Après des études à Sciences Po, Fabienne Conrad est devenue chanteuse d’opéra un peu par hasard. Au théâtre, une autre passion, elle a découvert qu’elle avait aussi une voix chantée. Aujourd’hui, elle défend cet art auprès de tous les publics. Pour la seconde fois, elle participera à Musiques en fête. Une émission de France 3, diffusée le mercredi 19 juin à 20h30 et captée en direct des Chorégies d’Orange qui fête ses 150 cette année.
Fabienne Conrad sait qu’un jour, à la croisée des chemins, elle conjuguera sa formation à Sciences Po et son métier de chanteuse lyrique. L’an passé le grand public a découvert le soprano à « Musiques en fête », l’émission de France 3, diffusée depuis le théâtre antique d’Orange où se jouent les Chorégies d’Orange. Elle y revient cette année pour fêter le mercredi 19 juin prochain les 150 ans du festival lyrique, le plus vieux du monde.
Si elle se consacre pleinement à la scène, et à son art, voire à sa défense, elle n’est pas restée insensible aux décisions politiques au fil de l’actualité : « Peut-être même plus maintenant qu’avant. Nous en discutons avec mes camarades de Sciences Po, je sais qu’un jour je parlerai de la politique culturelle dans notre pays et du travail à faire, car les choses ne se font pas naturellement. Mais pour le moment, tout mon temps est réservé à la scène. »

Le soprano Fabienne Conrad chantera Norma de Bellini à partir du 18 janvier avec la première au théâtre de Douai
On l’a compris, Fabienne Conrad n’a pas consacrée toute son enfance à la musique ou à perfectionner l’art lyrique, elle raconte que c’est même par hasard qu’elle a découvert vocalement l’opéra. Par le théâtre qui l’a conduite à chanter dans la comédie musicale de Wide side story. Dans la salle, sa voix a été repérée : « On m’a demandé si je ne voulais pas apprendre l’opéra. J’avais un frein avec l’opéra, basé sur des idées toute faites. J’en avais une image un peu surannée. »
Fabienne Conrad franchit le Rubicon des à-priori. Elle sait bien que la technique est importante, mais formée au théâtre parlé, elle sait aussi que la technique que sans émotion ne traduit pas les états d’âme des personnages. Sa formation au théâtre l’a aidée à descendre dans les tripes de ses personnages : «On peut s’appuyer sur son vécu personnelle pour retrouver des émotions, mais on n’est pas obligé d’être maman pour interpréter Norma. On a tous des enfants autour de soi, on a été enfant aussi et on voit les mamans agir. On peut puiser dans la vie réelle pour exprimer l’amour, la haine la colère ou la fantaisie. Mais aussi dans le texte. Si on parvient à faire remonter cette émotion alors on peut dire que c’est réussi. Car aujourd’hui, l’opéra c’est d’allier le comédien et le chanteur. L’opéra est l’art complet car souvent on ajoute encore de la danse.»
Norma, le rôle titre de l’opéra de Bellini qu’elle prépare justement et qu’elle chantera en tournée à partir du 18 janvier avec la première au théâtre de Douai.
Une partition réussie pour Fabienne Conrad, c’est de parvenir à tisser un fil d’émotion entre le chanteur et le public : « On se sent suspendu à ce fil et quand le public réagit à la moindre inflexion c’est qu’on est parvenu à faire corps avec les sentiments. C’est le rôle du chanteur de s’approprier son personnage.»

Fabienne Conrad n’a pas oublié ses années à Sciences Po pour parler politique culturelle. Photo ©ChristineLedroitPerrin
Est-ce que le public ne vient pas aussi écouter la version qu’il chérit entre toutes ? « C’est vrai que ça existe, on espère retrouver son disque ou retrouver l’émotion quand on a découvert cet ouvrage et qu’il nous a touchés. Mais le public peut aussi se laisser porter parce qu’il entend sur le plateau et avec la vision du metteur en scène. »
Pour Fabienne Conrad, tous les acteurs de l’opéra doivent s’investir à promouvoir cette forme artistique et pour elle, les réseaux sociaux sont devenus indispensables : « Ils font partie de notre vie et on doit vivre avec notre temps, sans devenir pour autant hystérique. »
Et puis les nouvelles technologies aident à réduire la solitude de l’artiste proche du public et éloigné des siens. Les nouvelles techniques de communication raccourcissent l’éloignement, ajoute-elle : « De ce côté là, le métier a changé et il y a beaucoup de possibilités pour être proche des siens et la technologie permet un équilibre dans sa vie privée. Aujourd’hui, la solitude est différente, ce n’est pas une solitude réelle, mais elle est parallèle. Quand on est en production, on est ensemble pendant un mois avec nos collègues. On est aussi dans un rôle, avec une relation physique, tactile. Et le personnage nous habite. Parfois, on me fait remarquer qu’il déteint sur mon comportement quand je suis en relation avec des personnes de mon entourage.»
Cet amour du théâtre chanté, Fabienne Conrad est prête à la partager autrement que dans une relation distante de l’artiste vers le public. Son expérience personnelle et sa relation tardive avec l’univers opératique invite le soprano à aller à la rencontre des publics et plus particulièrement des jeunes publics. Fabienne Conrad applaudit des deux mains toutes les initiatives en faveur des scolaires : « Si un enfant de huit ou dix ans s’est senti ému au cours d’une représentation, ce sentiment le suivra toute sa vie. C’est important que nous, chanteurs, musiciens, responsables, travaillons au public de demain. »
Photo de Une ©Christine Ledroit-Perrin
La vidéo de Fabienne Conrad

Le soprano Fabienne Conrad chantera la IXe de Beethoven à l’Opéra de Massy au mois de mai. Photo crédit Alexandre Icovic / Parfum de films.
Où entendre Fabienne Conrad ?
- Le mercredi 19 juin aux Chorégies d’Orange dans le cadre de Musiques en fête.
Renseignement à Fabienne Conrad