En septembre, le soprano Manon Gleizes abandonnera la rade de Toulon pour l’envoler vers Helsinki où elle intègrera l’Académie Sibelius.
Deux ans en Finlande, ça se prépare, glisse le soprano toulonnais Manon Gleizes. Déjà quant à l’aspect vestimentaire. Bien que la jeune cantatrice ne fasse pas ce bond vers le nord en une seule fois, elle y est allée progressivement, d’abord en montant au Conservatoire de Lyon, maintenant elle est à Londres le temps d’adapter sa garde robe. « Mon adaptation est progressive et puis l’adaptation fait partie de notre métier. Quand je suis allée passer l’audition, il faisait moins cinq et on m’a dit que normalement il pouvait faire moins dix degrés », s’amuse la jeune femme.
Manon Gleizes assure qu’au moins où elle est, elle ne craint pas les conséquences du Brexit : « Je n’ai pas fini de tout découvrir et je ne suis pas l’actualité en permanence, mais nous sommes assurés de pouvoir terminer nos études. Nos contrats seront honorés. Londres est une ville très étudiante et elle fait attention aux étudiants étrangers. »

Le soprano Manon Gleizes s’envolera pour l’académie Sibelius à Helsinki
Ceci mis à part, Manon Gleizes attend beaucoup de ce prochain séjour dans les brumes nordiques, qui au prime abord l’inspire : « C’est une formation atypique avec plusieurs productions. C’est un compromis entre la pédagogie classique et la scène. Après Helsinki est une ville où il y a beaucoup d’étudiants car tout le système scolaire est gratuit, tout le monde a les mêmes chances sans la barrière de l’argent. Il faut toutefois que je me loge. Sans le soutien de la famille ce serait difficile. J’ai la chance d’avoir des sponsors comme la Région Paca, ou le club Soroptimist et j’ai le soutien de la Drake Calleja trust. Cette aide m’a permis de participer à un concert à Londres le 15 mars, d’être filmée par des professionnels. J’ai la chance d’être épaulée, d’avoir déjà des cachets, d’avoir pu donner des cours. Sinon, ce serait très compliqué. Ce qui explique que de jeunes chanteurs arrêtent le métier, car sans soutien au début de carrière, c’est difficile de tenir financièrement. »
Manon Gleizes mesure aussi que la voix seule se suffit plus aujourd’hui pour faire carrière : « Personnellement, je me fiche du regard des autres. Je pense qu’en montrant sa passion vocalement on arrive, si on dégage une bonne énergie sur scène, on y arrive. Les qualités vocales font oublier le physique. Chanteur nécessite du caractère ; ça va, je suis un peu tête de mule. Mais c’est important aussi d’avoir une capacité d’écoute. L’écoute, l’observation, le lâcher-prise, même si ça peut prendre des années, font partie du métier. Chaque voix est unique. L’artiste lyrique a une part de responsabilité, il doit être crédible dans la psychologie du rôle. Il y a deux options pour faire ce métier, la mienne est de durer, d’autant que j’ai une voix large et qu’elle ne pardonne rien. »
Pour durer, il faut prendre son temps, celui du mûrissement de la voix.
C’est le pari engagé de Manon Gleizes.
La vidéo de Manon Gleizes
Où entendre Manon Gleizes ?
- Le 20 juin à The Guildhall School of Music and Drama Londres
Renseignement à Manon Gleizes