Philippe Hersant pose un regard sur la musique aujourd’hui. Il revient aussi sur ses premières années de compositeur, avouant faire partie des auteurs qui ont fait un virage à 180 degrés au fil des années : « Au début, j’écrivais dans ce courant contemporain où la musique était complexe. Mais en fait ce que je faisais ne me plaisait pas. Jusqu’au jour, vers trente ans où j’ai eu un déclic et j’ai décidé de composer des choses qui convenaient à mon oreille. Je me suis dit ou tu écris ce dont tu as envie, ou tu arrêtes car ça n’a pas de sens. »
Il glisse que la décision de prendre ce virage n’a pas été acceptée facilement par son ancienne tutelle radicale : « Je ne peux pas écrire sans faire référence au passé, on ne peut pas couper avec lui en tout ça, ce n’est pas ma voie. Ce n’est pas si facile d’être soi-même.»

Philippe Hersant est compositeur il a chois à trente ans d’écriture ce qu’il lui plaisait d’entendre. Portrait A Yanez
Philippe Hersant ne se cache pas derrière son petit doigt et cette production musicale singulière : « C’est une période où le public a été délaissé. Ce qui explique aujourd’hui pourquoi les compositeurs de la seconde partie du XXe siècle ont été si peu joués et que le public est retourné vers les pièces du répertoire. Au début du XXe siècle, à l’Opéra de Paris, on présentait 15 opéras contemporains pour un seul du répertoire. Aujourd’hui, c’est l’inverse. C’est un fait que durant un demi-siècle, on s’est coupé du public. La musique contemporaine intéressait 0,1% des gens. Ce courant de recherche a touché tous les arts. Ce qui explique que le public se soit détourné de la musique contemporaine pour aller vers la pop ou le rock ou une autre musique. C’est en train de changer. On se rend que dans les programmations on voit de nouvelles compositions. Quand elles sont expliquées au public, il adhère.»
Sans compter que des pièces ou des œuvres ont été jouées peu de fois : « J’ai de la chance que mon opéra Le Château des Carpates ait été donné une quinzaine de fois, mais d’autres une seule fois, et pas en France. Si le directeur ne fait pas de co-production, c’est difficile ensuite de reprendre un ouvrage. Car les maisons d’opéra préfèrent alors proposer une création car sinon, elles ne sont pas à l’origine du projet, ce ne sont pas elles qui ont passé commande aux compositeurs. »
Philippe Hersant rappelle au besoin que les nouveautés et les audaces musicales sont souvent décriées : « Si on se souvient de Carmen de Bizet, son opéra par sa musique et l’histoire de cette bohémienne ont fait scandale à sa sortie, la même chose pour le Sacre du printemps de Stravinsky. Carmen est devenu l’opéra le plus joué dans le monde. »
Philippe Hersant aime travailler avec ses interprètes, pas seulement à leur création, mais en observant ce qu’elle devienne au fil du temps : « Chaque musicien apporte sa vision et donne une nouvelle vie. J’avais écrit un trio pour piano, violon et violoncelle et ma vision a évolué en vingt ans, comme les tempi sont différents. Ce qui est intéressant c’est le rapport entre le compositeur et l’interprète. »
Philippe Hersant ne s’inscrit pas dans la lignée des compositeurs dirigeant leur littérature : « C’est vrai que c’est une tradition jusqu’à Richard Strauss. Ca permettait d’imposer son œuvre auprès du public. Personnellement je préfère écouter de la salle. »
Ce qu’il fera ce lundi 10 juin pour la création du Quatuor n°6 à la Pierre Boulez à la Saal de Berlin et qui sera exécuté par le Quatuor Modigliani.
Photo crédit Ouzounoff
La vidéo de Philippe Hersant
Où entendre des pièces de Philippe Hersant ?
- Le 10 juin, Quatuor à cordes n°6 (Création) par le Quatuor Modigliani à Berlin ;
- Le 10 juin et 2 juillet, Nostalgia à Toulon, par le Chœur de chambre Kallisté, Christophe Ladrette, violon ;
- Le 14 juin La harpe de David (création) au Festival baroque de Froville par le quatuor Nevermind ;
- Le 15 juin, Lully Lullay à Hardelot, par Les InAttendus avec Marianne Müller, viole de gambe, Vincent Lhermet, accordéon ;
- Le 22 juin In exitu Israel (Création) à Lyon ;
- Le 26 juin Kafka dans les villes à Reims par Sequenza 93, direction Catherine Simonpietri ;
- Le 29 juin à Montaigu-le-Blin le quatuor n°5 par le Quatuor David Oïstrakh ;
- Le 9 juillet à La Garde-Freinet (83), Regenlied par l’Ensemble Des Equilibres avec Agnès Pyka, violon, Laurent Wagschal, piano ;
- Le 9 juillet, Les Musicales de Redon présentent Porqué llorax par Elsa Grether, violon, Aurélien Pascal, violoncelle ;
- Le 13 juillet à l’Eglise Notre-Dame de Roscudon au Festival de Pont-Croix, Trio avec David Petrlik, violon, Yan Levionnois, violoncelle et Guillaume Vincent, piano ;
- Le 13 juillet au Festival Les Traversées à Noirlac avec l’Ensemble Les Surprises, direction Louis-Noël Bestion de Camboulas ;
- Le 15 juillet à l’Abbatiale au Festival de Saintes dans La harpe de David par le Quatuor Nevermind ;
- Le 18 juillet à Bruxelles avec Éphémères (intégrale) par Valentine Buttard, piano ;
- Le 21 juillet au festival du Forez avec Onze Caprices par Adrien La Marca, alto et Christian-Pierre La Marca, violoncelle ;
- Le 25 juillet à Coutances avec Stèle par Lucile Vichardo, alto, et l’Orchestre Régional de Normandie, direction Jean Deroyer ;
- Le 27 juillet à Houlgate avec Stèle par Lucile Vichardo, alto, et l’Orchestre Régional de Normandie, direction Jean Deroyer ;
- Le 28 juillet à Epaignes avec Stèle par Lucile Vichardo, alto, et l’Orchestre Régional de Normandie, direction Jean Deroyer ;
- Le 31 juillet au Festival Messiaen au Pays de la Meije avec In exitu israel ;
Le reste du programme est à lire sur la page à Philippe Hersant