La soprano allemande Alessia Schumacher sera en concert le vendredi 21 juin à l’invitation des Musicales du Luberon en Vaucluse. Francophile, elle évoque aussi la musique et les arts qui devraient être hors du temps et franchir les frontières.

Le soprano allemand Alessia Schumacher aime la France ses musiques, ses paysages. Francophile certainement, elle s’amuse à dire que chaque concert en France lui permet de parfaire son français sans l’avoir appris à l’école. Au fil de la conversation Alessia Schumacher s’excuse de chercher ses mots et de trouver le mot le plus juste qui traduit sa pensée.

La soprano allemande Alessia Schumacher sera en concert aux Musicales du Luberon

La soprano allemande Alessia Schumacher sera en concert aux Musicales du Luberon

Elle sourit souvent, jubile aux questions posées, rit quand on lui demande de choisir car sa réponse est inévitable : J’adore. Si on lui parle d’art, elle préfère tout la peinture la sculpture, la musique. On lui demande une période, elle préfère le médiévale, la Renaissance, le baroque, le classique, le romantisme… Elle prend tout avec délice, même si elle cite en tout premier Rubens pour le mouvement : « J’aime beaucoup les impressionnistes et les expressionnistes. » Ne la croyez pas ingénue pour autant, à tout admirer avec la même ferveur. Même si les propos sont mesurés, Alessia Schumacher argumente ses discours, surtout quand on parle de politique culturelle. Encore plus avec les élections des députés européens dernièrement : « L’Europe, c’est très important pour moi. Je constate que dans mon pays comme en France, la culture n’était pas dans les discours, on a parlé immigration et des problèmes. Il me semble que si on veut unifier l’Europe, ce serait justement par la Culture, c’est une chance unique que nous devrions saisir. On ne doit pas oublier que de tout temps les artistes ont franchi les frontières. Peut-être devrions nous dire quand on joue une composition de Chopin, Mozart ou Mendelssohn qu’elle a été écrite en Italie, en France, en Angleterre ou en Allemagne. Cela n’empêche pas que chaque pays a sa propre culture. »

La soprano allemande Alessia Schumacher sera en concert aux Musicales du Luberon

La soprano allemande Alessia Schumacher prône une Europe de la Culture avec l’art comme langage.

Alessia Schumacher y voit un problème d’ouverture des mentalités et dans les pensées : « L’art est un langage universel ; il s’adresse à tout le monde sans parole. La culture, que ce soit la musique, la philosophie ou le théâtre, permet des rencontres entre les différents pays. Rencontre des publics mais aussi d’artistes, ces rencontres sont sources d’inspirations et de richesses. Je le ressens quand je chante en France, en Italie ou en Espagne. Je trouve que c’est important d’avoir des conversations avec des gens et de ne pas avoir le nez sur le portable. On se nourrit de l’autre et des relations interpersonnelles. »

Alessia Schumacher suit avec la philosophie son chemin de vie, elle ne se destinait pas à devenir chanteuse lyrique. Dans sa famille de musiciens, elle avait choisi le violon, il est vrai que c’est l’instrument de l’âme. Mais voilà, son corps en a décidé autrement : « Le violon, c’est mon grand amour mais je suis née avec un problème physique je n’ai pas pu continuer comme je le souhaitais. La vie ne s’arrête pas là, il y a toujours des choses à découvrir et à faire. Un jour une chanteuse d’opéra m’a déclaré que j’avais une voix. La voix est aussi l’instrument de l’âme. Il n’y en a aucune d’identique, chacune a sa personnalité. Je pense que chaque personne a du talent à découvrir. Il faut suivre les voies des choix possibles et voir où la vie nous amène. Il n’y a pas de vie idéale, on doit accepter ce que la vie nous donne. »

Quand on lui demande quel instrument vocal, elle aimerait développer. On la pourrait imaginer plus proche de Callas que de Tebaldi, Alessia Schumacher décide que ce n’est pas un choix à faire : « J’aimerais posséder la technique de Tebaldi, et avoir l’engagement et la passion de Callas. » Puis, après quelques secondes de silence, elle suggère : « J’aimerais le legato de Caballé. J’adore cette voix directe et sincère. J’aime la sincérité. »

Quand on lui fait remarquer que les noms cités appartient à l’ancienne génération, Alessia Schumacher s’en régale, elle qui a fait des études d’histoire de l’art : « Elles ont pris le temps. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui où tout doit aller vite. Il faudrait cinq ans pour apprendre un rôle, comprendre l’époque et l’histoire du moment pour étoffer notre personnage et le développer. J’ai vu une chanteuse de 64 ans dans le rôle de Traviata de Verdi, c’était incroyable. »

Bien que jeune, elle pose sa voix pour déclarer qu’elle n’a pas peur de vieillir : « Je crois qu’il y a quelque chose de beau et de noble à vivre sa propre vie et d’accepter les changements. Vivre c’est notre richesse parce que le théâtre parlé ou chanté, ce n’est pas le cinéma, la vérité est ailleurs, dans le jeu et dans la voix. »

Quand on lui fait remarquer que c’est peut être plus facile à dire ça pour elle vers qui les bonnes fées se sont penchées en lui donnant cette jeunesse et  ce physique : « Je suis persuadée que le plus important est quand même ce que nous avons à dire. »

Bruno ALBERRO

 

La vidéo d’Alessia Schumacher 

Où entendre Alessia Schumacher ?

  • Le 22 juin à 19h30 en trio en Ardèche, France ;
  • Le 29 juin à 17 heures dans un spécial Haydn au Liebhabertheater Schloss Kochberg ;
  • Les 13 et 14 juillet  dans un spécial Haydn au Liebhabertheater Schloss Kochberg ;
  • Le 10 août dans un concert spécial Haydn au Liebhabertheater Schloss Kochberg ; 
  • Le 31 août dans un concert spécial Haydn au Liebhabertheater Schloss Kochberg ;

Renseignement à Alessia Schumacher