Le soprano Erminie Blondel a enregistré un CD pour le Forum Voix Étouffées sorti au printemps où sont gravées des pièces de Laks, Saguer, Ullmann, Kowalski, Weber, tous victimes du nazisme. Pour la première fois, elle participera à Musiques en fête. Une émission de France 3, diffusée le mercredi 19 juin à 20h30 et captée en direct des Chorégies d’Orange qui fête ses 150 cette année.

Erminie Blondel est cours en enregistrement d’un CD. Crédit L’oiseleur photographe
Erminie, ou la petite ermine, un nom arrimé à la Bretagne. Le soprano Erminie Blondel se partage entre deux mondes, séparés par l’océan Atlantique. Elle raconte qu’elle vit aussi bien aux Etats-Unis, le pays de sa mère, qu’en France celui de son père. La douceur de son prénom provient de celui de la nourrice créole de sa mère. Pour sa formation lyrique, Erminie Blondel dit profiter des deux enseignements : plus technique en France et en Europe, plus pragmatique côté américain : « Ce n’est pas la même approche, mais elles sont complémentaires. Avec Cynthia Jacobi, ma professeur de chant en Allemagne, on travaille plus dans le concret. »
Bon sang ne saurait mentir, Erminie Blondel glisse que son arrière grand-mère était chanteuse d’opéra : « Elle incarnait Aida ou Madama Butterfly, ce n’est vraiment ma voix. Je me sens bien dans le rôle de Violetta (La Traviata de Verdi) ou Pamina (la Flûte enchantée de Mozart). »
Cet opéra du divin autrichien la suit depuis l’enfance. N’est-ce pas en suivant cette littérature qu’Erminie a décidé que le chant serait sa vie et qu’elle y consacrerait son énergie. Quant à Violetta, Erminie Blondel aime ce personnage : « Fière de sa beauté, elle en est arrogante et puis doucement elle se modifie en allant vers la mort. J’aime ses personnages qui ont de la substance. »
Son rêve opératique est double. L’un réalisable quand une maison lui proposera Norma, du rôle éponyme de l’opéra de Bellini. L’autre, ce sera plus compliqué, voire impossible, avec son rêve caché d’incarner Sarastro, le personnage masculin de… La Flûte enchantée. Comme on revient à Mozart quand Erminie Blondel évoque son rapport avec la foi : « Ce sont les Vêpres solennelles d’un confesseur qui m’ont éclairée, surtout l’air du Laudate dominum qui m’a transportée. Je suis devenue croyante. »
On peut le comprendre c’est un sujet peu abordé entre confrères de scène : « Ce n’est pas quelque chose que l’on dit spontanément. En tout cas j’y trouve de la force.»
La sérénité, Erminie la trouve dans la méditation qu’elle pratique et dans l’usage de la parole positive. Cela l’aide à suivre son chemin qu’elle trouve difficile : « Il faut réunir trois choses : le talent, le travail et la chance. L’un sans les deux autres, ça ne marche pas.»
Si le soprano lyrique se dit heureuse de son parcours, elle se dit que le temps avance, et qu’il est temps que les choses avancent avant que le temps n’avance trop vite.
Elle ajoute qu’elle est contente de soi, une formule qu’elle préfère à celle de contenter les autres : « Je pense qu’il est important de se respecter. On ne peut pas chercher à plaire uniquement, sinon on n’est pas vrai. Il faut montrer ce que nous sommes réellement. Ce n’est pas parce que nous avons des aigus qu’on peut chanter l’air de la Reine de la nuit. »
Erminie Blondel a choisi de rester elle-même et d’avoir foi. Au moins en elle. Et puis, elle porte sur elle un gri-gri : l’alliance de son arrière grand-mère, la chanteuse lyrique. Que pourrait-il lui arriver de fâcheux?
Où entendre Erminie Blondel ?
Le mercredi 19 juin à 20h30 en direct du théâtre antique aux Chorégies d’Orange ou sur France 3.
Renseignement à Erminie Blondel