritz, sur une musique de Rossini, dans les costumes et décors de Jorge Gallardo et sous les lumières de Frédéric Mannaert ;
  • Du 1er au 6 juin, Marie-Antoinette, une création 2019 à la Gare du Midi à Biarritz ;
  • Le 17 juillet, Cendrillon à Bayonne ;
  • le 26 juillet, Noé au Festival de la Porta Ferrada à Sant Feliu de Guíxols ;
  • Du 31 juillet au 3 août, Marie-Antoinette au Teatro Victoria Eugenia de San Sebastián ;
  • Les 7, 8 et 9 août à la Gare du Midi à Biarritz.

Renseignement à l’Opéra du Grand Avignon.